Auteur:
Pierre-Alain Giffard
Former les membres d’une communauté chrétienne à partager l’Évangile et les responsabiliser face à leur mission de baptisés est un des facteurs majeurs qui favorise la croissance d’une communauté chrétienne. Jésus, après sa résurrection, a confié à son Église le soin de poursuivre sa mission évangélisatrice : « De même que le Père m'a envoyé, moi aussi, je vous envoie » (Jean 20:21 ). L'annonce et le témoignage de l'Évangile sont en fait le premier service que les chrétiens peuvent rendre au monde. Ce sont tous les chrétiens qui ont la responsabilité, à leur manière, de transmettre l'amour de Dieu qui se manifeste dans le salut offert par Jésus-Christ.
Mais que dire aux chrétiens pour les
aider à évangéliser ? Comment rendre leur témoignage convaincant et persuasif ?
Comment leur permettre d’amener d’autres personnes à faire un acte de foi en
Jésus-Christ ? Ce sont les questions auxquelles cet article tente de répondre...
1. Une démarche initiale
Évangéliser signifie annoncer
Jésus-Christ par la parole et par les actes. C’est être le porte-parole du
salut offert en Jésus et l’instrument de sa présence et de son action dans le
monde. L’évangélisation première a pour objectif d’aider tous les hommes et les
femmes à faire un acte de foi envers Jésus
et à devenir ses disciples.
L’annonce missionaire contient la proclamation claire du salut offert en Jésus comme don de la miséricorde de Dieu pour effacer les péchés du monde et permettre aux hommes et aux femmes de recevoir l’espérance de la vie éternelle. Si tu savais le don de Dieu et qui est celui qui te dit : Donne-moi à boire, dit Jésus àla Samaritaine , c'est toi qui l'aurais prié et il t'aurait
donné de l'eau vive (Jean 4:10). Évangéliser c’est aller à la rencontre
du besoin, de la soif d'amour, de paix, de pardon et de sens à la vie qui
habite le cœur des êtres humains.
Mais une telle action nécessite en général de bâtir une relation de confiance et de prendre le temps d’entrer en dialogue. Un dialogue d’amitié accompagné de marques d'intérêt sincère pour les personnes. Il est parfois long, parfois bref, de quelques minutes à plusieurs heures et même plusieurs années... Mais cette période, ce temps est essentiel. Il permet de créer des liens et de poser des actes d’amour qui prépareront l’accueil de l’Évangile.
L’annonce missionaire contient la proclamation claire du salut offert en Jésus comme don de la miséricorde de Dieu pour effacer les péchés du monde et permettre aux hommes et aux femmes de recevoir l’espérance de la vie éternelle. Si tu savais le don de Dieu et qui est celui qui te dit : Donne-moi à boire, dit Jésus à
Mais une telle action nécessite en général de bâtir une relation de confiance et de prendre le temps d’entrer en dialogue. Un dialogue d’amitié accompagné de marques d'intérêt sincère pour les personnes. Il est parfois long, parfois bref, de quelques minutes à plusieurs heures et même plusieurs années... Mais cette période, ce temps est essentiel. Il permet de créer des liens et de poser des actes d’amour qui prépareront l’accueil de l’Évangile.
2. Parler de Dieu
Durant ses dialogues,
l’évangélisateur pourra parfois aborder directement le
« sujet » de Dieu. Il pourra par exemple dévoiler ses propres options
religieuses et poser des questions: « Dieu est-il important pour vous? »,
« Connaissez-vous Dieu? » Si c'est approprié, certains passages bibliques peuvent
êtres cités[1].
Mais évangéliser n'est pas
citer machinalement des versets bibliques. C'est plutôt évoquer des
passages de la Parole que l’Esprit Saint nous inspire sur le moment.
On peut aussi se poser la question: Ce que je souhaite dire ou le passage de la bible que je vais citer répond-il réellement
aux besoins ou aux aspirations que je ressens chez mon
interlocuteur ?
Aussi l’Évangile sera mieux accueilli s’il
est présenté durant des moments de réceptivité. C’est le cas par exemple
des périodes de transition et d’incertitude (déménagement, changement de travail,
adolescence, etc.) ou lorsque des souffrances particulières sont subies
(divorces, maladie, perte d’un être cher, etc.); il y a aussi les temps de Noël
ou de Pâques. Des recherches montrent que parmi les groupes les plus réceptifs
à l’Évangile sont les jeunes familles avec des enfants et les étudiants au
niveau universitaire.
3. Quelques conseils pour annoncer l'Évangile
- Se préparer dans la prière.
- Avoir une bonne connaissance du salut.
- Connaitre par coeur certains versets bibliques.
- Invoquer l’Esprit Saint durant ses conversations.
- Parler de Dieu quand les gens sont le plus réceptifs.
