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vendredi 15 janvier 2016

4 disciplines de croissance paroissiale

Par Pierre-Alain Giffard 
La réussite n’est rien de plus que quelques disciplines pratiquées chaque jour disait Jim Rohn, un entrepreneur et coach en développement personnel. Dans notre vie chrétienne et particulièrement notre vie paroissiale, la question émerge: quelles disciplines pratiquer pour réussir la mission que le Christ nous a confiée ? Il y a certes des pratiques personnelles comme le pardon (Luc 6,37) et la charité envers les démunis (Mat 25,40), mais au niveau de notre mission d’évangéliser et de faire des disciples (Mat 28,19), quelles seraient ces disciplines? Dans cet article nous en énumérons quatre.
La prière : Faire des disciples est d’abord une affaire spirituelle. La parole de Dieu dit que c’est Dieu qui assure la croissance (1 Corinthiens 3,7), sans lui nous ne pouvons rien faire (Jean 15,5).  Pour que nos paroisses engendrent de nouveaux chrétiens,  il nous faut d’abord le Lui demander: Demandez, et l’on vous donnera; cherchez, et vous trouverez; frappez, et l’on vous ouvrira (Luc 11,9). Des temps et des activités de prières pour cette intention devraient être planifiées et organisées de façons régulières par les responsables de la paroisse.
Le renouveau spirituel : L’Église a commencé à se développer juste après la Pentecôte et le nombre des disciples s’est rapidement multiplié. Cette croissance est due en grande partie à l’action de l’Esprit-Saint qui a été répandu sur les disciples, à leur témoignage de vie et à la puissance qui accompagnait leur prédication. Mais la Pentecôte n’est pas un événement unique, elle se répète chaque fois que des chrétiens se laissent transformer et renouveler spirituellement par une plus grande fréquentation des sacrements, par la lecture assidue de la Parole, par la participation à des Séminaires de la vie dans l’Esprit, par l’adoration eucharistique, par des retraites spirituelles, par l’engagement dans des petits groupes de foi, par la pratique occasionnelle du jeûne et d’autres disciplines spirituelles. Ce renouveau spirituel devrait d’abord être vécu par les responsables paroissiaux (pasteurs, membres des Conseils paroissiaux de pastorale et des Conseils des affaires économiques) et ensuite être proposés aux autres paroissiens.
L’évangélisation : C’est la responsabilité commune des baptisés de communiquer aux autres l’amour de Dieu et de les inviter à suivre le Christ (Canon 211). Mais comment faire ce travail d’évangélisation dans le cadre paroissial ? Heureusement, il existe plusieurs méthodes comme par exemple le programme Alpha, Kékako et les cellules paroissiales d’évangélisation. La mise en place de tels programmes est un des éléments incontournables pour renouveler et faire croître nos paroisses. À nous de les demander à nos pasteurs!
L’expérience du dimanche : Les personnes invitées et les visiteurs occasionnels du dimanche reviendront à l’église et désireront y cheminer si leur expérience dominicale est positive. Cette expérience passe par la qualité de l’accueil, des homélies, par la beauté de la musique et des chants, par le contact avec le divin, par la propreté des lieux, par les services offerts aux enfants pendant la célébration, par les petits groupes de partage de la foi; par la possibilité de s’impliquer dans des activités bénévoles et de créer des liens d’amitiés, etc. Pour renouveler et faire croître leur paroisse, les paroissiens doivent penser en termes d’accueil des personnes nouvelles et viser à leur faire vivre une expérience spirituelle et humaine positive et mémorable. Une telle expérience est aussi à planifier et à organiser par les responsables de la pastorale avec le soutien du Conseil des affaires économiques.
Les quatre disciplines pastorales présentées dans cet article sont issues de paroisses qui ont réussies à se renouveler spirituellement et à grandir. Elles pourront voir le jour dans nos églises si elles deviennent une priorité pour nos pasteurs, pour les membres des Conseils paroissiaux de pastorale et pour les membres des Conseils des affaires économiques.
Il s’agit de passer d’une gestion paroissiale qui répète le statu quo pastoral d’une Église de chrétienté à un leadership qui cherche à faire des disciples (Mat 28,19). Sans ce virage pastoral, nos paroisses continuerons de décliner et d’autres fermeront hélas leur portes … Il est donc temps de remplir notre devoir missionnaire et de s’adapter culturellement et pastoralement en mettant en place des orientations pastorales qui favorisent la croissance, la vitalité et le rayonnement de nos paroisses (Mat 5,16).

vendredi 12 juillet 2013

Vision et croissance de l’Église

Auteur: Pierre-Alain Giffard

Depuis des décennies, la réalité ecclésiale et sociale en Occident n’a cessé de changer : l’Église est passée d’un contexte de chrétienté à un contexte missionnaire.

Pour les Églises locales, cela signifie qu’il est temps de s’engager dans la mission et particulièrement dans la première annonce[1].

Cet effort d’évangélisation demande d’élaborer et de communiquer une vision dans la paroisse qui aura pour avantage de motiver les chrétiens à participer à la mission de faire des disciples.

1. Qu’est-ce qu’une vision ?

Une vision est une image, un rêve réalisable que l’on souhaite vivre dans un avenir rapproché. Elle pointe vers une destination, elle motive et donne du sens. Elle permet à une organisation d’avoir une direction commune et de faire des choix stratégiques et organisationnels. Une vision n’est toutefois pas un plan d’action, ni une série d’objectifs à réaliser.

D'une certaine façon, une vision agit comme un phare qui guide un navire vers le port recherché en indiquant à l'équipage la direction à suivre. Pour être efficace et servir son but, elle doit être inspirée, formulée de manière à engendrer l’espérance et inciter à l’action.

