mardi 30 septembre 2008

Excès et dérapages possibles dans la gestion des églises

Auteur: Pierre-Alain Giffard

Pour arriver à leurs fins certaines églises ou certains mouvements chrétiens peuvent en arriver à utiliser des moyens offensant la dignité humaine, entravant l’actualisation de leurs membres et donner finalement aux communautés chrétiennes des allures de sectes. Une plus grande conscience des dérapages possibles dans la gestion des églises peut permettre aux responsables des églises d'éviter ces erreurs avant qu'elles n'arrivent.

Parmi les différents excès et dérapages il y a :

L’élitisme et l’arrogance

✓ Croire et faire croire, explicitement ou implicitement, aux membres de la communauté chrétienne que l’ap-proche pastorale, missionnaire ou organisationnelle adoptée est la meilleure.
✓ Montrer une attitude méprisante, hautaine ou défiante face aux autres approches et organisations d’Église.
✓ Répondre par la défensive à ceux qui, à l’intérieur ou l’extérieur du groupe, questionnent ou critiquent les pratiques de la communauté chrétienne et se montrer fermé aux autres points de vue.

Le contrôle et la surveillance

✓ Contrôler les relations des fidèles avec l’extérieur. ✓ S’immiscer dans les affaires personnelles des membres.
✓ Demander aux fidèles de se dénoncer mutuellement. ✓ Surveiller les membres.
✓ Faire planer la menace de damnation, de rétribution divine ou de divers malheurs envers les membres qui veulent quitter l’Église.

La censure et l’isolement

✓ Contrôler l’information reçue par les membres (lec-tures, films, télé, radio).
✓ Empêcher ou décourager les membres d’aller chercher conseil ailleurs que dans la communauté chrétienne.
✓ Bloquer, écarter ou « éliminer » la dissidence ou l’opposition.
✓ Empêcher ou décourager les membres d’interagir avec ceux qui, par eux-mêmes ou par la volonté des responsables, ont quitté le groupe ou la communauté chrétienne.
✓ Encourager la rupture avec les personnes qui cri-tiquent le mouvement ou la communauté chrétienne, même s’il s’agit des membres de sa famille.
✓ Répandre des calomnies, des mensonges ou des fausses interprétations concernant les autres organisations et mouvements de manière à garder ses fidèles.

L’autoritarisme

✓ Demander la soumission totale des membres aux autorités de la communauté chrétienne.
✓ Considérer comme des rebelles ceux qui ne pensent pas comme le pasteur ou les autres responsables de la communauté chrétienne.
✓ Permettre ou encourager l’adulation et/ou l’idolâtrie du leader.
✓ Diriger davantage par manipulation (pressions, menaces, obligations, culpabilités, chantages, colères, promesses non tenues, avantages malhonnêtes) que par inspiration (amour, exhortations, invitations et exemples personnels).
✓ Prendre des décisions pratiquement seul, sans tenir compte des conseils de son entourage ni de sources extérieures.

La pensée sectaire

✓ Minimiser la valeur des obligations familiales, du travail et des études en faveur des activités de la com-munauté chrétienne.
✓ Mépriser ou nier la valeur du monde séculier et du bien qui s’y fait.
✓ Interpréter la vie humaine en termes simplistes et sans nuances : « noir et blanc », « bons et méchants », « damnés et sauvés ».
✓ « Sataniser » le monde.
✓ Vivre et répandre une obsession paranoïaque du com-plot et de l’infiltration.

Le légalisme et le fondamentalisme

✓ Demander l’observation à la lettre des prescriptions bibliques et des règlements de la communauté chré-tienne au détriment du bon sens, de l’amour et de la miséricorde.
✓ Mettre l’accent sur la conversion extérieure plutôt qu’intérieure.
✓ Condamner, juger, mépriser ceux et celles qui ne se conforment pas aux mêmes pratiques.
✓ Nier la raison au profit d’une interprétation fonda-mentaliste de la Bible.
✓ Nier le bon sens au profit de l’obéissance.

Manques de jugement et de discernement

✓ Diriger en se fiant à ses sentiments et à ses intuitions sans vérifier les faits et sans utiliser la raison.
✓ Donner à ses inspirations ou à celles de la commu-nauté la valeur de certitudes.
✓ Prendre des décisions en se basant sur ses émotions.

Le leadership charnel

✓ Abuser de la confiance des membres pour assouvir des vices et les désirs de la chair : argent, sexe, pouvoir, contrôle, etc.
✓ Diriger et faire grandir la communauté chrétienne pour nourrir ses ambitions personnelles et recevoir « la gloire qui vient des hommes » (Jn 5, 44).
✓ Appâter les personnes dans la communauté chré-tienne par des promesses de prospérité et de réussite matérielle ainsi que par celle d’appartenir à une élite spirituelle.
✓ Se « servir » des membres pour faire croître la commu-nauté chrétienne plutôt que de devenir soi-même un être de service pour l’Église et le Christ.
✓ Diviser, en répandant le discrédit sur d’autres membres, pour mieux régner…

Fausses conceptions de la grâce

✓ Croire que la croissance de l’Église va s’effectuer uniquement par nos propres forces ou par la simple utilisation des sciences du management.
✓ Croire que la croissance de l’Église va se réaliser uni-quement par la prière et par une vie sainte (vertueuse).
✓ Croire que Dieu va accomplir la croissance lui-même sans notre participation à organiser (gérer) la commu-nauté chrétienne adéquatement.
✓ Mépriser l’utilisation des sciences du management et négliger l’expérience des Églises qui ont connu la croissance.

Cet article se trouve dans le livre : GIFFARD, Pierre-Alain, La croissance de l’Église : outils et réflexions pour dynamiser nos paroisses, Nouan-le-Fuselier, Éditions des Béatitudes, 2012.

Aucun commentaire:

LA CROISSANCE DE L'ÉGLISE