dimanche 4 janvier 2009

La source de la croissance: le réveil

Auteur: Pierre-Alain Giffard

McGavran souligne que le renouveau est une source importante de croissance pour les Églises. Renouveau, réveil, baptême dans l’Esprit, effusion de l’Esprit Saint sont des termes fréquemment employés dans les Églises de type charismatique ou pentecôtiste. Dans celles-ci, une place majeure et centrale est accordée à l’Esprit Saint et à la foi qui opère des miracles, « le genre de foi qui met en œuvre la puissance de Dieu et qui déclenche des signes et prodiges » (P. Wagner). La dynamique essentielle de ces Églises repose sur la puissance de l’Esprit Saint, explique Wagner. L’exercice des dons spirituels (charismatiques) fait partie de la vie courante des baptisés. Et les pasteurs considèrent comme partie intégrante de leur ministère les manifestations de puissance de l’Esprit Saint.

La mission est davantage vécue comme une volonté de partager la réalité de la présence et de la puissance de Dieu aujourd’hui que comme la poursuite d’une croissance numérique. Ces Églises rappellent que le Saint-Esprit est le protagoniste de la mission et qu’il guide l’Église dans sa mission. Il est descendu sur la communauté des croyants afin de les équiper des dons qui leur permettront de remplir la mission qui leur a été confiée. Il va à la rencontre des personnes évangélisées et les prépare à accueillir la grâce de la foi. C’est lui qui, avec le Christ, proclame, rend présent et communique le mystère du salut annoncé par l’Église. Il s’agit de collaborer avec l’action et la puissance sensible de l’Esprit pour que le réveil et la croissance suivent.

Le réveil est en quelque sorte un retour au livre des Actes des Apôtres. L’évangéliste américain Dwight Moody disait : « Vous recevrez un réveil à la mesure de votre prière. » L’Église primitive et particulièrement la Pentecôte trouvent leur origine dans une réunion de prière.

(Les informations suivantes, sur les églises des pasteurs Jim Cymbala et Tommy Barnett , sont puisées dans le journal Ressources spirituelles, n° 3, Hiver 2002. )

L’Église Brooklyn Tabernacle, dirigée par Jim Cymbala , est une assemblée de plus de dix mille membres. Elle est située dans l’État de New York, dans un quartier difficile  où règnent la drogue, la violence et tout ce que l’on trouve dans les ghettos. Alors qu’elle ne comptait qu’une centaine de membres, Jim Cymbala tomba gravement malade. Dépourvu de santé et d’argent, il dit à Dieu : « Je ne sais que faire. Les uns disent que pour faire grandir l’Église, il faut avoir une vision, les autres disent qu’il faut des cellules de maisons et d’autres encore qu’il faut organiser une école du dimanche. Mais, Seigneur, si tu n’agis pas rapi-dement, nous n’aurons plus d’église du tout […] ; que dois-je faire au point où nous en sommes ? Je n’ai pas d’argent et c’est si difficile dans ce secteur de la ville. »

Le Seigneur mit alors dans son cœur la conviction suivante : s’il faisait supplier Dieu par les membres de son Église, Celui-ci l’assisterait dans toutes ses prédications, s’occuperait des finances et leur enverrait plus de gens que leur église ne pouvait en contenir. Il présenta cette inspiration aux membres de son Église. Ils organisèrent alors des réunions de prière tous les mardis soir et Dieu commença à accomplir ses promesses.

Son église a été déplacée dans un nouveau bâtiment et désormais, la fin des réunions du dimanche (11 heures, 15 h 30, 19 h 30) est consacrée à la prière. Les réunions du dimanche durent entre deux heures et deux heures et demie. Tous les recoins du bâtiment sont nécessaires pour contenir l’auditoire. De la réunion du mardi soir est né un groupe de personnes qui prient à tour de rôle vingt-quatre heures sur vingt-quatre, sept jours sur sept. La prière a pris une telle place dans cette Église que durant les réunions du dimanche, quarante à cinquante personnes prient pour soutenir la prédication du pasteur. Lorsqu’on le supplie, explique le pasteur Jim Cymbala, Dieu ne va pas rester passif et dire : « Non, je ne vous aiderai pas » ! Nous avons trop de gens qui enseignent et pas assez qui prient, dit-il. Il ne nie pas la valeur de l’enseignement, mais il estime que c’est avant tout l’effusion du Saint-Esprit sur les croyants qui est à l’origine du réveil spirituel et de la croissance.