Quand les pasteurs d’une Église ont une vision qui a du sens et qu’ils la communiquent efficacement, les fidèles sont prêts à consacrer plus de leurs énergies, de leur temps, de leurs talents et de leur argent au service du Christ et de son Église. Un sentiment d’appartenance et de motivation les saisi amenant même des instances non-chrétiennes à vouloir collaborer avec l’Église.

2. L’Église : une vocation à la croissance

Avant de monter au ciel, Jésus a dit à son Église naissante : « Allez, de toutes les nations, faites des disciples[2] ». Dans son Évangile il a souvent expliqué l’importance d’aller au-devant de ceux et celles qui ne le connaissent pas ou qui se sont éloignés de lui[3].

L’Église continue la mission de Jésus. L’Église est convocation, convocation de l’humanité au salut. Au niveau local, celle-ci s’implante ou se greffe dans un lieu donné et est appelée à croître. Plusieurs paraboles bibliques présentent d’ailleurs l’Église comme un « organisme » qui se développe[4].

Cette croissance est d’abord l’œuvre de Dieu, l’œuvre de l’Esprit répandu à la Pentecôte. Elle est un signe de l’action de la grâce et la manifestation extérieure d’une croissance intérieure. Elle est aussi l’œuvre de la foi, l’œuvre de chrétiens qui prient et qui adhèrent à la volonté de Dieu de voir son Église se développer.

Dans ce sens, une vision missionnaire devrait d’abord inciter les croyants à désirer ce que Dieu veut (la croissance de l’Église), à se renouveler dans la foi et la charité[5] et à s’engager dans la mission.

Les Église ont à sortir d’une conception pastorale selon laquelle il suffit de « faire comme on a toujours fait ». Il s’agit de devenir inventif et de se consacrer, avec les énergies et les ressources qui restent, à l’annonce missionnaire[6].

L’annonce missionnaire n’est toutefois pas la seule fonction de l’Église. L’Église doit aussi chercher à renouveler ses célébrations, ses efforts pour être plus accueillante et fraternelle, ses formations envers ses membres et son engagement dans le monde afin de devenir toujours plus signe et sacrement de l’amour de Dieu (Luc 10:25-37; 25:31-36).

3. L’énoncé de vision

À la lumière de ce qui a été dit plus haut, il est possible de formuler un exemple d’énoncé de vision :

Être, sous la mouvance de l’Esprit, une Église au cœur du monde qui engendre et forme de nouveaux[7] disciples qui cheminent en Église et s’impliquent dans sa mission.

Certaines priorités pastorales découlent de cette vision :

1) Aider les chrétiens à prendre conscience de leur identité et de leur responsabilité missionnaire[8] : la mission ne concerne pas seulement les membres ordonnés, mais elle est confiée par Dieu lui-même à tous les baptisés (Luc 10:1-12.17-20);

2) Mettre sur pied des activités de prières afin d’implorer Dieu pour le renouvellement spirituel et missionnaire de l’Église;

3) Former les responsables dans l’Église au sujet des facteurs qui favorisent la croissance de l’Église[9];

4) Former les fidèles au témoignage et à l’annonce de l’Évangile;

5) Inventer de nouveaux chemins et de nouvelles activités qui permettront d’inviter les absents à fréquenter hebdomadairement leur communauté chrétienne;

6) mettre sur pied des cellules d’évangélisation dont la mission première est l’annonce missionnaire et la formation de disciples qui osent témoigner de leur foi et l’annoncer sans détour;

7) Organiser un service d’accueil et de suivi des personnes nouvelles;

8) Créer des parcours de discernement des dons et de formation qui permettront d’impliquer les personnes nouvelles dans des pastorales qui visent la réalisation de la vision;

9) Former des leaders laïcs.

4. L’énoncé de mission

Certains préfèreront un énoncé de mission plutôt qu'un énoncé de vision. Celui-ci pourrait se formuler comme suit:

Engendrer et former de nouveaux disciples qui cheminent en Église vers la maturité spirituelle et s’impliquent dans sa mission.

Bien communiqué, cet énoncé de mission devient celui de tous les membres de l'Église. On ne saurait sous-estimer l’importance de cette communication qui permet de centrer les efforts de la communauté chrétienne sur l'essentiel de la mission évangélique.

Pour ne pas rester lettre morte, il faudra donc qu’il soit, comme la vision et les priorités pastorales qui en découlent, communiqué par différents moyens. Il permettra de formuler des objectifs pour l’Église et de déterminer des activités la rendront missionnaire et féconde.

5. Croire à la croissance et la poursuivre

Basé sur l’expérience de communautés chrétiennes en croissance dans le monde, il est possible de croire que des communautés chrétiennes stagnantes ou en décroissance peuvent redevenir fécondes.

De nombreux ouvrages existent aujourd’hui sur la croissance de l’Église[10]. Ces ouvrages expliquent comment faire de la croissance une réalité. Ils expliquent quels sont les facteurs qui contribuent au développement des Églises.
Parmi les facteurs les plus importants il y a :

1. La communication d’une vision et d’une culture missionnaire dans l’Église;
2. La mise en place d’activités de renouvellement spirituel des croyants (réveil);
3. La mise en place d’activités de prière pour intercéder en faveur des efforts d’évangélisation et en faveur des personnes que l’on cherche à rejoindre;
4. La formation des responsables ecclésiaux concernant les facteurs qui contribuent à la croissance de l’Église;
5. La rédaction d’un plan d’action (planification) pour mettre en place des facteurs de croissance ;
6. La mise en place de cellules d’évangélisation;
7. La formation des croyants au témoignage et à l’annonce de l’Évangile;
8. L’accueil et le suivi des personnes évangélisées, notamment par un système d’accompagnement par parrainage/« coaching » afin de les intégrer à la communauté;
9. Des célébrations vivantes avec de la musique contemporaine;
10. Des homélies qui, à partir de la parole de Dieu, aident et éclairent les membres de la communauté chrétienne vis-à-vis des défis spirituels et humains qu’ils rencontrent quotidiennement;
11. La mise en place d’activités de compassion pour répondre aux besoins internes et externes des communautés chrétiennes;
12. L’effusion de l’Esprit et l’exercice des charismes (dons de l’Esprit : 1Cor 14:1-25);
13. Les efforts de formation des laïcs pour qu’ils dirigent et animent des pastorales missionnaires visant la croissance de l’Église;

