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dimanche 17 mai 2020

La croissance de l’Église selon Chuck Smith

Auteur: Pierre-Alain Giffard

En 1965, Chuck Smith est devenu le pasteur d’une petite Église de 25 personnes appelée Calvary Chapel Costa Mesa. Au fil des ans, son ministère a engendré un mouvement international composé de 1800 églises et attirant hebdomadairement plus de 24000 personnes. Les célébrations dans ces églises étaient connues pour leur code vestimentaire décontracté (« venez comme vous êtes ») et pour leur style de musique contemporain. Elles rassemblaient et attiraient particulièrement les hippies, les toxicomanes et les jeunes adultes.

Chuck Smith explique en ses mots la croissance étonnante de ce mouvement : « Lorsque nous permettons à l’Esprit de nous diriger, l’Église grandit et s’épanouit, tout comme elle l’a fait au premier siècle. Si nous L’écoutons l’expérience glorieuse de l’Église primitive peut être aussi la nôtre »[1].

Dans son livre Living Waters[2] (Eaux vives), il explique que l’Église existe grâce à l’Esprit saint; c’est Lui qui a donné naissance au Corps du Christ le jour de la Pentecôte. L’Esprit saint s’est déversé sur les disciples et continue d’être aujourd’hui à l’œuvre avec puissance. Sans Lui, dit-il, l’Église ne serait rien qu’un club social ou une organisation charitable. Mais quand les chrétiens donnent à l’Esprit saint sa juste place, le corps du Christ devient une force dynamique de changement.

Pendant que Jésus était sur terre, il dirigeait lui-même le ministère des apôtres : il leur disant quoi faire, où aller et quoi croire. Mais quand il monta au ciel, il dirigea son Église par l’Esprit saint. Dans le livre des Actes des Apôtres, nous pouvons lire comment l’Esprit saint dirigeait l’Église. Il y a, entre autres, le passage dans lequel l’apôtre Pierre reçut par l’Esprit une vision et des paroles divines. Ceci lui fit comprendre qu’il pouvait aussi annoncer la Bonne Nouvelle aux non-juifs (Actes 10 : 9-16).

Pierre, de retour à Jérusalem, fut pris à partie par les chrétiens issus du judaïsme : « Tu es entré chez des hommes qui ne sont pas circoncis, et tu as mangé avec eux ! » (Actes 11-2-3). Alors Pierre leur décrit son expérience : « L’Esprit me dit d’aller avec eux ». En d’autres termes, Pierre est allé un endroit bien précis, Césarée, sous la direction de l’Esprit saint. C’est l’Esprit qui lui dit quoi faire et Pierre obéit même si cela s’écartait entièrement de ses pratiques habituelles.

L’expérience de Pierre racontée dans les Actes des apôtres n’est qu’un exemple parmi d’autres qui montre que l’Église primitive savait se laisser guider par l’Esprit saint. Nous y lisons aussi comment l’Esprit, par le don de prophétie, dit à l’Église d’Antioche : « maintenant, séparez-moi Barnabas et Saul, pour l'œuvre à laquelle je les ai appelés ». ... (Actes 13 : 2).

Il y avait des prophètes et des docteurs dans cette Église : Barnabé, Syméon appelé Niger, Lucius de Cyrène, Manaèn et Saul. Ils cherchaient la direction de l’Esprit : Ils jeûnaient, attendaient que l’Esprit saint leur parle. C’est par le don de prophétie que le ministère de Paul et de Barnabas était dirigé. Grâce à lui, les deux apôtres pouvaient être envoyés à des endroits bien spécifiques.

Plus loin dans le livre des Actes, on peut lire : « Ils parcoururent la Phrygie et le territoire galate, le Saint-Esprit les ayant empêchés d'annoncer la parole en Asie ». (Actes 16 :6). L’Esprit saint ne leur permit pas de visiter un endroit où ils avaient prévu d’aller. L’Esprit peut aussi conduire en mettant des obstacles sur notre chemin, il fait surgir des circonstances qui nous empêchent de faire ce que nous avions prévu.

Chuck Smith raconte l’histoire du Dr. Edwards qui était président d’une banque à San Jose. Il donna sa vie à Jésus-Christ et se sentit appelé par Dieu à être pasteur. Il étudia la parole de Dieu et entra au séminaire. Une nuit, il eut une vision, celle d’un vieil homme aux cheveux gris labourant un champ avec une charrue. Alors que celui-ci n’avait travaillé que sur la moitié de son champ, il s’adressa au Dr. Edwards en disant : « Viens m’aider ». Ce fut tout, et à ce moment-là, la vision resta pour lui  un mystère.

Peu de temps après, Dieu mis dans son cœur d’aller commencer une église au Panama. Il quitta l’Amérique et démarra en fait plusieurs communautés chrétiennes. Un jour, il reçu un appel d’un hôpital : « Dr Edwards, nous avons un vieil homme ici qui est en agonie. Personne ne semble le connaître, mais ce serait bien qu’il voit un pasteur car il va mourir bientôt ». Le Dr Edwards parti donc lui rendre visite et prier pour lui. À son arrivée, et à son grand étonnement, il se rendit compte que l’homme qui était devant lui était celui de sa vision. Dr Edwards découvrit ensuite que cet homme avait été missionnaire pendant une trentaine d’années avant lui et compris qu’il avait pu bâtir ses Églises seulement grâce à la fondation pastorale et spirituelle posée par cet homme.

Dans son livre Living Waters, Chuck Smith fait aussi part d’une de ses expériences personnelles[3]. Une nuit, il eut une forte impression intérieure; il ne savait pas d’où elle venait mais comprit que c’était une parole du Seigneur. Le Seigneur lui dit : « Il y a des Églises qui conduisent les gens vers une plus grande complaisance en eux-mêmes et à un plus grand amour d’eux-mêmes. Pour vous, menez les gens vers une plus grande appréciation et un plus grand amour envers moi ».

Alors qu’il était encore jeune, il reçut aussi une prophétie dans laquelle le Seigneur lui donnait un nom nouveau « berger ». Le Seigneur lui dit qu’il ferait de lui le berger de nombreux troupeaux et son église ne serait pas assez grande pour contenir toutes les personnes qui allaient affluer pour entendre la Parole de Dieu.

Smith estime que l’Église ne peut pas bien accomplir sa mission si elle n’est pas dirigée par l’Esprit saint. Lorsque qu’elle est conduite par le soi-disant génie des hommes et leurs comités, elle devient rapidement incapable et inefficace. Ceux qui sont appelés à diriger l’Église devraient s’efforcer d’être en tout dirigés par l’Esprit saint. C’est ce que l’Église du premier siècle avait su faire.


