Par Pierre-Alain Giffard
Le père Bod Bedard, fondateur des Compagnons de la Croix, a écrit un très bon livre intitulé L’évangélisation, un défi pour l’Eglise catholique. Il commence par rappeler que la tâche de proclamer le salut est la responsabilité première de l’Église. Elle devrait primer sur tout le reste. Tout chrétien, tout catholique, est appelé par le Seigneur à être un évangélisateur. Malheureusement, nous avons oublié comment faire. Nous avons à réapprendre ce qu’est l’évangélisation et comment elle fonctionne.
L'évangélisation est un processus par lequel une personne entend l’Évangile, l'embrasse pleinement, fait de Jésus le Seigneur de sa vie et
s'engage dans une relation vivante, intime et continue avec Lui. Les gens ont
besoin d’une rencontre authentique avec le Seigneur, une rencontre qui les
touche profondément et qui transforme leur vie. La foi est un don de Dieu, mais
elle exige notre réponse, la décision de suivre le Christ.
Le père Bédard voit l'évangélisation comme un processus en trois étapes.
- Une proclamation de l'Évangile par laquelle la personne évangélisée comprend clairement qu'elle est appelée à remettre sa vie totalement au Seigneur.
- La personne évangélisée est ensuite invitée à prendre la décision personnelle et consciente d'embrasser l'Évangile, de choisir Jésus comme Seigneur, d'accepter le salut et le dessein du Seigneur pour sa vie.
- Une fois que la personne a pris la décision de se placer sous la seigneurie du Christ, Dieu met en oeuvre sa puissance. La réponse de la personne Lui ouvre la porte et Lui permet d’agir en elle pour la transformer de l’intérieure. La personne commence une expérience spirituelle et religieuse authentique. C’est seulement alors qu’on peut dire que cette personne a vraiment été évangélisée.
C'est la participation à un séminaire de la vie dans l’Esprit qui
changea l'approche de ce prêtre en matière d'évangélisation. Il comprit alors
que l’Évangile devrait clairement être présenté comme une invitation à
laquelle il faut répondre de manière à ce que les gens puissent faire
l'expérience de la puissance de Dieu. l’Esprit Saint pourra alors les
transformer, les rendre plus vivants dans la foi et les amener à une relation
intime avec le Seigneur lui-même.
Comme il était enseignant, il commença à présenter a ses élèves l'idée
que Dieu voulait vraiment intervenir dans leur vie et qu'il le ferait si
seulement ils voulaient bien Lui permettre d'agir en eux. Il leur citait le
pape Jean-Paul II: “allez à la rencontre du
Christ. Lui seul est la solution de tous vos problèmes ; lui seul est le
chemin, la vérité et la vie ; lui seul est le vrai salut du monde ; lui seul
est l’espérance de l’humanité.” Puis il continuait en disant que Dieu
était fatigué d'être le spectateur de leur existence et qu'il voulait plutôt
être un participant. Il leur suggérait de donner au Seigneur la chance de se
révéler à eux: Allez à lui et remettez Lui vos vies. C'était une invitation à
un abandon total.
Après avoir enseigné et expliqué la nécessité de dire "oui" à
l'invitation divine, il leur remettait une prière de consécration par laquelle
ils pouvaient exprimer leur engagement personnel envers le Christ. Ceux qui
avaient choisi de le faire (et il leur disait d'y réfléchir longuement et de
prier) étaient invités à une célébration Eucharistique durant laquelle, juste
avant la communion, ils s'avançaient, s'agenouillaient et lisaient la prière.
Vers la fin de l'année scolaire, il y avait aussi une autre Eucharistie
spéciale pour tous ceux et celles qui avaient donné leur vie au Seigneur.
Voici deux exemples de prières qu'il utilisait. Le premier est plus
simple.
Seigneur, je te reconnais comme le Dieu du ciel et de la terre et comme notre Père tout aimant. Merci de nous appeler à la vie éternelle avec toi,
cette vie qui nous est offerte par la mort de Jésus ton divin Fils, que tu as
fait Roi et Seigneur de toute la création.