Mais il y en a d’autres :

1. La consécration des responsables à la mission de faire de nouveaux disciples;
2. La volonté des membres ordonnés et des laïcs de vivre une authentique coresponsabilité;
3. La priorité pastorale donnée au témoignage de la foi et à la première annonce;
4. La mise en place dans l’Église d’une structure organisationnelle qui veille à déployer de façon équilibrée la triple fonction prophétique, sacerdotale et royale du Christ;
5. La mise en place d’un processus de formation de disciples qui fait cheminer les nouveaux convertis vers la maturité spirituelle et l’implication missionnaire;
6. La mise sur pied de célébrations pour personnes en recherche[11];
7. La mise en place d’un réseau de petites communautés de base ou de petits groupes qui répondent aux besoins des croyants (couple, jeunes familles, jeunes adultes, etc.) et du milieu;
8. Les activités de fraternisation qui contribuent au témoignage d’unité et de communion entre les membres des communautés chrétiennes;
9. La recherche de qualité et d’excellence dans les services offerts;
10. Les activités d'évaluation et d'amélioration continue;
11. La cohérence entre le message proclamé et la vie des chrétiens.

Ces facteurs, ou ces orientations pastorales, offrent des pistes et des idées pour réaliser une vision de croissance. Il ne s’agit pas de tout faire en même temps, mais de faire les choses petit à petit en se fixant des priorités et des objectifs réalisables.

6. La vision et l’équipe de direction

Le premier responsable de l’Église et l’équipe de directions devront manifester par différents moyens leur volonté de voir se réaliser la vision. Ils auront à mettre en œuvre différentes modalités de communication pour la transmettre afin que les membres de la communauté chrétienne se l’approprient et y adhèrent. Les membres de l’équipe de direction jouent donc un rôle de communicateurs et de motivateurs. Ils communiquent la vision, partagent les responsabilités et mobilisent les croyants pour que la vision s’actualise dans leur milieu.

7. Conclusion

La mission de l’Église s’inscrit dans la volonté de Dieu qui veut que tous les hommes soient sauvés et parviennent à la connaissance de la vérité (1Tm 2:4). Cette mission se réalise concrètement sous différentes formes, toutes complémentaires: première annonce, parcours de croissance dans la foi, prières et célébrations, compassion envers les personnes défavorisées, transformation du monde, fraternité, organisation et planification de la mission, gestion des biens matériels en vue de la mission.

Une vision à caractère missionnaire incitera les responsables d’Églises à choisir des orientations pastorales qui favorisent la croissance ecclésiale. Les communautés chrétiennes ne doivent pas être de simples lieux de distribution de services humanitaires ou religieux, elles devraient être des communautés qui témoignent de leur foi en paroles et en actes, qui invitent au salut, qui engendrent et accueillent des nouveaux chrétiens et enfin qui forment les noueaux afin qu’eux aussi cheminent en Église et s’impliquent dans sa mission.

Mais cette vision ne pourra se réaliser si elle n’est pas suivie d’un plan d'action comprenant des phases de réalisation avec des objectifs, des moyens de mis en œuvre et des méthodes d’évaluation. Ce travail de planification revient à l’équipe dirigeante et devrait commencer à se faire dès le début d’une année pastorale afin de préparer l’année pastorale suivante. À la fin de chaque année pastorale, le travail accompli devrait être évalué afin de constater les progrès accomplis et quel chemin il reste à parcourir.