[1] Smith, Chuck. Living Water. Word for Today, 2007. p.75
[2] Smith, Chuck. Living Water. Word for Today, 2007, pp. 75-84
[3] Smith, Chuck. Living Water. Word for Today, 2007, p.83

vendredi 15 janvier 2016

4 disciplines de croissance paroissiale

Par Pierre-Alain Giffard 
La réussite n’est rien de plus que quelques disciplines pratiquées chaque jour disait Jim Rohn, un entrepreneur et coach en développement personnel. Dans notre vie chrétienne et particulièrement notre vie paroissiale, la question émerge: quelles disciplines pratiquer pour réussir la mission que le Christ nous a confiée ? Il y a certes des pratiques personnelles comme le pardon (Luc 6,37) et la charité envers les démunis (Mat 25,40), mais au niveau de notre mission d’évangéliser et de faire des disciples (Mat 28,19), quelles seraient ces disciplines? Dans cet article nous en énumérons quatre.
La prière : Faire des disciples est d’abord une affaire spirituelle. La parole de Dieu dit que c’est Dieu qui assure la croissance (1 Corinthiens 3,7), sans lui nous ne pouvons rien faire (Jean 15,5).  Pour que nos paroisses engendrent de nouveaux chrétiens,  il nous faut d’abord le Lui demander: Demandez, et l’on vous donnera; cherchez, et vous trouverez; frappez, et l’on vous ouvrira (Luc 11,9). Des temps et des activités de prières pour cette intention devraient être planifiées et organisées de façons régulières par les responsables de la paroisse.
Le renouveau spirituel : L’Église a commencé à se développer juste après la Pentecôte et le nombre des disciples s’est rapidement multiplié. Cette croissance est due en grande partie à l’action de l’Esprit-Saint qui a été répandu sur les disciples, à leur témoignage de vie et à la puissance qui accompagnait leur prédication. Mais la Pentecôte n’est pas un événement unique, elle se répète chaque fois que des chrétiens se laissent transformer et renouveler spirituellement par une plus grande fréquentation des sacrements, par la lecture assidue de la Parole, par la participation à des Séminaires de la vie dans l’Esprit, par l’adoration eucharistique, par des retraites spirituelles, par l’engagement dans des petits groupes de foi, par la pratique occasionnelle du jeûne et d’autres disciplines spirituelles. Ce renouveau spirituel devrait d’abord être vécu par les responsables paroissiaux (pasteurs, membres des Conseils paroissiaux de pastorale et des Conseils des affaires économiques) et ensuite être proposés aux autres paroissiens.
L’évangélisation : C’est la responsabilité commune des baptisés de communiquer aux autres l’amour de Dieu et de les inviter à suivre le Christ (Canon 211). Mais comment faire ce travail d’évangélisation dans le cadre paroissial ? Heureusement, il existe plusieurs méthodes comme par exemple le programme Alpha, Kékako et les cellules paroissiales d’évangélisation. La mise en place de tels programmes est un des éléments incontournables pour renouveler et faire croître nos paroisses. À nous de les demander à nos pasteurs!
L’expérience du dimanche : Les personnes invitées et les visiteurs occasionnels du dimanche reviendront à l’église et désireront y cheminer si leur expérience dominicale est positive. Cette expérience passe par la qualité de l’accueil, des homélies, par la beauté de la musique et des chants, par le contact avec le divin, par la propreté des lieux, par les services offerts aux enfants pendant la célébration, par les petits groupes de partage de la foi; par la possibilité de s’impliquer dans des activités bénévoles et de créer des liens d’amitiés, etc. Pour renouveler et faire croître leur paroisse, les paroissiens doivent penser en termes d’accueil des personnes nouvelles et viser à leur faire vivre une expérience spirituelle et humaine positive et mémorable. Une telle expérience est aussi à planifier et à organiser par les responsables de la pastorale avec le soutien du Conseil des affaires économiques.
Les quatre disciplines pastorales présentées dans cet article sont issues de paroisses qui ont réussies à se renouveler spirituellement et à grandir. Elles pourront voir le jour dans nos églises si elles deviennent une priorité pour nos pasteurs, pour les membres des Conseils paroissiaux de pastorale et pour les membres des Conseils des affaires économiques.
Il s’agit de passer d’une gestion paroissiale qui répète le statu quo pastoral d’une Église de chrétienté à un leadership qui cherche à faire des disciples (Mat 28,19). Sans ce virage pastoral, nos paroisses continuerons de décliner et d’autres fermeront hélas leur portes … Il est donc temps de remplir notre devoir missionnaire et de s’adapter culturellement et pastoralement en mettant en place des orientations pastorales qui favorisent la croissance, la vitalité et le rayonnement de nos paroisses (Mat 5,16).

vendredi 25 juillet 2014

Des Églises “en sortie”

Auteur: Pierre-Alain Giffard

Pour réaliser la mission de l’Église, les communautés chrétiennes ont à devenir des Églises en sortie, à savoir des communautés missionnaires  tournées vers l’extérieur qui comprennent que leur mission est de rejoindre,  accueillir et faire cheminer les personnes qui ne connaissent pas le Christ ou qui ne le suivent pas.

Plusieurs éléments caractérisent les Églises missionnaires :

• La croissance de la communauté est recherchée et considérée comme la volonté de Dieu (I Tim 2:4).

• Des activités de prière sont organisées pour soutenir les activités et la croissance de la communauté (Jean 15: 2-8).

• Les membres de la communauté chrétienne sont formés pour évangéliser.

• Les responsables de la communauté, avec la participation de tous les autres membres,  visent à faire du passage dans l’Église une expérience mémorable, particulièrement pour les visiteurs et les personnes invitées.

• Des parcours sont offerts pour permettre la croissance dans la foi et la croissance spirituelle des membres de l’Église.

• Différentes dimensions de la mission sont déployées :

1. L’accueil et la fraternité (unité)

2. L’adoration, les prières et la louange

3. La charité (bonnes oeuvres)

4. Les prières pour la guérison

5. L’évangélisation

6. L’éducation de la foi et croissance spirituelle

7. La formation des leaders (animation, direction et planification)

• La mission est vécue en coresponsabilité avec les membres ordonnés. Des membres non ordonnés (laïcs) sont appelés et formés pour devenir des leaders qui participent à l’animation de la communauté chrétienne.

Les Églises missionnaires …

· se soucient des personnes qui ne sont pas là;

· s’organisent pour les rejoindre et les accueillir;

· les font cheminer vers la maturité spirituelle;

· discernent leurs dons;

· les impliquent dans la mission et enfin;

· les forment pour devenir des leaders dans l’Église et le monde.

Cliquer sur le schéma ci-dessous pour voir la vision d’une Église en sortie.

1. Une Église en sortie 2

Les efforts de témoignage et d’évangélisation (première annonce) de la communauté chrétienne sont à la base de son existence. Ils constituent la fondation de l’édifice et précèdent les efforts pour initier à la foi. Ils doivent donc constituer la priorité numéro un avec les activités de prières.

Fondations pour la croissance (Pyramide) 2017

Comme la sève circule et donne vie à un arbre, les personnes évangélisées seront progressivement amenées à cheminer vers la croissance spirituelle et l’engagement dans la mission l’Église. Il est crucial de planifier et de coordonner des actions pour faire passer les personnes d’une étape à l’autre.

Dynamique de croissance 2017

En cheminant d’une étape à l’autre (de gauche à droite du schéma), de l’accueil jusqu’à l’implication missionnaire, les personnes évangélisées renouvellent la communauté chrétienne et donnent santé et croissance à l’Église.

Dans une Église en sortie, à l’image de l’Église primitive, les membres de la communauté chrétienne ont d’abord cherché à être remplis de l’Esprit Saint pour être  animés d’un zèle missionnaire. Les premières activités à mettre en œuvre pour être une Église missionnaire sont des activités de prière et de renouvellement spirituel  ainsi que la formation de toute la communauté chrétienne au témoignage et à l’accueil des personnes évangélisées; puis viennent l’initiation chrétienne des nouveaux, leur croissance spirituelle, leur insertion progressive dans la mission de l’Église et l’attribution de responsabilités pour les personnes qui sont en accord avec la vision de l’Église et qui ont les talents nécessaires.

vendredi 5 juillet 2013

La croissance de l’Église “Crossroads”

Auteur: Pierre-Alain Giffard

De 1987 à 2005, Mark Fuller a été le pasteur de l’Église évangélique Crossroads Church (l’Église Croisée des chemins) qui est passée de 300 membres à plus de 1300 en 18 ans. Sa croissance a été constante et n’a jamais stagné.

Mark Fuller explique ainsi sa croissance[1] :

· un leadership visionnaire;

· une bonne compréhension du combat spirituel (spiritual authority);

· une communauté chrétienne prête à suivre son leader;

· une communauté chrétienne qui accepte de changer et de faire les sacrifices nécessaires et;

· une vision pour les perdus, c'est-à-dire une priorité pastorale pour rejoindre et incorporer au Corps du Christ des personnes qui ne connaissent pas Jésus ou qui ne le suivent pas.

