vendredi 24 avril 2009

Six valeurs organisationelles essentielles pour la croissance

Auteur: Pierre-Alain Giffard

Six valeurs organisationnelles devraient accompagner tout projet de croissance ecclésial. Ces valeurs sont représentées dans le schéma ci-dessous :


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La recherche de l’efficacité

Rechercher l’efficacité, c’est chercher à arriver aux buts fixés. D’après Yves Saint-Arnaud, la poursuite de l’efficacité aide l’être humain à s’actualiser. Rechercher l’efficacité, c’est aussi chercher à être plus compétent pour faire croître la communauté chrétienne. C’est laisser l’Esprit Saint prendre plus de place car c’est Lui qui donne puissance et fécondité aux activités de l’Église.

La recherche de la santé

Certains problèmes pourraient surgir si l’on accorde trop d’importance à la poursuite de l’efficacité. En effet, les membres de la communauté chrétienne peuvent progres-sivement être considérés, non plus comme des personnes, mais comme des outils au service de la croissance. Il peut s’en suivre une atmosphère malsaine, due aux pressions et aux manipulations faites sur les membres. Prendre en compte la valeur de la santé veut dire respecter les membres, consi-dérer leurs autres responsabilités (obligations familiales, associatives, professionnelles, sociales, etc.) et accroître leur satisfaction et leur bien-être dans leur engagement au service de l’Église.

La recherche de l’équilibre

Rechercher seulement l’efficacité au nom de la croissance présente aussi le risque de tronquer l’Église d’une ou de plusieurs de ses fonctions essentielles. Par exemple, les activités sociales d’aide aux pauvres et aux démunis à l’inté-rieur et à l’extérieur de la communauté chrétienne peuvent être mises de côté au profit des activités d’évangélisation des sans-Églises. La poursuite d’efficacité devrait donc non seulement être au service des personnes, mais aussi au service du développement intégral de l’Église.

La recherche de santé et d’équilibre vise entre autres : 

✓ que les pasteurs ne négligent pas leur vie familiale ni leur santé au nom du développement de la commu-nauté chrétienne ;
✓ que les différentes fonctions de l’Église soient déve-loppées de façon égale ;
✓ que la formation des disciplines amène les membres de la communauté chrétienne à la santé intégrale (spirituelle, psychologique et physique) ;
✓ que les membres ne soient pas considérés comme des moyens et utilisés pour développer l’Église.

La recherche de la justice

Pratiquer la justice, c’est être équitable ; c’est respecter le droit de chacun ; c’est payer un juste salaire à ses employés et leur offrir une assurance médicale et une pension de vieil-lesse. C’est chercher à résoudre les problèmes qui peuvent se présenter de manière à ce que tout le monde gagne. C’est aussi admettre ses fautes et chercher à les réparer. La règle d’or de la justice : traiter les autres comme on voudrait être traité soi-même.

La recherche de l’intégrité

Être intègre au niveau organisationnel, c’est, entre autres, respecter les droits d’auteurs, payer ses impôts et organiser la vérification indépendante des états financiers de l’organi-sation (audit externe). C’est aussi éviter toute corruption et n’importe quelle autre fraude.

La recherche de la qualité


Le Père a donné à l’humanité, pour son salut, ce qu’il avait de meilleur, à savoir son Fils. De même, les chrétiens, dans leur désir de plaire à Dieu, devraient tout faire de leur mieux. Viser la qualité, c’est tout faire avec amour comme si c’était pour Jésus. C’est aussi rechercher la satisfaction de l’assemblée vis-à-vis des activités de l’Église (célébrations, garde d’enfants, enseignements, accueil, etc.). Par ailleurs, la recherche de la vérité est inséparable de la recherche de la qualité.

La recherche de l’innovation


L’Esprit Saint, qui « fait toutes choses nouvelles » (Ap 21, 5), est la source du renouvellement perpétuel de l’Église. Ce renouvellement devrait s’étendre à toutes les dimensions de l’Église (activités, structure, musique, culture, etc.). L’innovation est un synonyme d’adaptation. En tenant compte du milieu dans lequel elle est implantée (ou sur lequel elle est greffée), la communauté chrétienne peut améliorer ses activités afin de mieux rejoindre les sans-Églises qui s’y trouvent ; elle peut ajuster les prédications, les célébrations et les services aux besoins et à la culture des sans-Églises.

Cet article se trouve dans le livre : GIFFARD, Pierre-Alain, La croissance de l’Église : outils et réflexions pour dynamiser nos paroisses, Nouan-le-Fuselier, Éditions des Béatitudes, 2012.

jeudi 2 avril 2009

Pour une recherche de croissance saine et équilibrée

Auteur: Pierre-Alain Giffard

La foi et le cheminement en Église devraient être sources d’épanouissement et de joie, et non pas de traumatismes et de douleurs ; sources de libération et de paix, et non pas d’asservissement et d’angoisse. Il arrive pourtant que des chrétiens soient profondément blessés par leur expérience en Église… Voici donc une liste d’erreurs à éviter afin que la poursuite de croissance ecclésiale soit saine et respectueuse envers les membres de la communauté chrétienne.