- Être un exemple de ce que l’on annonce.
- Employer un vocabulaire simple, compréhensible par des personnes qui n’ont pas ou très peu de culture chrétienne.
- Être chaleureux et attentif.
- Ne pas juger, accepter les personnes telles qu’elles sont, respecter le cheminement de chacun.
- Bénir intérieurement les personnes à qui l'on parle.
- Avoir des paroles qui apportent la paix, le pardon et l'espérance.
- Citer les Évangiles de manière à aider les personnes dans leurs situations particulières et de manière à répondre à leurs soifs spirituelles.
- Ne pas se montrer timide ou gêné… mais aussi savoir ne pas s'imposer.
- Parler avec tact et courtoisie.
- Exprimer sa joie de connaitre Jésus.
- Avoir des documents à laisser à ses interlocuteurs: Évangiles, dépliants, livres sur la foi, etc.
- Éviter les disputes doctrinale (2Timothée 2:14[1]).
4. Trois qualités importantes pour évangéliser
Le courage : Celui-ci s'exprime dans le sacrifice de son respect humain qui nous empêche bien souvent de témoigner de notre foi. Ne pas avoir peur de parler de ses croyances même devant ceux qui nous semblent, à première vue, pas du même avis.
L'humilité : Nous sommes les porteurs d'une Parole qui n'est pas la nôtre et qui a sa source en Dieu lui-même. C'est l'Esprit Saint qui convaincra les personnes si nous pensons l'invoquer durant nos échanges
La charité : Celle-ci nous fait supporter de n’être parfois pas écouté et parfois même rejeté ou ridiculisé. La charité invite à ne pas juger et ne pas s’imposer : Proposer oui, insister même, mais savoir quand s’arrêter pour respecter la liberté des autres. La charité pousse à rendre service, à intercéder et à jeûner pour les personnes à qui nous voulons présenter
5. Erreurs à éviter
Le radotage : L’évangélisateur prépare une présentation «
toute faite » de la
Bonne Nouvelle derrière laquelle il s'abrite. Il ne tient pas
compte des situations particulières et des besoins des personnes à qui il
parle.
Le respect humain : L’évangélisateur passe beaucoup de temps
à établir des relations satisfaisantes mais l'objectif semble lui échapper:
Faire faire un acte de foi, faire accepter Jésus comme Sauveur et Seigneur. Cet
évangélisateur cherche à plaire. Il n'ose pas avoir un message incitatif, il
reste toujours sur une position de retrait et d'écoute.
L'égocentrisme : L’évangélisateur ramène tout à lui-même et
se cite en exemple. Il parle volontiers de sa conversion et de ses expériences spirituelles,
mais ne s’intéresse pas à ses interlocuteurs.
Le prosélytisme : L’évangélisateur évangélise en critiquant
les autres confessions chrétiennes. Il prétend être le seul à posséder la
vérité, il prêche plutôt un mouvement ou une église particulière que le Christ
et la Bonne Nouvelle.
Le fanatisme : L'évangélisateur se force un passage et ne
respecte pas le temps nécessaire à certaines conversions. Il nie le droit des
autres à la liberté de conscience. Il menace même au nom de Dieu.
6. Face aux résistances et aux contradictions
Lorsque l'on prend l'initiative de
parler de Dieu, il peut arriver que certaines personnes s’opposent à nous et
parfois même de façon agressive. Dans ce cas…
·
Rester
en paix, bienveillant.
·
Conserver
une attitude d’écoute.
·
Ne pas
se laisser entrainer dans des disputes.
·
Ne pas
juger, pardonner.
·
Confier
son interlocuteur à l’action de l’Esprit.
·
Ne
pas se sentir obligé de répondre sur le
champ.
·
Savoir
accepter des opinions différentes même si elles sont présentées de façon
maladroite.
·
Face à
une accusation personnelle, garder le silence, rester courtois.
·
Si le
dialogue est possible, chercher à se faire expliquer les causes des réactions
négatives.
· Laisser
parler son interlocuteur, ne pas l’interrompre. Plus il s’exprime, plus il
donne des pistes pour nous permettre de mieux comprendre ce qui le trouble et
le préoccupe.
·
Une
personne peut avoir de bonnes raisons d’émettre des réserves,. Il faut savoir
être compréhensif.
« L’habileté, pour un homme, c’est
d’être patient, sa fierté, c’est de passer sur une offense » (Proverbes 19:11).
7. L'annonce proprement dite
Certaines personnes pourront se
montrer ouvertes et intéressées à parler de Dieu. Il sera alors possible
d’expliquer le chemin qui conduit au salut. Les quatre lois spirituelles
élaborées par Bill Bright peuvent aider dans ce sens. (voir aussi en annexe :
5 vérités qui
conduisent au salut).