[1] La première annonce (ou l'annonce missionnaire) vise à faire naître dans le cœur du non-croyant, de l'indifférent ou du membre d'une autre religion, un intérêt pour l'Évangile puis elle l’aide à faire un choix, à accueillir le Christ comme Maître et Seigneur de sa vie. Cette option pour la foi se fait par l'action de l'Esprit Saint et l'annonce du kérygme. La première annonce conduit à la conversion initiale qui est adhésion à Jésus-Christ et désir de marcher à sa suite. Cette « option fondamentale » fonde la vie du disciple.
[2] Matthieu 28:19
[3] Il y a notamment les paraboles de la brebis et de la drachme perdues (Luc 15 et Mat 18).
[4] Dans les Évangiles, on trouve les paraboles du lis des champs (Mat 6:28), de la semence qui croît d'elle-même (Mc 4:27), de la graine de moutarde (Mat 13:32), du semeur (Mat 13:4ss), de l'arbre et de ses fruits (Lc 6:43).
[5] Ce renouveau spirituel peut se faire concrètement par une instance sur la vie de prière et la conversion. Parmi les moyens qui peuvent être pris, il y a : les séminaires dans la vie de l’Esprit, l’adoration, la confession des péchés, la lecture assidue de la Parole de Dieu, le jeûne, etc.
[6] Les termes « annonce missionnaire » et « première annonce » expriment la même réalité.
[7] Le terme « nouveau » a deux sens : le premier étant d’amener des non-chrétiens et des personnes indifférentes à la vie ecclésiale à devenir des disciples et le second étant de faire des chrétiens actuels des disciples renouvelés dans leur foi et dans leur ardeur missionnaire.
[8] Cela peut se faire par des formations et d’autres moyens comme les contacts personnels des responsables avec les fidèles, les prédications et le site Internet de l'Église
[9] Une présentation exhaustive des orientations pastorales permettant de favoriser la croissance de l'Église se trouve dans le livre : La croissance de l'Église : outils et réflexions pour dynamiser nos paroisses (Nouan-le-Fuselier, Éditions des Béatitudes, 2012), de Pierre-Alain Giffard.
[10] Parmi les livres en français sur le sujet il y a :
Rick Warren, L’Église une passion une vision. La croissance sans compromettre le message et la mission, Varennes, Eternity Publishing House, 2005.
Peter Wagner, Conduire votre Église vers la croissance, Nyon, France, Carrefour, et Rouen, Menor, 1992, 224 p., la traduction de son livre Leading Your Church to Growth, 1984.
Paul Yonggi Cho, Au-delà des chiffres, Miami, Éditions Vida, 1986.
Paul Yonggi Cho, Les cellules de maison et la vie de l’église, Miami, Éditions Vida, 1989.
Christian Schwarz, Le développement de l'Église: Une approche originale et réaliste, Paris, Empreinte Temps Présent, 1996.
Don Giuseppe Macchioni (Don Pigi Perini), Évangéliser en paroisse, l'expérience des cellules paroissiales d'évangélisation, Nouan-le-Fuzelier, Pneumathèque, 1994.
[11] Les célébrations pour personnes en recherche sont conçues pour les personnes qui ne croient pas en Jésus ou qui ne viennent pas (souvent) à l’Église. Leur but est de leur permettre d’accepter Jésus comme Sauveur et Seigneur. Tout y est fait pour enlever les barrières de type culturel qui pourraient empêcher les participants d’accueillir la Salut et de revenir la semaine suivante. Les chants et la musique sont adaptés à la culture de la tranche d'âge ou du groupe particulier que l’on cherche à rejoindre. Si ce sont les jeunes que l’on vise à évangéliser, des instruments de musique contemporains sont utilisés : batterie et guitares électriques font partie des accompagnements musicaux. Les airs sont inspirés de chansons populaires que l'on entend couramment à la radio et les paroles sont adaptées pour la louange.

vendredi 5 juillet 2013

La croissance de l’Église “Crossroads”

Auteur: Pierre-Alain Giffard

De 1987 à 2005, Mark Fuller a été le pasteur de l’Église évangélique Crossroads Church (l’Église Croisée des chemins) qui est passée de 300 membres à plus de 1300 en 18 ans. Sa croissance a été constante et n’a jamais stagné.

Mark Fuller explique ainsi sa croissance[1] :

· un leadership visionnaire;

· une bonne compréhension du combat spirituel (spiritual authority);

· une communauté chrétienne prête à suivre son leader;

· une communauté chrétienne qui accepte de changer et de faire les sacrifices nécessaires et;

· une vision pour les perdus, c'est-à-dire une priorité pastorale pour rejoindre et incorporer au Corps du Christ des personnes qui ne connaissent pas Jésus ou qui ne le suivent pas.

Un jour Mark Fuller posa une question à John Maxwell[2], un expert mondial en leadership : « quelle est la clé pour faire croître une église de 500 membres ? » Ce dernier pointa son doigt vers lui et lui dit : « vous ». Réalisant que pour développer sa communauté chrétienne et il lui fallait aussi permette à Dieu de le faire grandir, il se mit à genoux, pria et médita la Bible. C’est alors qu’un passage du livre de l'Exode le toucha profondément, celui dans lequel Jéthro donne des conseils à Moïse (Exode 18,13-27).

En relisant ces versets, il comprit à quel point le ministère de Moïse était prophétique et cela l’encouragea à mettre plus d’emphase sur son propre ministère de prédication. Il remarqua aussi combien Moïse était visionnaire: il allait donc adopter un style de leadership visionnaire en passant désormais une bonne partie de son temps à communiquer une vision pour son Église. Finalement, il lut comment Moïse délégua l’œuvre de son ministère. Il décida donc de passer aussi une grande partie de son temps à former des leaders.

Ces trois éléments sont devenus les piliers de sa vie et de son ministère : prêcher, projeter une vision et développer des leaders. Il lui fallut plusieurs années pour les intégrer dans son pastorat, mais aujourd'hui il y consacre 95 pour cent de son temps. Ce fut à la fois difficile et libérateur, mais il considère que John Maxwell avait bien raison de dire qu’une communauté chrétienne ne peut pas grandir si le pasteur ne grandit pas lui-même.

Au cours de ses 18 années à la tête de l’Église Crossroads, Mark Fuller, il vit beaucoup de nouveautés dans la manière dont les Églises s’organisent et célèbrent, y compris l’émergence des petits groupes (cellules d’évangélisation et autres petites communautés de base). Pour lui, un des changements les plus importants et les plus bénéfiques pour son Église fut au niveau de la gouvernance.

Pour assurer la croissance, il fit passer sa communauté d’une Église dirigée par un conseil de bénévoles à une Église dirigée par du personnel professionnel rémunéré. Cette transition ne fut pas facile, mais Mark Fuller estime qu’il ne faut pas chercher à engager des personnes simplement pour remplir des fonctions pastorales; il faut plutôt chercher à engager des personnes qui ont un réel sens du leadership. Si on met en place les bonnes personnes, explique-t-il, alors le reste suit : la vision, la direction et les activités pastorales (programmes) pertinentes. Pour qu’une Église dépasse les 500 membres, il est, d’après lui, nécessaire de faire cette transition[3].

Un autre changement important qu’il opéra fut d’adopter un style de musique contemporaine pour les célébrations. Comme dans la plupart des communautés chrétiennes qui font ce choix, cela engendra des tensions, mais il eut la sagesse d’introduire ces changements en douceur. Cela fait partie, dit-il, des talents d’un leader : savoir quand mette un peu de pression pour faire avancer les choses et savoir quand donner du mou pour insister ailleurs. Mark Fuller souhaite que le style de musique de son Église soit en constante mouvance, car si celui-ci se fige, estime-t-il, il est très difficile de changer par la suite.