Un jour Mark Fuller posa une question à John Maxwell[2], un expert mondial en leadership : « quelle est la clé pour faire croître une église de 500 membres ? » Ce dernier pointa son doigt vers lui et lui dit : « vous ». Réalisant que pour développer sa communauté chrétienne et il lui fallait aussi permette à Dieu de le faire grandir, il se mit à genoux, pria et médita la Bible. C’est alors qu’un passage du livre de l'Exode le toucha profondément, celui dans lequel Jéthro donne des conseils à Moïse (Exode 18,13-27).

En relisant ces versets, il comprit à quel point le ministère de Moïse était prophétique et cela l’encouragea à mettre plus d’emphase sur son propre ministère de prédication. Il remarqua aussi combien Moïse était visionnaire: il allait donc adopter un style de leadership visionnaire en passant désormais une bonne partie de son temps à communiquer une vision pour son Église. Finalement, il lut comment Moïse délégua l’œuvre de son ministère. Il décida donc de passer aussi une grande partie de son temps à former des leaders.

Ces trois éléments sont devenus les piliers de sa vie et de son ministère : prêcher, projeter une vision et développer des leaders. Il lui fallut plusieurs années pour les intégrer dans son pastorat, mais aujourd'hui il y consacre 95 pour cent de son temps. Ce fut à la fois difficile et libérateur, mais il considère que John Maxwell avait bien raison de dire qu’une communauté chrétienne ne peut pas grandir si le pasteur ne grandit pas lui-même.

Au cours de ses 18 années à la tête de l’Église Crossroads, Mark Fuller, il vit beaucoup de nouveautés dans la manière dont les Églises s’organisent et célèbrent, y compris l’émergence des petits groupes (cellules d’évangélisation et autres petites communautés de base). Pour lui, un des changements les plus importants et les plus bénéfiques pour son Église fut au niveau de la gouvernance.

Pour assurer la croissance, il fit passer sa communauté d’une Église dirigée par un conseil de bénévoles à une Église dirigée par du personnel professionnel rémunéré. Cette transition ne fut pas facile, mais Mark Fuller estime qu’il ne faut pas chercher à engager des personnes simplement pour remplir des fonctions pastorales; il faut plutôt chercher à engager des personnes qui ont un réel sens du leadership. Si on met en place les bonnes personnes, explique-t-il, alors le reste suit : la vision, la direction et les activités pastorales (programmes) pertinentes. Pour qu’une Église dépasse les 500 membres, il est, d’après lui, nécessaire de faire cette transition[3].

Un autre changement important qu’il opéra fut d’adopter un style de musique contemporaine pour les célébrations. Comme dans la plupart des communautés chrétiennes qui font ce choix, cela engendra des tensions, mais il eut la sagesse d’introduire ces changements en douceur. Cela fait partie, dit-il, des talents d’un leader : savoir quand mette un peu de pression pour faire avancer les choses et savoir quand donner du mou pour insister ailleurs. Mark Fuller souhaite que le style de musique de son Église soit en constante mouvance, car si celui-ci se fige, estime-t-il, il est très difficile de changer par la suite.

Pour ce pasteur, la louange et l’adoration ne sont pas tant une question de style qu’une question de cœur. Il s’agit avant tout de créer une atmosphère qui permette aux personnes présentes de communier avec Dieu et d’être réceptifs à la parole de Dieu. Les animateurs et les musiciens ne sont pas des vedettes, mais des signes qui pointent vers Dieu[4].

Dans son Église, ce sont les célébrations des weekends, et non pas les grands événements extérieurs, qui constituent les portes d’entrée, qui attirent des nouvelles personnes. Les gens viennent à l'Église parce que leur cœur est vide; ils ont des problèmes financiers, de couple ou avec leurs enfants, et tout ceci provoque une faim de Dieu.

Mark Fuller est convaincu que pour faire croitre une Église, il faut s’occuper en priorité des personnes qui ne sont pas là ainsi que des personnes qui ne viennent pas régulièrement aux célébrations afin de les rejoindre et de les incorporer à la communauté chrétienne[5]. Tout ce que l'Église fait, elle devait le faire pour amener au Christ les personnes qui ne le connaissent pas. Il n’a toutefois pas de public cible : une génération, un groupe d'âge ou une culture particulière. Il fait tout pour créer, durant les célébrations, une atmosphère  qui permette aux personnes qui ont soif de Dieu de le rencontrer personnellement.

Son style de prédication est « conversationnel ». Il prêche, en s’imaginant assis autour d'un café avec l’auditoire et vise à répondre aux questions que des non-chrétiens peuvent se poser face à la Parole annoncée. L’auditoire est toujours libre de réagir et de répondre à son message.

Mark Fuller est enfin un fervent partisan des petits groupes. Il y en a trois sortes dans son Église: des petits groupes d’évangélisation, des groupes qui se réunissent autour d’une pastorale (ministère) particulière et des groupes d’enseignements. Ils sont tous de différentes tailles et appelés des groupes de connexion. La moitié des membres de son Église actuelle en font partie. Leur point commun? Vivre la sollicitude fraternelle, l’apprentissage et le service[6].


[1] Cf. Nees, Tom. Best Practices of Growing Churches: Profiles and Conversations with Ministry Leaders. Kansas City: Beacon Hill Press, 2006, p.143-144.

[2] John Maxwell est depuis plus de vingt ans un leader et un communicateur efficace et passionné. Il est le fondateur d'INJOY, une organisation qui se consacre à aider les gens à développer leur potentiel personnel et leur potentiel de leadership. Il est l'auteur de « Les 21 lois irréfutables du leadership », « les 17 lois infaillibles du travail en équipe » et « Devenez ce que vous devriez être », entre autres. (Source : goo.gl/LBwLw).

[3] Cf. Nees, Tom. Best Practices of Growing Churches: Profiles and Conversations with Ministry Leaders. Kansas City: Beacon Hill Press, 2006, p.144-145.

[4] Cf. Nees, Tom. Best Practices of Growing Churches: Profiles and Conversations with Ministry Leaders. Kansas City: Beacon Hill Press, 2006, p.145-146.

[5] Cf. Nees, Tom. Best Practices of Growing Churches: Profiles and Conversations with Ministry Leaders. Kansas City: Beacon Hill Press, 2006, p.146-147.

[6] Cf. Nees, Tom. Best Practices of Growing Churches: Profiles and Conversations with Ministry Leaders. Kansas City: Beacon Hill Press, 2006, p.148.

mardi 20 novembre 2012

La croissance de l’église et le travail en équipe

En tant que responsables en Église, la tentation est grande de vouloir tout faire soi-même. Cela peut remplir ses journées et donner l’impression que l’on fait de son mieux pour accomplir la volonté de Dieu. Le pasteur David Yonggi Cho, en Corée du Sud, en est un bon exemple. Animé d’un fort désir missionnaire, il commença une Église à partir d’un petit groupe de chrétien et réussit à multiplier leur nombre jusqu’à 800 000. Au début, il faisait tout lui-même… il était partout et rien ne se faisait sans lui. Mais avec le temps, il finit par appeler cette attitude, cette façon de faire, la clé du désastre. En effet, à force de vouloir tout faire, il tomba gravement malade et s’épuisa. Il fit ce qu’on appelle communément un burnout, c’est-à-dire un épuisement professionnel. Il mit dix ans à s’en remettre.