·
Première
loi : Dieu nous aime et a un plan merveilleux pour notre vie (Jean 3:16; 10:10).
·
Deuxième
loi : L'homme est pécheur et séparé de Dieu, ainsi il ne peut connaître ce que
sont l'amour et le plan de Dieu pour sa vie (Romains 3:23; 6:23).
·
Troisième
loi : Jésus-Christ est la seule solution pour le péché de l'homme. Par lui nous
pouvons recevoir le pardon et connaître l'amour gratuit de Dieu (Romains 5:8;
Jean 14:6).
·
Quatrième
loi : En recevant Jésus-Christ comme notre Sauveur et Seigneur, nous faisons
l’expérience de la miséricorde de Dieu et nous entrons dans l’espérance de la
vie éternelle (Actes 16:31; Éphésiens 2:8-9).
Après la présentation de ces quatre
lois spirituelles ou des cinq vérités (annexe 2), l'évangélisateur, explique à
son interlocuteur que la miséricorde de Dieu lui est accessible maintenant. Il
lui propose alors de répéter après lui une prière qui ressemble à celle-ci : Seigneur Jésus, je te remercie de ton amour
et de ce que tu es venu dans le monde pour me sauver. Je reconnais que j'ai
dirigé ma vie jusqu'à présent sans tenir compte de ta volonté et qu'ainsi j'ai
péché contre toi. Je t‘accepte dans mon cœur et je te reçois comme mon Sauveur
et mon Seigneur. Pardonne mes péchés. Fais de moi la personne que tu désires
que je sois et conduis moi à la vie éternelle.
Amen.
Quand devrait-on présenter les quatre
lois spirituelles ou les cinq vérités qui conduisent au salut?
- Quand la personne manifeste par certaines questions qu'elle
est intéressée à aller plus loin : À quelle église allez-vous? demande-t-elle.
Quels jours et à quelle heure sont les réunions ? Comment puis-je devenir
chrétien ? Comment puis-je connaître Dieu ? Etc.
- Quand la personne répond par l'affirmative à
certaines affirmations : Oui, vous avez raison... .
Et après ?
Lorsqu’une
personne a accueilli Jésus dans son cœur, l’étape suivante consiste à l’introduire dans la communauté des croyants
afin qu’elle y établisse des liens et se fasse baptiser (si ce n'est pas déjà
fait). C’est aussi le temps de lui expliquer les bases d’une discipline
spirituelle qui la conduira à la persévérance et à croissance spirituelle :
·
Prier
Dieu chaque jour (Jean 15:7).
·
Lire la
Parole de Dieu quotidiennement (Actes 17:11).
· Témoigner
de Jésus-Christ par ses paroles et par ses actes (Matthieu 4:19; Jean 15:8).
·
Fréquenter
une Église régulièrement et fraterniser avec d’autres chrétiens.
8. Conclusion
Nous voyons, dans un tel processus
d'évangélisation, toute l’importance du dialogue, de l’écoute et d’un certain courage
pour parler de sa foi. On pourrait schématiser ainsi les différentes étapes de
la première annonce :
1.
Prier
et jeûner pour les personnes que l'on
cherche à évangéliser;
2.
Rendre
service, manifester de l’amour;
3.
Demander
à Dieu des occasions de parler de Lui;
4.
Mémoriser
des versets bibliques et saisir l'essentiel de sa foi;
5.
Aller
vers les autres et établir de nouveaux liens;
6.
Chercher
à comprendre les besoins et les défis des personnes que l’on rencontre;
7.
Oser
parler de sa foi;
8.
Présenter
les quatre lois spirituelles et inviter ses interlocuteurs à accepter Jésus
comme leur Sauveur;
9. Accompagner et conduire les personnes à l’Église.
C'est Jésus-Christ lui-même qui
précède l'œuvre des évangélisateurs, l'accompagne et la conduit. Sa présence ne
fait jamais défaut: « Je suis avec vous tous les jours, jusqu'à la fin du monde
» (Matthieu 28:20).
Précisons enfin que la parole et le
témoignage de vie vont forcément de pair. Si la Parole est en contradiction
avec la conduite, l’annonce de l’Évangile sera compromise. Il peut arriver
aussi que, dans certaines situations, parler de Jésus ne soit ni nécessaire, ni
avisé. Il s’agit alors de faire preuve d'intelligence et de parler avec ses
actes, de parler avec l’amour et avec les vertus que nous manifestons. Car
c’est avant tout, et plus que tout, l’amour qui évangélise, l’amour qui guérit,
l’amour qui attire à la Vérité et qui sauve…
Cet
article se trouve dans le livre : GIFFARD, Pierre-Alain, La
croissance de l’Église : outils et réflexions pour dynamiser nos paroisses,
Nouan-le-Fuselier, Éditions des Béatitudes, 2012.
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