Pour ce pasteur, la louange et l’adoration ne sont pas tant une question de style qu’une question de cœur. Il s’agit avant tout de créer une atmosphère qui permette aux personnes présentes de communier avec Dieu et d’être réceptifs à la parole de Dieu. Les animateurs et les musiciens ne sont pas des vedettes, mais des signes qui pointent vers Dieu[4].

Dans son Église, ce sont les célébrations des weekends, et non pas les grands événements extérieurs, qui constituent les portes d’entrée, qui attirent des nouvelles personnes. Les gens viennent à l'Église parce que leur cœur est vide; ils ont des problèmes financiers, de couple ou avec leurs enfants, et tout ceci provoque une faim de Dieu.

Mark Fuller est convaincu que pour faire croitre une Église, il faut s’occuper en priorité des personnes qui ne sont pas là ainsi que des personnes qui ne viennent pas régulièrement aux célébrations afin de les rejoindre et de les incorporer à la communauté chrétienne[5]. Tout ce que l'Église fait, elle devait le faire pour amener au Christ les personnes qui ne le connaissent pas. Il n’a toutefois pas de public cible : une génération, un groupe d'âge ou une culture particulière. Il fait tout pour créer, durant les célébrations, une atmosphère  qui permette aux personnes qui ont soif de Dieu de le rencontrer personnellement.

Son style de prédication est « conversationnel ». Il prêche, en s’imaginant assis autour d'un café avec l’auditoire et vise à répondre aux questions que des non-chrétiens peuvent se poser face à la Parole annoncée. L’auditoire est toujours libre de réagir et de répondre à son message.

Mark Fuller est enfin un fervent partisan des petits groupes. Il y en a trois sortes dans son Église: des petits groupes d’évangélisation, des groupes qui se réunissent autour d’une pastorale (ministère) particulière et des groupes d’enseignements. Ils sont tous de différentes tailles et appelés des groupes de connexion. La moitié des membres de son Église actuelle en font partie. Leur point commun? Vivre la sollicitude fraternelle, l’apprentissage et le service[6].


[1] Cf. Nees, Tom. Best Practices of Growing Churches: Profiles and Conversations with Ministry Leaders. Kansas City: Beacon Hill Press, 2006, p.143-144.

[2] John Maxwell est depuis plus de vingt ans un leader et un communicateur efficace et passionné. Il est le fondateur d'INJOY, une organisation qui se consacre à aider les gens à développer leur potentiel personnel et leur potentiel de leadership. Il est l'auteur de « Les 21 lois irréfutables du leadership », « les 17 lois infaillibles du travail en équipe » et « Devenez ce que vous devriez être », entre autres. (Source : goo.gl/LBwLw).

[3] Cf. Nees, Tom. Best Practices of Growing Churches: Profiles and Conversations with Ministry Leaders. Kansas City: Beacon Hill Press, 2006, p.144-145.

[4] Cf. Nees, Tom. Best Practices of Growing Churches: Profiles and Conversations with Ministry Leaders. Kansas City: Beacon Hill Press, 2006, p.145-146.

[5] Cf. Nees, Tom. Best Practices of Growing Churches: Profiles and Conversations with Ministry Leaders. Kansas City: Beacon Hill Press, 2006, p.146-147.

[6] Cf. Nees, Tom. Best Practices of Growing Churches: Profiles and Conversations with Ministry Leaders. Kansas City: Beacon Hill Press, 2006, p.148.

vendredi 2 novembre 2012

Dix obstacles courants à la croissance

Auteur: Rick Warren

(Note sur la traduction[1])

J’ai étudié la croissance de l’Église pendant presque 30 ans et j’ai constaté qu’il y a dix obstacles qui empêchent de bâtir une Église vibrante et en santé.

1. Ne pas amener ses amis à l’Église.

En tant que pasteurs on prie, on demande, on insiste, on motive, on souligne auprès des membres l’importance d’amener leurs amis à l’Église, pourtant ils ne le font pas plus. Pourquoi? La vérité, souvent, c’est que les membres ne sont pas à l’aise. Intuitivement, ils savent que les célébrations ne sont pas conçues pour les non-croyants, pour les personnes en recherche et pour leurs collègues de travail. Ils se disent : « Les célébrations de mon Église me rejoignent (répondent à mes attentes), mais elles ne rejoindront pas mes voisins, et c’est pourquoi je ne leur proposerai pas de venir ». L’antidote est d’offrir, au moins une fois par semaine, un service religieux (une célébration) conçu en ayant en tête les amis qui ne vont pas à l’Église (les sans-Églises).

2. Craindre que la croissance détruise la fraternité.

Bien que vos membres ne le disent pas, certains s’opposent à la croissance parce qu’ils craignent de ne plus connaitre personne lorsque l’assemblée grandira. Alors, ils se disent : « J’aime la situation actuelle, je connais tout le monde, j’ai peur de devenir un simple numéro si l’on grandit. » L’antidote à cette peur est de créer pour votre communauté chrétienne des petits groupes dont les membres se réunissent par affinité. À Saddleback, nous disons ceci: nous devons construire notre communauté à la fois plus grande et plus petite.

3. Ne pas se défaire des façons de faire habituelles (traditionnelles)

Les façons de faire habituelles naissent de la réussite. Quelque chose devient une tradition parce qu’au départ elle fonctionne. Et parce qu’elle fonctionne, on la répète encore et encore. Malheureusement, ces façons de faire finissent par devenir, un carcan, une norme à suivre. Il y a deux dangers dans ce genre de « traditionalisme ». Le premier est de sacraliser des méthodes et le deuxième est d’oublier pourquoi nous faisons ce que nous faisons. L’antidote : se laisser guider par sa mission (become pruprose driven)[2]. La mission ne change jamais, elle est éternelle. Mais votre méthodologie devrait être en changements continuels. Je suggère qu’au moins une fois par année, vous posiez un regard sur chacune de vos activités pastorales et fassiez trois choses:

1. La confirmer – oui, ça fonctionne toujours;

2. La raffiner– on a besoin de l’améliorer pour qu’elle soit plus efficace;

3. La remplacer – pour relever les défis du futur, vous ne pouvez pas utiliser, dans le temps présent, les outils du passé.