Dans les souffrances de sa fatigue et le désir de continuer à développer son Église, il en arriva à déléguer la tâche de l’annonce missionnaire aux laïcs. Il changea radicalement sa façon de faire en prenant le temps de former des responsables et en leur confiant des responsabilités. C’est en grande partie grâce à ce travail d’équipe, à cette collaboration avec les laïcs, que sa communauté chrétienne se développa de façon exponentielle.

Mais le travail d’équipe n’est pas simple. Il peut être source d’unité et d’épanouissement ou source de division et de souffrance. Voici quelques pistes afin que celui-ci contribue tant à la croissance de l’Église qu’à la croissance des membres.

1. Laisser les membres de l’équipe prendre part au processus de planification

Les responsables devraient définir les objectifs avec les autres membres de l’équipe et ne pas leur imposer des moyens pour les atteindre. En effet, les membres d’une équipe pastorale débordent souvent de créativité et d’idées qui peuvent considérablement enrichir un projet ou un événement. Comme Pierre et Jean qui coururent tous les deux ensemble (Jn 20:4) vers le tombeau vide, les membres d’une équipe devraient se former et travailler ensemble pour saisir une vision nouvelle et des moyens nouveaux pour réaliser leurs projets.

2. Donner suffisamment d’autonomie

Le rôle des responsables d’équipe est surtout de rappeler la mission et la vision de l’équipe ainsi que les objectifs définis. Ils devraient ensuite, autant que possible, laisser les membres atteindre ces objectifs par eux-mêmes, selon leur expérience propre et leurs compétences particulières. Donner suffisamment d’autonomie aux membres pour atteindre les objectifs fixés leur permet de travailler en fonction de leurs dons, de leurs inspirations et de trouver joie et épanouissement dans leur travail à cause de la confiance qui leur est accordée. Comme l’explique saint Paul dans l’épître aux Romains (12:5), nous ne formons qu'un seul corps dans le Christ, mais nous sommes pourvus de dons différents selon la grâce qui nous a été donnée.

3. Assurer un suivi

Ceci est important, les membres de l’équipe ne sauront pas s’ils sont sur le bon chemin à moins que cela leur soit dit clairement par l’ensemble du groupe. Il est donc nécessaire de réunir l’équipe à intervalles réguliers afin de discuter des progrès accomplis. Les membres peuvent ainsi recevoir des suggestions d’améliorations de la part des autres membres de l’équipe.

4. Encourager les membres

Chaque membre de l’équipe a droit à une reconnaissance sincère, personnelle et publique de la part du responsable. Une fois l’évaluation achevée, tout n’est généralement pas parfait, mais il faut avant tout relever ce qui a été fait de bien afin d’encourager et d’enhardir les membres pour leurs futures implications. Encouragez-vous mutuellement chaque jour, nous exhorte saint Paul (He 3:13)! Mettre trop d’emphase sur les points négatifs peut facilement blesser et décourager les membres dans leur engagement généreux à la suite du Christ.

Conclusion

Le travail en équipe peut réellement être une source d’unité et de fraternité lorsque le responsable aide à bâtir une vision commune, fait confiance, accompagne, motive et laisse chaque membre agir selon ses dons et ses inspirations. Une telle culture d’équipe relève de la maturité spirituelle et démontre le respect que l’on doit à chaque membre du Corps du Christ, appelé à sa manière à participer à la mission de l’Église.

Auteur : Pierre-Alain Giffard

 

NOTE: Certaines idées présentées sont inspirées de l’article « Secrets to Developing a Productive Team » de Juan Cruz.

http://www.churchleaders.com/pastors/pastor-articles/162984-secrets-to-developing-productive-team.html

vendredi 2 novembre 2012

Dix obstacles courants à la croissance

Auteur: Rick Warren

(Note sur la traduction[1])

J’ai étudié la croissance de l’Église pendant presque 30 ans et j’ai constaté qu’il y a dix obstacles qui empêchent de bâtir une Église vibrante et en santé.

1. Ne pas amener ses amis à l’Église.

En tant que pasteurs on prie, on demande, on insiste, on motive, on souligne auprès des membres l’importance d’amener leurs amis à l’Église, pourtant ils ne le font pas plus. Pourquoi? La vérité, souvent, c’est que les membres ne sont pas à l’aise. Intuitivement, ils savent que les célébrations ne sont pas conçues pour les non-croyants, pour les personnes en recherche et pour leurs collègues de travail. Ils se disent : « Les célébrations de mon Église me rejoignent (répondent à mes attentes), mais elles ne rejoindront pas mes voisins, et c’est pourquoi je ne leur proposerai pas de venir ». L’antidote est d’offrir, au moins une fois par semaine, un service religieux (une célébration) conçu en ayant en tête les amis qui ne vont pas à l’Église (les sans-Églises).

2. Craindre que la croissance détruise la fraternité.

Bien que vos membres ne le disent pas, certains s’opposent à la croissance parce qu’ils craignent de ne plus connaitre personne lorsque l’assemblée grandira. Alors, ils se disent : « J’aime la situation actuelle, je connais tout le monde, j’ai peur de devenir un simple numéro si l’on grandit. » L’antidote à cette peur est de créer pour votre communauté chrétienne des petits groupes dont les membres se réunissent par affinité. À Saddleback, nous disons ceci: nous devons construire notre communauté à la fois plus grande et plus petite.

3. Ne pas se défaire des façons de faire habituelles (traditionnelles)

Les façons de faire habituelles naissent de la réussite. Quelque chose devient une tradition parce qu’au départ elle fonctionne. Et parce qu’elle fonctionne, on la répète encore et encore. Malheureusement, ces façons de faire finissent par devenir, un carcan, une norme à suivre. Il y a deux dangers dans ce genre de « traditionalisme ». Le premier est de sacraliser des méthodes et le deuxième est d’oublier pourquoi nous faisons ce que nous faisons. L’antidote : se laisser guider par sa mission (become pruprose driven)[2]. La mission ne change jamais, elle est éternelle. Mais votre méthodologie devrait être en changements continuels. Je suggère qu’au moins une fois par année, vous posiez un regard sur chacune de vos activités pastorales et fassiez trois choses:

1. La confirmer – oui, ça fonctionne toujours;

2. La raffiner– on a besoin de l’améliorer pour qu’elle soit plus efficace;

3. La remplacer – pour relever les défis du futur, vous ne pouvez pas utiliser, dans le temps présent, les outils du passé.

4. Essayer de plaire à tout le monde.

Vous ne pouvez pas plaire à tout le monde. Cela ne fonctionne tout simplement pas. Si une station de radio dans votre région devait jouer du Bach, suivi des Beatles puis d’airs de Polka, pensez-vous que cela plairait à tout le monde ou que cela ne plairait à personne? Les stations de radio visent certains auditeurs (elles se spécialisent) parce qu’elles comprennent qu’il y a différents auditoires qui aiment différents styles de musique. Je ne parle pas de changer l’Évangile, mais de définir votre “cible” (c’est l’antidote à cet obstacle); puis faites tout ce que vous pouvez pour atteindre votre cible.

5. Fonctionner par des programmes plutôt que par un processus de croissance.

Avoir beaucoup de différents programmes dans une Église peut impressionner, mais à moins d’avoir un plan précis pour aider vos membres à croître spirituellement, ceux-ci peuvent tout simplement finir par assister à beaucoup de formations. J’ai la conviction que cela explique pourquoi certains membres, bien que cheminant dans l’Église depuis des années, ne semblent produire que peu de fruits.

L’antidote est d’utiliser un processus de croissance spirituelle similaire à celui que nous utilisons à Saddleback. Nous prenons l’image d’un jeu de baseball pour illustrer le chemin qui permet à nos des membres de grandir dans la foi. Nous les encourageons à franchir une base après l’autre afin d’atteindre une plus grande maturité spirituelle. Vous n’avez pas à utiliser le modèle de Saddleback, mais il a fait ses preuves et a très bien fonctionné depuis vingt ans.