Avoir toujours l’air assoiffé d’argent


Certains pasteurs ou certaines Églises réclament sans arrêt des dons et des contributions. Pour récolter plus d’argent, de fortes pressions sont exercées sur les membres (exhortations répétées, culpabilisation, menaces de rétributions divines, réprimandes, etc.) sans tenir compte des besoins personnels des chrétiens et du peu de moyens dont ils disposent parfois (Mc 7, 10-13). Dans certaines communautés, l’idée est explicitement répandue que plus l’on donne, plus on recevra en retour, tendant ainsi à créer une spirale immorale d’enrichissement des pasteurs et d’appauvrissement des membres, ainsi que la pensée illusoire et égoïste que l’on peut s’enrichir dans ce monde en donnant de l’argent à l’Église.

En tant que pasteur, avoir un niveau de vie nettement supérieur aux membres de son Église


Quoi de plus déplorable que des pasteurs roulant en voiture de luxe, habitant de grandes maisons et s’habillant à la dernière mode alors que les membres de leurs Églises, qui versent leurs salaires, ont du mal à rejoindre les deux bouts (1 Tm 6, 5-9 ; 1 Tm 6, 10-11 ; Pr 22, 22). L’Église n’est pas une entreprise d’exploitation des membres et encore moins une machine à « traire » les pauvres.

Isoler les membres

Volontairement ou involontairement, certaines Églises isolent leurs membres, particulièrement de leurs familles et de leurs proches, sous prétexte de les protéger de mauvaises influences. Cet isolement peut aussi simplement résulter de ce qu’il est exigé des membres une trop grande participation aux réunions et activités d’Églises. Parfois, hélas, pour assurer une plus grande implication des membres, des pasteurs communiquent l’idée, implicitement ou explicitement, que le temps consacré aux activités d’Église est plus important que celui passé avec sa propre famille ou celui nécessaire aux études…

Contrôler les membres

Il y a un niveau de contrôle que l’on trouve dans certaines Églises qui nuit à la dignité des personnes et qui infantilise les membres. Par exemple, il peut être interdit de regarder la télévision, il est demandé aux femmes de ne pas se maquiller, de ne pas porter de bijoux, de garder les cheveux longs. On y trouve un code d’habillement excessivement strict. Les responsables n’hésitent pas à poser des questions indiscrètes sur la vie personnelle des membres et ceux-ci sont encouragés à se dénoncer mutuellement. Les peurs de l’enfer et de la rétribution divine ou simplement celle de ne pas être accepté par la communauté sont utilisées pour soumettre les membres aux règlements et aux coutumes en place.

Éviter d’avoir des comptes à rendre au niveau pastoral et au niveau financier

Pour éviter les abus, une communauté chrétienne devrait avoir un système interne dans lequel il est possible pour les membres de faire connaître leurs opinions et si nécessaire de faire rapporter des abus à des autorités religieuses externes à la communauté chrétienne. Les membres devraient aussi avoir l’assurance que leurs plaintes seront sérieusement prises en considération et que, si effectivement il y a eu abus, des mesures disciplinaires adéquates seront prises.

Encourager l’« idolâtrie » et un « amour » excessif envers le pasteur fondateur ou le pasteur principal

Il y a un danger pour une Église lorsque son leader se complaît excessivement dans l’affection des membres à son égard. Il peut même chercher à l’entretenir et la faire grandir. Le culte de la personnalité du leader peut entraîner ce dernier vers l’exaltation, la mégalomanie et la paranoïa et entraîner toute la communauté vers la dérive.

Faire ressentir aux membres qu’ils ne sont pas pleinement acceptés dans la communauté chrétienne, qu’ils ne sont pas « spirituels » ou leur dire carrément qu’ils sont en état de péché…


✓ s’ils ne donnent pas assez d’argent ;

✓ s’ils ne s’impliquent pas suffisamment dans les activités de la communauté chrétienne ;

✓ s’ils n’assistent pas aux réunions ;

✓ s’ils n’exercent pas tel ou tel don spirituel (le don des langues, par exemple) ;

✓ s’ils ne croient pas à tel ou tel point secondaire de doctrine ;

✓ s’ils ne s’habillent pas selon la norme ;

✓ s’ils fréquentent occasionnellement une autre Église.

Entretenir une telle culture dans la communauté ou employer une telle tactique de contrôle relève de la manipulation et n’a rien à voir avec l’esprit de l’Évangile.

Perpétrer d’autres abus tels que…

✓ Demander aux membres de confesser leurs péchés devant toute l’assemblée ;

✓ Menacer les membres en leur disant qu’ils iront en enfer s’ils quittent la communauté chrétienne ;

✓ Utiliser les humiliations publiques ou/et avoir recours aux violences physiques pour corriger les membres.


Texte extrait du livre : GIFFARD, Pierre-Alain, La croissance de l’Église : outils et réflexions pour dynamiser nos paroisses, Nouan-le-Fuselier, Éditions des Béatitudes, 2012.

LA CROISSANCE DE L'ÉGLISE