4. Essayer de plaire à tout le monde.

Vous ne pouvez pas plaire à tout le monde. Cela ne fonctionne tout simplement pas. Si une station de radio dans votre région devait jouer du Bach, suivi des Beatles puis d’airs de Polka, pensez-vous que cela plairait à tout le monde ou que cela ne plairait à personne? Les stations de radio visent certains auditeurs (elles se spécialisent) parce qu’elles comprennent qu’il y a différents auditoires qui aiment différents styles de musique. Je ne parle pas de changer l’Évangile, mais de définir votre “cible” (c’est l’antidote à cet obstacle); puis faites tout ce que vous pouvez pour atteindre votre cible.

5. Fonctionner par des programmes plutôt que par un processus de croissance.

Avoir beaucoup de différents programmes dans une Église peut impressionner, mais à moins d’avoir un plan précis pour aider vos membres à croître spirituellement, ceux-ci peuvent tout simplement finir par assister à beaucoup de formations. J’ai la conviction que cela explique pourquoi certains membres, bien que cheminant dans l’Église depuis des années, ne semblent produire que peu de fruits.

L’antidote est d’utiliser un processus de croissance spirituelle similaire à celui que nous utilisons à Saddleback. Nous prenons l’image d’un jeu de baseball pour illustrer le chemin qui permet à nos des membres de grandir dans la foi. Nous les encourageons à franchir une base après l’autre afin d’atteindre une plus grande maturité spirituelle. Vous n’avez pas à utiliser le modèle de Saddleback, mais il a fait ses preuves et a très bien fonctionné depuis vingt ans.

6. Donner de l’importance aux chiffres plutôt qu’aux ministères

À mon avis, vous faites une erreur sur vous jugez votre réussite à la quantité de personnes qui viennent à vos célébrations. Si la seule chose qui compte pour vous est le nombre de membres, vous être une Église centrée sur les rassemblements. Oui la présence aux célébrations est une des différentes mesures d’évaluation de la mission, mais elle ne devrait JAMAIS être la seule. D'abord, accorder beaucoup d’importance au nombre de personnes a tendance à produire des spectateurs passifs qui n’ont que peu de temps pour s’impliquer. L’antidote : Transformer tous vos membres en ministres. Nous n’avons pas besoin de plus de réunions, nous avons besoin de répondre à plus de besoins!

7. Prêcher sans l’appliquer à la vie

Annoncer la Parole de Dieu sans l’appliquer à la vie informe plus que cela ne transforme. L’antidote est ce que j’appelle la prédication comportementale. C’est une annonce qui insiste sur l’obéissance. La Bible nous dit de mettre en pratique la parole de Dieu, pas seulement de l’écouter. Le but de toutes les prédications du dimanche, des études bibliques en petits groupes et de toutes les sessions des écoles du dimanche devrait être d’inciter les chrétiens à s'impliquer dans un ministère – que faisons-nous avec ce que nous avons entendu.

8. Ne pas faire confiance à vos responsables

Si vous ne faites pas confiances à vos leaders, alors vous n’accomplirez pas grand-chose. Vous devez bâtir votre crédibilité et vous devez mériter le droit de diriger. L’antidote à cette barrière est le leadership authentique. Ceci veut dire un leadership humble, vulnérable, déterminé, qui est prêt à risquer l’échec et qui croit que Dieu va accomplir de grandes choses.

9. Le légalisme

Le légalisme étouffe la croissance et nuit à la santé de beaucoup d’Églises. Beaucoup d’entre elles semblent plus intéressées à conserver des règles plutôt qu’à gagner des personnes au Christ. Ceci compromet forcément la croissance.

L’antidote à cette barrière est un climat d’acceptation qui part de là ou les personnes sont [plutôt que] là vous voulez qu’elles soient. En les prenant là où elles en sont, vous pouvez éventuellement les amener là ou elles ont besoin d’être.

10. Être structuré pour le contrôle plutôt que pour la croissance

Beaucoup d’Église aujourd’hui ont trop de programmes et trop de structures qui les étranglent et les font mourir. L’antidote est de conserver une structure simple flexible et capable de relever tous les défis que le futur nous réserve.

Traduit et publié avec autorisation (texte original)


[1] Le texte original est en anglais. Cette traduction est de l’auteur de ce site. Elle vise une bonne compréhension du texte plutôt qu’une transposition mot à mot.

[2] L’expression “purpose driven” ne se traduit pas très bien en français. La signification du mot « purpose » se situe quelque part entre les mots but, sens et mission.

mardi 29 septembre 2009

19 orientations pastorales favorisant la croissance des paroisses

Dans les paraboles du semeur et de la graine, du blé et de l'ivraie, et de la graine de moutarde qui est semée et devient ensuite une grande plante, Jésus nous parle de la croissance de son Royaume. Sur terre, le royaume de Dieu est son Église et la mission de ses membres est de faire des disciples. Selon la volonté divine, le royaume de Dieu sur terre continuera de croître grâce aux efforts apostoliques de ses membres et à la puissance de l'Esprit Saint.

Cet article décrit 19 orientations pastorales qui, selon les théologiens et les pasteurs en lien avec le Mouvement pour la croissance de l'Église, contribuent au développement des églises. Ces orientations se veulent utiles aux pasteurs et leaders laïcs alors qu’ils cherchent à évangéliser et à renouveler leurs communautés chrétiennes.