6. Donner de l’importance aux chiffres plutôt qu’aux ministères

À mon avis, vous faites une erreur sur vous jugez votre réussite à la quantité de personnes qui viennent à vos célébrations. Si la seule chose qui compte pour vous est le nombre de membres, vous être une Église centrée sur les rassemblements. Oui la présence aux célébrations est une des différentes mesures d’évaluation de la mission, mais elle ne devrait JAMAIS être la seule. D'abord, accorder beaucoup d’importance au nombre de personnes a tendance à produire des spectateurs passifs qui n’ont que peu de temps pour s’impliquer. L’antidote : Transformer tous vos membres en ministres. Nous n’avons pas besoin de plus de réunions, nous avons besoin de répondre à plus de besoins!

7. Prêcher sans l’appliquer à la vie

Annoncer la Parole de Dieu sans l’appliquer à la vie informe plus que cela ne transforme. L’antidote est ce que j’appelle la prédication comportementale. C’est une annonce qui insiste sur l’obéissance. La Bible nous dit de mettre en pratique la parole de Dieu, pas seulement de l’écouter. Le but de toutes les prédications du dimanche, des études bibliques en petits groupes et de toutes les sessions des écoles du dimanche devrait être d’inciter les chrétiens à s'impliquer dans un ministère – que faisons-nous avec ce que nous avons entendu.

8. Ne pas faire confiance à vos responsables

Si vous ne faites pas confiances à vos leaders, alors vous n’accomplirez pas grand-chose. Vous devez bâtir votre crédibilité et vous devez mériter le droit de diriger. L’antidote à cette barrière est le leadership authentique. Ceci veut dire un leadership humble, vulnérable, déterminé, qui est prêt à risquer l’échec et qui croit que Dieu va accomplir de grandes choses.

9. Le légalisme

Le légalisme étouffe la croissance et nuit à la santé de beaucoup d’Églises. Beaucoup d’entre elles semblent plus intéressées à conserver des règles plutôt qu’à gagner des personnes au Christ. Ceci compromet forcément la croissance.

L’antidote à cette barrière est un climat d’acceptation qui part de là ou les personnes sont [plutôt que] là vous voulez qu’elles soient. En les prenant là où elles en sont, vous pouvez éventuellement les amener là ou elles ont besoin d’être.

10. Être structuré pour le contrôle plutôt que pour la croissance

Beaucoup d’Église aujourd’hui ont trop de programmes et trop de structures qui les étranglent et les font mourir. L’antidote est de conserver une structure simple flexible et capable de relever tous les défis que le futur nous réserve.

Traduit et publié avec autorisation (texte original)


[1] Le texte original est en anglais. Cette traduction est de l’auteur de ce site. Elle vise une bonne compréhension du texte plutôt qu’une transposition mot à mot.

[2] L’expression “purpose driven” ne se traduit pas très bien en français. La signification du mot « purpose » se situe quelque part entre les mots but, sens et mission.

vendredi 15 juin 2012

La croissance de l’Église du pasteur Rick Warren

Auteur: Pierre-Alain Giffard

Rick Warren est le pasteur fondateur de l'Église évangélique Saddleback Valley Community Church en Californie. Il est né à San José en Californie et a obtenu une maîtrise au Southwestern Theological Seminary et un doctorat au Fuller Theological Seminary. Son aptitude à faire croître son Église, lui valut le surnom d' « inventeur du renouveau perpétuel »[1]. Son livre le plus connu, The Purpose Driven Church (L'église: une vision, une passion), a été traduit en plus de trente langues et a été vendu à plus d'un million d'exemplaires.


C’est avec son épouse, Kay, qu’il a commencé à évangéliser en rassemblant quelques personnes dans leur maison. C’était en 1979, ils sont maintenant vingt mille à célébrer tous les weekends. Son assemblée chrétienne est la huitième plus grande des États-Unis. En 1995, l’Église de Saddleback a été officiellement reconnue comme l’Église baptiste ayant eu le taux de croissance le plus rapide de toute l'histoire américaine. Cette même année, après quinze ans de réunions dans des écoles, des clubs, des entrepôts, et même dans une tente, la communauté a fait construire une église sur un campus de soixante-dix-neuf hectares.

Comme Dale Galloway, Warren explique que Dieu veut la croissance des Églises et que les brebis égarées doivent être retrouvées. D’après lui, la Bible, particulièrement dans les paraboles du Royaume, affirme une vérité essentielle : Dieu s’attend à ce que les chrétiens s'activent pour faire croître leurs Églises. La croissance n’est pas optionnelle et nous avons le devoir de la poursuivre. Pour grandir, dit-il, ça prend plus que la bonne volonté, la consécration ou la piété; ça prend de la compétence. Il ne s’agit pas tant de travailler plus durement que de travailler plus intelligemment. La croissance est le fruit d’une coopération entre Dieu et les êtres humains. Les méthodes et la planification sont incontournables: c’est la grâce de Dieu qui, passant par nos efforts et notre intelligence, produit la croissance.

Rick Warren estime qu’il n’y a pas de stratégie unique pour assurer la croissance. Après avoir étudié de nombreuses Églises en croissance, il a constaté que plusieurs d'entre elles utilisent des stratégies parfois fort différentes. Ce serait simpliste et inapproprié, dit-il, de penser qu’il n’y a qu’une formule pour assurer la croissance d’une Église. Il y a plusieurs moyens pour croître : les écoles du dimanche, les cellules de maison, l’utilisation de la musique contemporaine ou de la musique traditionnelle, les visites à domicile, etc. On ne retrouve pas tous ces facteurs dans chacune des Églises en croissance; les stratégies, les structures et les styles varient, mais il existe des points communs entre ces différentes communautés et il faut savoir en extraire les principes généraux et les appliquer à son milieu.

Rick Warren a remarqué qu’un des éléments communs aux Églises en croissance est une caractéristique particulière des responsables. Les pasteurs s’attendent à ce que leurs assemblées grandissent, ils croient en l’action de Dieu et en ses promesses. C’est un des secrets de leur réussite, ils s’attendent à voir des miracles et ils se rendent disponibles pour que Dieu les utilise à travers leur foi.
Les communautés en croissance ont aussi une identité claire et précise. Elles savent pourquoi elles existent et quels sont leurs buts. Elles savent précisément à quoi Dieu les appelle. Elles se consacrent à faire des disciples, à faire aimer Dieu et le prochain!

Rick Warren a adopté un style de leadership qui partage pouvoir et responsabilités. Il s’organise et travaille avec les membres non ordonnés en les formant et en leur confiant des responsabilités. Il puise dans les talents, les ressources, l’énergie et la créativité des membres de sa communauté. Dans sa façon de diriger, il essaye d’éviter deux extrêmes : l’un est d’assumer toute la responsabilité pour l’évangélisation et l’autre est de s’en décharger complètement. Il explique que l’équilibre se réalise lorsque le pasteur et les laïcs ne confondent pas leurs rôles : les laïcs n’ont pas à s’approprier le leadership de la communauté et les pasteurs n’ont pas à se donner l’exclusivité des ministères.
Définir la mission, la mettre par écrit, la communiquer par une vision claire et des rêves est, dit-il, le point de départ de l’action du dirigeant. Mais, pour définir ses objectifs, il doit bien connaître les besoins du milieu et rester ouvert aux changements de l’environnement ; lui-même n’a pas hésité à faire un sondage dans son quartier pour découvrir les griefs que les gens avaient contre l’Église en général.

Un autre élément important pour assurer la croissance est la longueur du mandat pastoral. En effet, si un long mandat pastoral ne garantit pas la croissance, un changement fréquent du premier responsable de l'Église empêche la croissance : Une Église qui change de pasteur régulièrement ne connaîtra pas de réelle croissance[2] écrit-il.