Seigneur Jésus, je veux te suivre entièrement. Je veux me détourner de
tous mes péchés. Aide-moi. Je te choisis comme le seul Seigneur et Sauveur de
ma vie et je te remets tout - mon corps et mon âme, mon esprit et ma volonté,
mon passé, mon présent et mon futur, mes priorités et mes projets, et tous ce
qui m’appartient. Fait de moi ce que tu souhaites. Viens Esprit Saint, rends ferme
ma décision. Gloire au Père...
La deuxième est un peu plus longue et permet de mieux réfléchir sur
certaines des implications de remettre sa vie à Dieu.
Père, je me place maintenant en ta présence alors que je prends cet
engagement que je crois que ton Fils, Jésus, m'appelle à prendre. Envoie-moi
ton Esprit Saint pour m'aider à prier. Je t'adore comme Créateur, Dieu du
ciel et de la terre, et je veux te rendre toute la louange qui t’est due.
Seigneur Jésus, je veux suivre ton appel. Tu as accompli mon salut, et
celui du monde entier, par l'effusion de ton sang sur ta Croix. J'accepte ce
salut. Tu es mort pour enlever les péchés du monde. Sur ta croix, tu as porté
tous mes péchés, et ton pardon est à ma disposition. Je confesse mon état de
pécheur. J’accueille ce pardon et je pardonne à tous ceux qui m'ont offensé.
Jésus, c'est par amour pour nous tous que tu as donné ta vie. Et tu
l'aurais donnée par amour pour moi seul. J'accepte maintenant cet amour. Je
veux que tu sois le Seigneur de ma vie à tous les niveaux.
Je te donne mon intelligence, ma volonté, mon esprit, mon corps, mes
possessions, mes désirs et mes plans. Je m'abandonne à toi complètement. Je
désire une relation personnelle avec toi en tant que Seigneur et Sauveur. Je te
donne mes soucis, mes inquiétudes, mes peurs, mes blocages, toutes mes difficultés et je te demande de me libérer.
Père, ma foi est faible. Je veux croire, mais les doutes me font
hésiter. Accorde-moi, je te prie, par Jésus, ton Fils, le don de la foi. Balaie
tous mes doutes et donne-moi cette assurance que seul le don de la foi peut
donner. Père, ton Fils, Jésus, a dit que si nous te demandions quelque chose en
son nom, tu nous l'accorderais. Je te demande maintenant au nom de Jésus
d'exaucer ma prière.
À toi toute gloire et toute louange, Père, toute l'adoration et
l'honneur, l'hommage et la bénédiction, et au Fils, et au Saint-Esprit, régnant
avec toi, un seul Dieu, maintenant et pour toujours. Amen.
L'évangélisation fonctionne, sa dynamique est simple. Notre tâche n'est
rien d'autre que de diffuser la Parole et de laisser le Seigneur agir. C'est
lui qui touche la vie des gens et les transforme. C'est vrai, c'est puissant et
ça dure.
Pour le père Bédard, nos prêtres et diacres devraient devenir des
évangélistes en chaire qui appellent les auditeurs à ouvrir leur cœur au
Seigneur et à lui permettre d’agir en eux que comme lui seul le peut. Chaque
homélie devrait être un appel à dire "oui" à la volonté du Seigneur.
Tant que nous ne ferons pas cela, nos catholiques auront tendance à ne pas être
évangélisés et à être des pratiquants occasionnels ou, au mieux, des
spectateurs religieux.
Selon l'expérience de ce pasteur, ce n'est que lorsqu'il a commencé à
évangéliser de cette façon qu'il vit certains de ses élèves touchés par le
Seigneur. Avant cela, la réalité était que beaucoup, beaucoup, d'entre eux
cessaient complètement de pratiquer leur foi lorsqu'ils quittaient
l'école.
Un mot de prudence pour finir : Le père Bédard explique que lorsque nous
évangélisons, nous avons besoin de tact. Toutes les personnes ne sont pas
prêtes à tout moment à entendre la parole du Seigneur. Toutes les situations ne
sont pas forcément faites pour l'évangélisation. Nous devons discerner le
moment propice. Le moment du Seigneur et le nôtre ne sont pas souvent les
mêmes. Ne commettons pas l'erreur de nous imposer et de forcer la porte des cœurs, nous devons plutôt prier pour qu'elle s'ouvre...
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