1. Donner la priorité à l’annonce auprès des sans-églises

Les communautés chrétiennes qui se développent considèrent que leur mission est de "chercher la brebis perdue". (Luc 15:1-7) McGavran, le fondateur du Mouvement pour la croissance de l'Église, définit la mission de l'Église comme suit : Proclamer Jésus-Christ comme Dieu et Sauveur et encourager les hommes et les femmes à devenir ses disciples et des membres responsables de son Église. Les activités des églises qui se développent sont déterminées par cette mission. Elles se donnent comme but d’inviter des personnes qui ne font pas partie d’une communauté chrétienne et de les y intégrer. Bien qu'ils aient des responsabilités administratives, leurs pasteurs consacrent du temps à s'occuper du développement de la communauté chrétienne.

2. Prier et favoriser le renouveau spirituel des membres

Dans les églises qui se développent, la prière et le renouvellement spirituel jouent un rôle essentiel. Les prières d'intercession pour que les hommes et les femmes soient gagnés au Christ précèdent et accompagnent les efforts missionnaires. Les membres de la communauté chrétienne recherchent un renouveau spirituel continu (revival). En conséquence, ils se préoccupent du salut des autres et sont des témoins efficaces du Christ.

3. Développer une vision et un processus missionnaire

Les communautés chrétiennes qui se développent non seulement s’engagent dans l’évangélisation mais elles ont développé un processus pastoral. Ce processus représente leur vision pour faire des disciples. Elles formulent leur vision dans un énoncé simple et compréhensible et motivent leurs paroissiens à la réaliser. Cette vision pousse la communauté chrétienne au-delà du statu quo, invite à des innovations missionnaires et est réaliste afin que les membres puissent y croire et la suivre.

4. Planifier

Les églises qui se développent définissent les étapes qu'elles suivront pour réaliser leur vision et mettre en œuvre leur processus d’évangélisation et de formation de disciples. Par leurs efforts de planification, ces communautés chrétiennes ne se perdent pas dans une vision qui peut être belle, mais qui relève plutôt du rêve que de la réalité. Selon McGavran, la croissance de la communauté chrétienne aurait rarement eu lieu sans un effort de planification.

5. Développer le potentiel des laïcs

Les dirigeants des communautés chrétiennes qui se développent ne font pas tout eux-mêmes ; au contraire, ils délèguent leurs responsabilités et leur autorité. Ils ne renoncent pas à leur leadership, mais permettent aux membres de la communauté chrétienne de s'engager dans des ministères laïcs et de travailler avec eux pour réaliser la vision de la communauté chrétienne. Ensemble, ils définissent et planifient les activités de la communauté chrétienne et stimulent les membres à s’engager. Grâce au leadership et à l'implication des laïcs, la communauté chrétienne est capable de fournir davantage de services aux paroissiens et au milieu environnant.

6. Former les leaders laïcs

Les membres de la communauté chrétienne sont soutenus, accompagnés et formés de manière à remplir efficacement leurs responsabilités. La formation les amène à devenir relationnels, chaleureux et attentifs aux besoins des autres : c'est ce que Dieu veut de son Église et ce qui attirera les gens vers la communauté chrétienne. Les pasteurs développent un système pour identifier et recruter des bénévoles et des leaders parmi les paroissiens

7. Servir les besoins de la communauté

Proclamer la Bonne Nouvelle, c'est montrer l'amour de Dieu en paroles et en actes (proclamer l’Évangile par toute sa vie). Ainsi les communautés chrétiennes doivent développer des activités qui répondent aux besoins de leur milieu (interne et externe). Ce faisant, une bonne connaissance de leur environnement les aide à choisir des activités et à planifier des actions dans le temps. Plus une communauté  chrétienne connaît son environnement (culture, pauvreté, souffrance, etc.), plus elle est en mesure de montrer la compassion de Dieu au monde.

8. Fixer des buts mesurables

Les plus beaux rêves s’incarnent dans des buts mesurables. Par conséquent, les communautés chrétiennes missionnaires élaborent une liste d’objectifs et établissent des priorités en fonction de ce qui est le plus important et le plus urgent. Les objectifs aident les dirigeants et les membres à se concentrer sur l’objectif missionnaire de la communauté chrétienne, à clarifier la vision et à mesurer les progrès. Les objectifs servent également à motiver les membres de la communauté chrétienne à s’impliquer dans la mission de l’Église. Enfin, les objectifs contribuent à créer un sentiment de communauté et de communion fraternelle, car c’est tous ensemble que les membres s’efforcent de faire des disciples.

9. Créer une structure de petits groupes

Les communautés chrétiennes qui se développent mettent en place une structure de petits groupes. Cependant, ces groupes ne sont pas des comités. Leur objectif est (1) d'évangéliser ceux et celles qui n'ont pas encore eu l'occasion de rencontrer Jésus-Christ ou qui se sont éloignés de leur foi et de l'Église., (2) de répondre aux besoins de la communauté environante, (3) de répondre au désir d'appartenance et de socialisation des membres de la communauté, et (4) de les aider à atteindre la maturité spirituelle.

10. Impliquer les membres selon leurs dons et leurs talents

Les membres de la communauté chrétienne sont invités à s'impliquer dans les activités et les pastorales de la communauté chrétienne en fonction de leurs talents, de leurs dons spirituels, de leur formation, de leurs intérêts et de leur disponibilité. Malheureusement, dans de nombreuses communautés chrétiennes, les responsables décident de ce que les membres doivent faire sans leur demander quels sont leurs intérêts et leurs talents. Les responsables paroissiaux doivent aider les membres à découvrir leurs dons et à les impliquer en conséquence.