L’Église Saddleback a concentré ses efforts d'évangélisation seulement sur une partie de la population. Elle a visé les personnes qui avaient le plus de chance de s’identifier aux autres membres de la communauté. Rick Warren explique qu’il faut aller en priorité vers les personnes qui n’habitent pas trop loin de l'église, celles que l’on comprend, avec qui l’on est déjà en lien, avec qui l’on a des points communs et que l’on peut aider. Pour permettre la croissance, la communauté ne devrait pas chercher à être ce qu’elle n’est pas et atteindre des personnes qui lui sont trop différentes. Il vaut mieux aussi concentrer ses efforts pour rejoindre les personnes réceptives : Les Églises en croissance visent à rejoindre les personnes réceptives, les Églises qui stagnent cherchent à réintégrer les personnes qui les ont quittées[3].

Comme les Églises des pasteurs Cho et Galloway, l’Église de Rick Warren fonctionne avec une structure de groupes de maison. Les membres de sa communauté cherchent à offrir à ceux qui viennent une atmosphère d’accueil et d’amour : Les communautés qui grandissent aiment et les communautés qui aiment grandissent[4]. Ils sont spécialement ouverts et sympathiques aux personnes qui viennent pour la première fois. Warren a cherché à mettre en place un processus d’intégration des nouveaux qui permet à la fois de les fidéliser et de les impliquer dans la mission. Il le fait en offrant une formation sous forme de parcours qui amènent les nouveaux à comprendre l’importance de leur implication dans l’Église. D’autres parcours ont pour but de faire découvrir leurs talents à l’ensemble des membres afin qu’ils les mettent au service du Christ et de son Église. Ce processus est un élément central qui a contribué à sa croissance. Il explique son succès en trois mots : faire des disciples.

L’Église de Rick Warren se fixe comme but de fortifier la communauté en accueillant des nouveaux, en leur proposant de suivre des parcours qui les fidélisent et qui les forment au fur et à mesure; un peu comme un arbre qui fortifie ses propres branches au fur et à mesure qu’il grandit. Les Églises qui se donnent comme priorité d’intégrer les nouveaux et qui planifient leurs activités en fonction de cette nécessité, réussissent le mieux dit-il. Celles qui ne se préoccupent pas des nouvelles personnes ou qui ne se soucient pas de les intégrer à la communauté ne grandissent pas.

Comme Dale Galloway, Rick Warren organise aussi sa communauté afin qu’elle soit toujours plus chaleureuse et réponde aux besoins des personnes du milieu. Pour lui, une communauté ne peut pas grandir au-delà de sa capacité à répondre aux besoins des gens. C’est dans cette optique que son Église accorde une attention toute particulière au style de musique utilisé dans les célébrations. La musique est un des éléments importants qui favorise la croissance. Le genre de musique doit correspondre aux goûts des personnes qu’on cherche à rejoindre. Après le sondage qu’il effectua pour mieux connaître les personnes de son milieu, Warren a changé radicalement son style de chants et de musique. Grâce à cela, explique-t-il, en un an, leur communauté a connut une croissance exceptionnelle.

Mais il ne s’agit pas de viser seulement la croissance numérique : La vérité, dit-il, c’est que vous n’arriverez pas à croître si c’est cela votre seule préoccupation[5]. On n’a pas à s’inquiéter excessivement de la croissance, mais plutôt d’accueillir avec amour les personnes que Dieu nous envoie. Dieu fera croître la communauté au rythme qu’il voudra et aux dimensions qu’il voudra. Warren se soucie plus des personnes que des chiffres. Il est convaincu que la croissance est le résultat d’une organisation saine; si l’organisation est saine, elle va croître. Et la santé d’une organisation est une question d’équilibre.

Dans sa poursuite d'équilibre, Rick Warren développe sa communauté à cinq niveaux : 1. La communion fraternelle (fellowship); 2. La formation des disciples (DISCIPLESHIP)[6]; 3. Les célébrations liturgiques (WORSHIP); 4. Les ministères laïcs (MINISTRIES); 5. L’évangélisation[7] (ÉVANGELISM). Une stratégie est élaborée pour développer chacun de ces niveaux, la structure de l’Église est adaptée et le tout est évalué en fonction de l’excellence.

Cet article se trouve dans le livre : La croissance de l’Église : outils et réflexions pour dynamiser nos paroisses, Nouan-le-Fuselier, Éditions des Béatitudes, 2012.


[1] C’est Peter Drucker, auteur de réputation mondiale en gestion, qui lui a attribué ce surnom.
[2] R. WARREN, The Purpose Driven Church : Growth without compromising your message and mission, Grand Rapids, Michigan, Zondervan Publishing House, 1995, p. 31 (notre traduction).
[3] Ibid., p. 183 (notre traduction).
[4] Ibid., p. 210 (notre traduction).
[5] Ibid., p. 48 (notre traduction).
[6] La formation des disciples se fait à travers des parcours successifs
[7] Il s’agit ici de l’annonce de l’Évangile aux personnes qui ne croient pas au Christ ou qui ne font pas partie d’une communauté chrétienne.

vendredi 2 avril 2010

Projet de petites communautés consacrées à la croissance


Auteur: Pierre-Alain Giffard

La croissance d’une église commence souvent par une petite communauté de croyants dédiés à l’évangélisation des sans-églises. Nous présentons ici un exemple de projet pour ce type de petites communautés.


1. DESCRIPTION DU PROJET

a) Nature et but
Le projet de ces petites communautés est de nature missionnaire. Il vise à instaurer progressivement, dans un lieu donné, de nouvelles communautés fraternelles et missionnaires qui ont pour vocation l’évangélisation des sans-églises, la formation de disciples et la mise sur pied d’activités qui répondent aux besoins du milieu.

b) Vision
La vision d’un tel projet est la multiplication de communautés de foi structurées pour impliquer les laïcs dans la mission et pour témoigner de l’amour de Dieu. Elles peuvent constituer, dans la mesure de leur développement, la base de nouvelles communautés paroissiales.

c) Culture
Les mots clefs qui résument la culture de ce projet sont les suivants : Mission – formation – compassion – maturité spirituelle – multiplication. La diffusion de ces valeurs doit faire partie d’un processus continue au sein des petites communautés afin d’y développer une culture missionnaire et une synergie d’engagement.

d) Originalité du projet
L’originalité de ces communautés vient du fait qu’elles font de l’évangélisation auprès des sans-églises une priorité et qu’il leur est proposé aux nouveaux convertis une série de parcours qui les conduits par étapes sur la voie de la maturité spirituelle. Ils seront aussi formés progressivement pour pouvoir utiliser leurs dons dans des activités missionnaires de l’église.

2. DÉMARRAGE DU PROJET ET CONTENU DES PARCOURS

Dans une première étape, un petit groupe de chrétien, doté d'un esprit missionnaire est formé à la vision de ces petites communautés et aux méthodes d’évangélisation des sans-églises (voir l’article Aider les membres de son église à évangéliser de personne à personne).

Les personnes qu’il évangélise sont invitées dans un premier parcours. Le premier parcours consiste en une (petite) série d'enseignements dans lequel est proclamé le kérygme; à savoir 1) L'amour de Dieu; 2) Les conséquences du péché; 3) Le salut en Jésus-Christ, mort et ressuscité; 4) L'appel à la conversion et au baptême; 5) L'accueil du Saint Esprit; 6) Le cheminement en église.

Le but de ce premier parcours est de faire faire un acte de foi aux personnes présentes. Il y est aussi proposé une discipline de base pour croître spirituellement (lecture quotidienne de la Bible, prières, association avec d'autres chrétiens, persévérance dans les parcours de formation proposés par la communauté). Il peut aussi être demandé aux membres de participer en groupe à des activités de renouvellement spirituel ainsi qu’à des activités pour aider les démunis et les malades. Ce parcours incitera aussi les participants à recevoir le baptême et/ou d'autres sacrements selon les pratiques particulières des églises.