« Quand je considère ce que Dieu a fait au fil des ans, explique le pasteur Cymbala, je constate que le cœur de notre ministère a été la réunion de prière. Quand nous crions vers Dieu, il répond. » Pour lui, les réunions de prière donnent l’énergie et la vitalité nécessaires pour accomplir ce que Dieu demande. « Dieu donne son Saint-Esprit à ceux qui le lui demandent », dit-il. Être rempli de l’Esprit n’est pas une expérience ponctuelle, mais une réalité durable.
« Le peuple de Dieu peut vivre de nouvelles effusions de l’Esprit qui le revêt alors de force, de joie, de liberté et de passion pour atteindre les égarés. C’est ce que Dieu fait dans nos réunions de prière » (« Le réveil commence par la prière », Ressources Spirituelles, n° 3, Hiver 2002). 
Tommy Barnett est un autre pasteur qui a été témoin du réveil et de la croissance de son Église : la First Assembly of God a connu une des croissances les plus rapides de l’histoire américaine. Elle compte maintenant environ 15 000 membres. Le réveil dans cette Église a commencé le jour où le pasteur a prêché sur le réveil et la prière. C’était un dimanche, il invita alors les personnes de l’assemblée à organiser des réunions de prière chez elles. Plus de mille personnes ont répondu à son invitation. Parmi elles, des centaines s’engagèrent aussi à prier une heure par jour. Puis il organisa une réunion de prière hebdomadaire à six heures du matin tous les lundis. Des centaines et parfois des milliers de personnes y assistent chaque semaine.

Quand nous avons commencé à prier ainsi, dit-il, des choses se sont mises à bouger dans notre Église. Beaucoup de gens se sont convertis. Les chrétiens de cette Église jeûnent, prient et cherchent la face de Dieu avec ardeur et persévérance. Puis ils vont dans les rues rendre témoignage et gagner des hommes et des femmes à Jésus-Christ. Un pasteur est disponible vingt-quatre heures sur vingt-quatre afin que les gens puissent amener à n’importe quelle heure ceux et celles qui ont besoin de se convertir. « Ce réveil ne s’est jamais arrêté. Le réveil est toujours la réponse de Dieu à la prière. »

Tommy Barnett pense que la clé du réveil est non seulement la prière, mais aussi de toujours amener davantage de personnes non converties aux célébrations afin qu’elles soient remplies du Saint-Esprit. Selon lui, c’est ce qui explique leur réveil à Los Angeles. Chaque dimanche soir, ils envoient vingt autobus sillonner la ville pour prendre des gens dans les rues, dans les maisons de convalescence et de retraite. Ils voient ainsi venir à l’église des milliers d’âmes perdues et sans espoir :
« Le réveil cessera dès que nous cesserons d’amener les égarés à l’église. La prière seule ne suffit pas. La prière sans les œuvres est morte […]. Nous sommes parfois tentés d’être soit une église qui prie, soit une église qui agit sur le terrain, mais il nous faut ces deux dimensions. […] J’enseigne à notre église que pour chaque heure de service pour Dieu, nous avons be-soin de deux heures dans la prière ». (« Le réveil commence par la prière », Ressources Spirituelles, n° 3, Hiver 2002)
La part des pasteurs, pour faire advenir le réveil, est non seulement de faire prier la communauté chrétienne pour supplier Dieu, mais aussi de former les chrétiens à accomplir l’œuvre du ministère. Tout le potentiel dont un pasteur a besoin pour atteindre sa ville, quelle qu’en soit la taille, se trouve dans les bancs de son assemblée. Il suffit de les encourager à s’impliquer en leur disant : « Pourquoi n’allez-vous pas trouver un besoin, un vide, et essayer de le combler et d’y répondre ? » Dans son Église, Tommy Barnett posa la question aux personnes présentes : « Pourquoi ne commenceriez-vous pas un ministère envers les handicapés en chaise roulante ? » Et une femme l’a fait. À présent, elle amène aux célébrations dix personnes en chaise roulante toutes les semaines… Quelqu’un d’autre a débuté un ministère auprès de malades du sida. Un autre a commencé une Église pour motards…

Formez les gens, puis libérez-les et envoyez-les s’impliquer dans le service. Dites-leur : « Pourquoi ne chercheriez-vous pas quels sont les besoins ? Découvrez l’endroit où Dieu vous a appelé, et allez à la rencontre de ces personnes ; puis amenez-les chaque dimanche matin. »
« Prêchez-leur l’Évangile et faites de votre mieux pour les conduire au salut. L’ampleur que prendra le réveil dépend de nous, car il nous est donné selon la mesure dans laquelle nous prions et recherchons la face de Dieu (Tommy Barnett) ».

Cet article se trouve dans le livre : GIFFARD, Pierre-Alain, La croissance de l’Église : outils et réflexions pour dynamiser nos paroisses, Nouan-le-Fuselier, Éditions des Béatitudes, 2012.

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