11. Mobiliser et former les membres de la communauté chrétienne à évangéliser

Les communautés chrétiennes qui se développent se sentent responsables de ceux et celles qui ne connaissent pas le Christ ou qui ne vont pas à l'église. Chaque chrétien est appelé à évangéliser d'une manière ou d'une autre en initiant de nouvelles relations et en invitant ces nouvelles personnes à la communauté chrétienne pour entendre l'Évangile. Les dirigeants rappellent aux paroissiens la mission de l'Église de faire des disciples et leurs fournissent des programmes d’évangélisation pour atteindre les ceux et celles qui n'ont pas encore eu l'occasion de rencontrer Jésus-Christ ou qui se sont éloignés de leur foi et de l'Église.

12. Inviter les chrétiens à témoigner auprès de leurs proches

La proclamation de l'Évangile est plus efficace lorsque les chrétiens témoignent à leurs proches et à ceux et celles qu'ils connaissent déjà. Des études montrent que la majorité des personnes qui sont devenues chrétiennes ou qui sont retournées à l'Église l'ont fait à la suite du témoignage d'une personne qu'elles connaissaient.

13. Se concentrer sur les personnes réceptives

Les communautés chrétiennes qui se développent cherchent dans leur environnement des personnes qui peuvent être plus réceptives à l'Évangile. Des études montrent qu’il y a, entre autres, celles qui visitent la communauté chrétienne pour la deuxième fois, celles qui viennent d'emménager dans un quartier, celles qui veulent se libérer d'une dépendance (alcool, drogue, pornographie, jeu, etc.), ainsi que les parents de nouveaux convertis et les nouveaux parents. Les personnes réceptives sont aussi souvent celles qui vivent les épreuves suivantes :

(a) un divorce ;
b) le chômage ;
c) des problèmes financiers ;
d) de problèmes conjugaux ou familiaux;
e) de la solitude;
f) du ressentiment ;
g) de la culpabilité;
h) un deuil.

Les communautés chrétiennes en croissance élaborent des activités pour aider ces personnes et leur annoncer comment Dieu peut les aider dans leur situation.

14. Concevoir des célébrations dynamiques

Les églises qui se développent ont des célébrations dynamiques. Un équilibre est trouvé entre l'exultation et l’adoration intérieure. Une équipe de laïcs et de ministres ordonnés prépare ces célébrations avec grand soin. Les célébrations sont vécues comme des expériences édifiantes qui apportent joie, allégresse et une compréhension plus profonde de la Parole.

15. Mettre sur pied des célébrations et des groupes d’accueil pour les personnes en recherche

Les célébrations de la fin de semaine et les groupes d'accueil sont spécialement conçus pour accueillir les visiteurs et les personnes en recherche. Cela motive les chrétiens à inviter des personnes nouvelles à la communauté chrétienne, car ils savent que les visiteurs seront bien accueillis et seront plus intéressés par les célébrations. Les pasteurs expliquent comment accepter Jésus comme Seigneur et Sauveur et amènent les personnes nouvelles à poser un acte de foi. Des prières sont offertes pour la guérison des malades.

16. Augmenter la capacité d’accueil des membres de la communauté chrétienne

Les communautés chrétiennes qui se développent forment leurs membres à accueillir les nouveaux venus à bras ouverts. Leur accueil chaleureux est au moins aussi plus éloquent qu’une bonne homélie. Les paroissiens sont particulièrement attentifs envers ceux et celles qui visitent leur église pour la première fois. Pour "retenir" les nouveaux venus, les pasteurs les invitent à faire partie d’un petit groupe et à découvrir les autres activités de la communauté chrétienne.

17. Accroître l'enthousiasme et la ferveur des membres

Des chrétiens passionnés et dynamiques attirent les autres à l'église. En vivant leur foi, non pas comme un code moral à suivre, mais comme une grâce unique de connaître et aimer Jésus, les chrétiens rayonnent d'amour et la communauté chrétienne se développe.

18. Adapter le bâtiment de la communauté chrétienne

Il est préférable pour une église d'être aussi visible et accessible que possible (par exemple, près des autoroutes ou des voies rapides) et de disposer d'un grand stationnement (parking). Afin de bien communiquer et de prêcher efficacement, les communautés chrétiennes qui grandissent utilisent les nouvelles technologies. Elles projettent parfois leurs célébrations simultanément dans différents lieux de culte à l'aide de systèmes multimédias modernes.

19. Diriger d'une manière efficace et engageante

Pour favoriser l’implication des paroissiens il est nécessaire d’exercer un leadership efficace et engageant. Dans les communautés chrétiennes qui se développent, le pasteur habilite et équipe les laïcs pour le travail d'évangélisation, de formation de disciples, d'éducation, etc. Son rôle est avant tout celui d'un formateur et d'un coach (Éphésiens 4:13). Les dirigeants recherchent une certaine “efficacité pastorale” et visent le développement de la communauté chrétienne. Ils considèrent chaque paroissien comme un missionnaire et les aident à trouver et à développer leurs dons pour la mission de faire des disciples.

Conclusion

Le renouveau et le développement d'une paroisse ne sont ni simples ni faciles et doivent être enracinés dans l'amour. Les pasteurs et les responsables laïcs trouveront utile de visiter d'autres communautés chrétiennes qui ont grandi au fil du temps, quelles que soient leur confessions.

Enfin, nous devons nous rappeler que le mandat du pasteur doit être suffisamment long. Les communautés chrétiennes qui ont connu la croissance et qui ont changé de pasteur après seulement quelques années ont eu tendance à stagner ou à perdre des membres.

Notre espoir est que les orientations pastorales présentées dans cet article seront utiles pour les pasteurs et les conseils pastoraux afin de renouveler et de faire grandir leur communautés chrétiennes !

Auteur : Pierre-Alain Giffard
 

 

LA CROISSANCE DE L'ÉGLISE