Le deuxième parcours présente différentes approches d'évangélisation des sans-églises. Les participants peuvent être appelées à témoigner de leur conversion dans des activités du premier parcours. À la fin de ce deuxième parcours, ils s'engagent à évangéliser et à mieux témoigner du Christ par toute leur vie.

Le troisième parcours permet aux participants d’approfondir leur foi car ils y reçoivent un enseignement plus systématique et approfondi des différents aspects de leur foi. Pour les églises à caractère charismatique, il peut y avoir un enseignement sur les dons spirituels.

Le quatrième parcours vise à aider les participants à découvrir leurs dons, leurs intérêts et leurs disponibilités afin de pouvoir éventuellement s'engager dans une des activités de l'église à laquelle est reliée la petite communauté missionnaire. À la fin de ce parcours, il est proposé aux membres de s'engager pour un an dans une ou l’autre des activités de l’église.

Le cinquième parcours est plus pratique que théorique car les personnes s’impliquent dans une des activités missionnaires.  Ils y sont  formés dans l’action.  Son but est de faire faire l’expérience de Dieu dans l’engagement, de porter du fruit et d’évangéliser à travers une des activités de l’église.

Le sixième parcours vise à former au leadership des personnes qui semblent en avoir l'aptitude. Le contenu de ce parcours peut être à la fois théorique et pratique. Ceux qui l'on suivi avec succès peuvent s'engager durant un an comme leaders dans une des activités de l’église.

Le cheminement proposé aux nouveaux convertis comprend donc plusieurs parcours en séquence qui contribuent à la maturité spirituelle. La progression des parcours est présentée ci-dessous.

Toutes les activités de l’église devraient avoir un but  missionnaire, c'est-à-dire que ceux et celles qui les réalisent devraient viser à évangéliser et à faire croître l'église à travers leur engagement particulier. Si par exemple des personnes se sont engagées à servir Dieu dans le ministère de la musique ou de la chorale, celles-ci devraient essayer de toucher les cœurs et d'amener au salut les personnes qui les écoutent. Il en est de même pour celles qui pourraient s’occuper de l’accueil, de l’aide auprès des pauvres, etc.

La personne qui démarre le processus de formation devra être capable d’animer et de coordonner l’ensemble des parcours. Ce n’est que dans un deuxième temps qu’elle pourra déléguer à d’autres l’animation des parcours après avoir découvert et formé des leaders/animateurs.

3. AUTRES ACTIVITÉS À METTRE EN PLACE


Outre les parcours de croissance les petites communautés mettront en place d’autres activités. Nous en décrivons ci-dessous quelques-unes :

· Formation et suivi des responsables.
· Activités de renouvellement et de croissance spirituelles des membres (prières, célébrations, adoration, retraites, etc.).
· Activités d’évangélisation.
· Activité de fraternisation.
· Accueil et suivi des nouveaux.
· Célébrations pour personnes en recherche.
· Parrainage / « coaching ».
· Activité de découverte des aspirations et des besoins du milieu.
· Catéchèses pour enfants.
· Rencontres en petits groupes (églises domestiques/églises de maison).
· Activités pour connaître les besoins et les aspirations du milieu (interne et externe).
· Activités de compassion pour répondre aux besoins de la communauté.
· Activités de compassion pour répondre aux besoins du milieu.
· Réalisation d’un site Internet de qualité.
· Activités d'évaluation et d'amélioration continue.

4. OREINTATIONS PASTORALE ET MISSIONNAIRES PARTICULIÈRES

Afin de favoriser leur développement les communautés adopteront certaines orientations pastorales et missionnaires :

· Constituer un réseau d'intercesseurs pour soutenir le projet.
· Rédiger un énoncé de mission clair et mémorisable qui fasse ressortir la vocation à l'évangélisation et à la croissance de la communauté.
· Choisir les activités en fonction de l’énoncé de mission.
· Communiquer la conviction que Dieu souhaite non seulement la croissance des membres (leur maturité spirituelle) mais aussi la croissance visible des communautés.
· Planifier, fixer des objectifs mesurables, suivre les progrès accomplis, évaluer et ajuster.
· Tenir compte des capacités et des disponibilités de chacun avant de lancer des activités.
· Approfondir la connaissance du milieu pour adapter les services aux besoins et aux aspirations des personnes qui s'y trouvent.
· Créer des célébrations vivantes et de qualité qui adaptent le style de louange aux différents groupes que l’on cherche à rejoindre et à interpeller.
· Mettre l’emphase sur l’accueil du Saint-Esprit et la pratique des dons spirituels (charismes).
· Créer des petits groupes par affinités spirituelles ou missionnaires.
· Garder l’équilibre entre les différentes fonctions de l’église : évangélisation, fraternisation, célébration, formation de disciples, engagement social.
· Concentrer ses efforts d’évangélisation sur les groupes les plus réceptifs.
· Fonctionner par petits groupes de maison.
· Utiliser un vocabulaire compréhensible par tous.
· Continuer à rechercher et à enseigner les facteurs qui favorisent la croissance des églises.
· Se donner des points de repère (mesurables) pour une culture de croissance équilibrée et saine.

5. PRÉVOIR CERTAINS RISQUES

La prévision des risques vise à mieux faire ressortir certains écueils possibles associés à un projet afin d’éviter certaines difficultés en cours de route. Dans le développement d’un projet, comme dans toute entreprise, certains risques peuvent particulièrement être associés à la recherche d’efficacité. Ainsi, dans la gestion et l’animation du projet des petites communautés missionnaires, il faudra veiller à ce que les membres ne soient jamais considérés comme de simples « outils » au service de la croissance mais bien comme des personnes. Certes, le souci de la croissance n’est pas mauvais en soi, au contraire, mais à celui-ci doit s’ajouter ceux de l'équilibre et de la santé.

Le développement du projet sera équilibré si l’on prend soin de mettre en œuvre les différentes fonctions de l’église (évangélisation, mais aussi célébration, fraternité, charité, formation des membres et des responsables et développement des ministères laïcs).

Le développement sera sain si les responsables sont en premier lieu au service des personnes plutôt qu’au service de la croissance organisationnelle proprement dite. Les responsables et les personnes impliquées dans les activités des communautés  missionnaires auront aussi à veiller à ne pas négliger leur santé ou leur vie familiale. Il leur faudra enfin s’assurer que la formation proposé dans les communautés amène bien les membres à une santé intégrale : spirituelle, psychologique et physique.


6. PLAN DE DEVELOPPEMENT


Cette dernière partie présente une ébauche de plan d'action pour le démarrage des petites communautés missionnaires. La partie des tâches sera complétée au fur et à mesure avec l’aide de l’équipe de démarrage.

