mercredi 4 février 2009

Les fondations de la croissance des Églises

Auteur: Pierre-Alain Giffard

La croissance d’une communauté chrétienne peut être grandement favorisée par l’application de certaines orientations pastorales, mais son développement devrait reposer sur des fondements solides:

La charité (1 Corinthiens 13, 1)

La charité[1] à laquelle Dieu nous appelle est universelle, elle transcende et dicte toutes les prescriptions religieuses et embrasse toute l’humanité. Elle est destinée à tous les êtres humains quels que soient leur statut social ou économique, leur race, leur langue, leur origine ethnique, leur citoyenneté, leur religion, leur âge, leur genre, leur handicap ou leur situation géographique. Sans la démonstration d’une telle charité, le message de l’Évangile est creux, une cymbale qui retentit, et la croissance de l’Église est compromise : « Sans doute serais-je chrétien, disait Gandhi, si les chrétiens l’étaient vingt-quatre heures sur vingt-quatre. »

Un zèle apostolique éclairé (Marc 12, 29-30 ; Apocalypse 3, 16)

« Le zèle de ta maison me dévore. » (Ps 68, 10) Ce verset biblique exprime bien l’esprit missionnaire qui devrait habiter tous les chrétiens. Unis à Dieu par leur baptême, ils ont à se synchroniser avec l’élan missionnaire de la Trinité. Mais ce zèle ne ressemble en rien, de près ou de loin, au fanatisme ou à l’intégrisme religieux. Un chrétien authentique ne peut pas être offensif, irrespectueux ni blessant au nom de la vérité, même s’il prétend défendre une cause sacrée. Il devrait plutôt être animé d’une soif et d’un ardent désir de faire connaître et aimer Jésus par ses actes et par ses paroles. Le zèle apostolique s’exprime dans l’amour, l’humilité, la paix, la douceur, la patience et le respect des autres.

La compétence

« Où manque le savoir, le zèle n’est pas bon, qui presse le pas se fourvoie. » (Pr 19, 2) Dieu nous a donné l’intelligence et c’est à nous de nous en servir. Pour mieux accomplir la mission qui leur est confiée, les chrétiens ont la responsabilité de se former. « C’est par la sagesse qu’on bâtit une maison, par l’intelligence qu’on l’affermit. » (Pr 24, 3) Il existe aujourd’hui de nombreuses Églises de type paroissial en croissance et l’observation montre qu’elles adoptent des orientations pastorales communes. Il revient aux responsables d’Églises de les étudier et de s’en inspirer (1 Th 5, 21).

L’intégrité

Idéalement, la conduite des chrétiens devrait être exemplaire (1 P 1, 15). Il va sans dire que les scandales dans l’Église (d’ordre sexuel, financier ou autres) empêchent le monde de s’ouvrir au message de l’Évangile ; ils endommagent la confiance des fidèles envers leurs pasteurs et créent des divisions internes. Ceci nuit considérablement à l’œuvre de l’évangélisation et à la croissance des églises locales.

La clarté doctrinale

Pour assurer la croissance, les chrétiens doivent dissiper une certaine brume causée par les remises en question au niveau du salut. Les relativisations théologiques, quant aux moyens de salut, sont paralysantes pour la mission. Le Christ est la révélation complète et finale de Dieu à l’humanité. Malgré les richesses des autres religions, il n’y a pas d’autre chemin pour parvenir à Dieu (Ac 4, 12). Jésus est le seul Sauveur et vouloir persuader les hommes et les femmes de le suivre ne doit pas être considéré comme du prosélytisme, mais comme une simple réponse d’amour envers Celui qui nous a sauvés et qui veut que toute l’humanité le soit également (1 Tm 2, 4).

Les œuvres surnaturelles de l’Esprit Saint

Les Évangiles sont des récits de miracles continuels. Jésus opéra un grand nombre de signes et il partagea ce pouvoir avec ses disciples afin qu’ils préparent sa venue (Mc 16, 17-18). Aujourd’hui encore, Jésus se manifeste de différentes façons et il continue d’accomplir des prodiges qui nous montrent à quel point il est toujours présent et agissant. Ces actes de l’Esprit sont là pour nous encourager et pour contribuer à la croissance de l’Église. L’Esprit Saint assiste l’Église dans ses entreprises. Il rend présente et communique la Bonne Nouvelle du Royaume. À nous de collaborer avec Lui dans nos entreprises missionnaires.

« Car, je vous le dis en vérité, si vous avez de la foi comme un grain de sénevé, vous direz à cette montagne : Déplace-toi d’ici à là, et elle se déplacera, et rien ne vous sera impossible. » (Mt 17, 20)

La paix

Une communauté chrétienne qui ne connaît pas la paix a peu de chance d’attirer du monde et risque de perdre ses membres. Les divisions et les disputes dans une Église sont des scandales. Les disciples de Jésus sont appelés à vivre et à annoncer l’Évangile de la paix (Ep 6, 15). Jésus a reproché aux Pharisiens de ne pas être entrés dans le Royaume de Dieu et d’en fermer la porte à ceux qui souhaitaient y entrer (Mt 3, 13). Le règne de Dieu est justice, paix et joie dans l’Esprit Saint (Rm 14, 17). Une communauté chrétienne doit en connaître le chemin et en faire l’expérience pour pouvoir y guider d’autres personnes.

Le respect du sacré

Les personnes qui assistent aux cultes cherchent une communion avec le sacré. Le bon sens fait comprendre que Dieu, qui est au-dessus de tout et qui est Saint, doit être adoré et respecté. Certaines personnes se sentent désorientées et scandalisées lorsqu’elles constatent la perte du sens du sacré dans les Églises. Parlant par la bouche d’Ézéchiel, Dieu a reproché aux prêtres d’Israël de ne pas faire la différence entre le saint et le profane :
« Ses prêtres ont violé ma loi et profané mes sanctuaires : entre le saint et le profane, ils n’ont pas fait de différence et ils n’ont pas enseigné à distinguer l’impur et le pur. Ils ont détourné les yeux de mes sabbats et j’ai été déshonoré parmi eux. » (Ez 22, 26)
Le sens du sacré devrait nous amener à conduire les cérémonies avec le plus grand soin et le plus grand respect possible. Dans un monde qui n’a que peu de points de repères moraux à offrir, les chrétiens veulent être dirigés dans la voie de la sainteté et de l’adoration.


[1] La charité est une démonstration d’affection envers les autres. Elle se soucie du bien des personnes. Elle cherche à répondre à leurs besoins et à les aider dans leurs épreuves et leur cheminement. Elle est insépa-rable de la solidarité, du sacrifice et de l’effort, mais aussi de la chaleur humaine (Lc 10, 27-37 ; Lc 16, 20-31 ; Mt 25, 31-46).


Cet article se trouve dans le livre : GIFFARD, Pierre-Alain, La croissance de l’Église : outils et réflexions pour dynamiser nos paroisses, Nouan-le-Fuselier, Éditions des Béatitudes, 2012.

LA CROISSANCE DE L'ÉGLISE