Étapes Objectifs Tâches
1. Trouver des chrétiens qui feront partie d’une équipe de démarrage · Présenter le projet des petites communautés dans son ou ses églises locales et demander s’il y a des personnes intéressées à participer à une équipe de démarrage. Prendre leurs noms et leurs numéros de téléphone.
· Choisir parmi les personnes intéressées celles qui feront partie de cette première équipe
2. Présenter plus en détail la vision du projet · Réunir l’équipe de démarrage et lui présenter le projet en détail et recevoir des commentaires.
· Ajuster le projet et le plan d’action
· Commencé à définir les tâches avec l’équipe de pilotage pour, petit à petit réaliser les objectifs.
3. Faire participer l’équipe de démarrage à des activités de renouvellement spirituel (Séminaire dans l’Esprit, prières d’intercessions et de confessions, etc.)
4. Constituer un réseau d’intercesseurs
5. Constituer un premier site web sommaire permettant de diffuser les progrès du projet et de mieux communiquer avec l’équipe de démarrage
6. Concevoir et rédiger un énoncé de mission mémorisable pour l’ensemble des petites communautés
7. Former des membres de la première communauté à l’évangélisation des sans-églises
8. Préparer le lancement officiel du projet · Choix d’un nom peut-être différent pour le projet
· Logo
· Plaquette (ou dépliant) de présentation
· Affichettes
· Publications d’articles
· Réalisation d'une vidéo pour présenter le projet
9. Lancer le projet
10. Commencer les efforts d’évangélisation auprès des sans-églises
11. Insérer les personnes évangélisées dans les parcours dans les communautés · Création de célébrations pour personnes en recherche
12. Étudier continuellement le milieu · Tâcher de discerner les besoins et la réceptivité des sans-églises.
· Définir un groupe cible.
· Faire un sondage auprès des personnes du milieu notamment pour découvrir leurs objections face à la pratique religieuse.
13. Choisir des critères et des mesures pour évaluer les activités
14. Choisir de critères pour mesurer la maturité spirituelle des membres des communautés missionnaires
15. Multiplier les communautés
16. Évaluer les progrès accomplis
17. Ajuster les activités selon les résultats de l’évaluation

ANNEXE : Orientations pastorales qui favorisent la croissance des communautés chrétiennes


1. Faire de la première annonce (l’évangélisation des sans-églises) la priorité pastorale;
2. Favoriser le renouveau spirituel des membres;
3. Former et impliquer les laïcs;
4. Formuler et communiquer une vision;
5. Définir des objectifs mesurables;
6. Planifier;
7. Acquérir une bonne connaissance du milieu;
8. Former des leaders laïcs;
9. Tâcher de répondre aux besoins du milieu;
10. Mettre sur pied une structure de petits groupes;
11. Impliquer les membres selon leurs dons et leurs talents;
12. Mobiliser et former l’ensemble des membres de l’église pour évangéliser;
13. Inviter les chrétiens à témoigner auprès de leurs proches;
14. Concentrer ses efforts sur les personnes réceptives;
15. Concevoir des célébrations dynamiques avec un style de musique contemporain;
16. Mettre sur pied des célébrations ou des groupes d’accueil pour les personnes en recherche;
17. Augmenter la capacité d’accueil et de parrainage des membres de l’église;
18. Augmenter l’enthousiasme et la ferveur des membres;
19. Adapter les structures matérielles de l’église à la mission;
20. Rechercher de façon continue ce qui contribue à la croissance des églises et former les responsables.

mercredi 30 décembre 2009

Processus d’évangélisation et de formation des disciples

Auteur : Pierre-Alain Giffard


 La plupart des églises en croissance ont conçu des parcours d’évangélisation et de croissance destinés à faire accepter Jésus comme Sauveur et Seigneur, à faire croître spirituellement les membres de la communauté chrétienne, à les impliquer dans la mission et à former des leaders.  Il s’agit d’un processus de formation en plusieurs étapes. À titre d’exemple, nous en avons schématisé un à la page suivante.

Ce processus de formation peut être commencé et animé par une seule personne ou un petit groupe dans la mesure où ses membres sont formés et dotés d'un esprit missionnaire. 



Dans une première étape, la personne responsable du petit groupe forme quelques membres à l’évangélisation auprès des non-chrétiens et des non-pratiquants (voir le huitième chapitre de la quatrième partie : Aider les membres de son église à évangéliser de personne à personne).

Les personnes ainsi évangélisées sont invitées dans un premier parcours. Celui-ci consiste en une (petite) série d'enseignements dans lequel est proclamé le kérygme; à savoir 1) L'amour de Dieu; 2) Les conséquences du péché; 3) Le salut en Jésus-Christ, mort et ressuscité; 4) L'appel à la conversion et au baptême; 5) L'accueil du Saint Esprit; 6) Le cheminement en église.

Le but de ce premier parcours est de faire faire un acte de foi aux personnes présentes. Il y est aussi proposé une discipline de base pour croître spirituellement (lecture quotidienne de la Bible, prières, association avec d'autres chrétiens, persévérance dans les parcours de formation proposés par la communauté chrétienne). Il peut aussi être demandé aux membres de participer en groupe à des activités de renouvellement spirituel ainsi qu’à des activités pour aider les démunis et les malades. Ce parcours incitera aussi les participants à recevoir le baptême et/ou d'autres sacrements selon les pratiques particulières des églises.

Le deuxième parcours présente différentes approches d'évangélisation des sans-églises. À la fin de celui-ci, les participants s'engagent à évangéliser et à mieux témoigner du Christ par toute leur vie.

Le troisième parcours permet aux participants d’approfondir leur foi car ils y reçoivent un enseignement systématique et approfondi des différents aspects de la foi et de la vie chrétienne.  Pour les églises à caractère charismatique, il peut y avoir un enseignement sur la pratique des dons spirituels.

Le quatrième parcours vise à aider les participants à découvrir leurs dons, leurs intérêts et leurs disponibilités afin de pouvoir éventuellement s'engager dans l’une ou l’autre des activités de la communauté chrétienne. À la fin de ce parcours, il est proposé aux membres de s'engager pour un an dans une ou l’autre des activités de l’église.

Le cinquième parcours est plus pratique que théorique car les personnes s’impliquent dans une des activités missionnaires.  Ils y sont  formés dans l’action.  Son but est de faire faire l’expérience de Dieu dans l’engagement, de porter du fruit et d’évangéliser à travers une des activités de la communauté chrétienne.

Le sixième parcours vise à former au leadership des personnes qui semblent en avoir l'aptitude. Le contenu de ce parcours peut être à la fois théorique et pratique. Ceux qui l'on suivi avec succès peuvent s'engager durant un an comme leaders dans une des activités de l’église.

Les activités inscrites sur le schéma ne sont pas exhaustives, mais il est important qu’elles se diversifient selon les quatre grandes fonctions de l'église:
  1. La fonction  cultuelle: Activités de célébrations et de prières  qui correspondent à la figure et à la mission du Christ Prêtre dans l'Évangile.
  2. La fonction prophétique: Activités d’évangélisation et d’enseignements qui correspondent à la figure et à la mission du Christ Prophète.
  3. La fonction  hodégétique: Activités de direction et de leadership dans la communauté chrétienne qui correspondent à la figure et à la mission du Christ Roi.
  4. La fonction  socioculturelle: Activités d’entre-aide et de solidarité envers les pauvres, de visite et de guérison des malades, qui correspondent à la figure et à la mission du Christ Sauveur.
L’équilibre et la diversification des activités de l’église autour de ces quatre pôles permettent de ne pas tronquer la mission d'une de ses composantes essentielles.

Toutes les activités de la communauté chrétienne devraient voir un but  missionnaire, c'est-à-dire que ceux et celles qui les réalisent devraient viser à évangéliser et à faire croître l'église à travers leur engagement particulier. Si par exemple des personnes se sont engagées à servir Dieu dans le ministère de la musique ou de la chorale, celles-ci devraient essayer de toucher les cœurs et d'amener au salut les personnes qui les écoutent. Il en est de même pour celles qui pourraient s’occuper de l’accueil, de l’aide auprès des pauvres, etc.

La personne qui démarre le processus de formation devra être capable d’animer et de coordonner l’ensemble des parcours. Ce n’est que dans un deuxième temps qu’elle pourra déléguer à d’autres l’animation des parcours après avoir découvert et formé des leaders/animateurs.

Cet article se trouve dans le livre : GIFFARD, Pierre-Alain, La croissance de l’Église : outils et réflexions pour dynamiser nos paroisses, Nouan-le-Fuselier, Éditions des Béatitudes, 2012.

LA CROISSANCE DE L'ÉGLISE