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vendredi 22 mai 2020

La croissance de la paroisse Sant'Eustorgio


Auteur: Pierre-Alain Giffard

Don Pigi Perini est un prêtre italien, curé de la paroisse Sant'Eustorgio près de Milan. Lorsqu’il fut nommé dans sa paroisse, la proportion de ceux qui fréquentaient les célébrations du dimanche était de douze pour cent. Formé au séminaire, on l’avait préparé au manque d'efficacité pastorale. Il avait théorisé l’échec : « L'un sème, l'autre récolte… » ; « pourvu que Jésus-Christ soit annoncé… » ;  beaucoup de petites phrases de la Bible, utilisées à contresens, venaient renforcer une mentalité de renoncement ascétique, le manque d'ambition pastorale était justifié par la pauvreté, l'humilité et les autres vertus évangéliques[1]!

Dans l’église paroissiale voisine, c'était la même chose. Et bien que jeune et plein de vigueur, son enthousiasme s’est éteint petit à petit et la routine l'a consumé. Il se réfugia dans la culture, les homélies savantes et il ne voyait plus, dit-il, que cette culture, dans laquelle il vivait, était païenne. Cela dura un certain temps jusqu’à ce qu’il se trouve devant un choix intérieur : ou bien renoncer à sa vocation de prêtre ou retrouver une nouvelle vitalité et être à la suite de Jésus « pêcheur d’hommes ».

C’est alors qu’un prêtre d'origine canadienne, le Père Valeriano Gaudet, est venu chez lui. Il lui a montré un article d'une revue américaine, intitulé: « Paroisse en flammes ». Il s'agissait d'une paroisse de Floride, Saint-Boniface, où le curé, Michel Eivers, animait une communauté particulièrement vivante. Alors il s’est dit : « Allons voir si c'est vrai… ». Il y a trouvé des cellules de maison et une église paroissiale qu’il n'osait rêver rencontrer, une église paroissiale en croissance. Il y trouva une orientation fondamentale pour l'évangélisation, une hospitalité chaleureuse, l'adoration eucharistique de six heures à vingt-quatre heures et un grand nombre de ministères laïcs gérés par une structure organique. Le pasteur était à la tête de la communauté, mais il déléguait son autorité avec un grand respect des autres membres.

Dans cette paroisse de Floride, les laïcs avaient une très bonne connaissance des Écritures saintes, ils ouvraient la Bible comme un livre qu'on connaît et qu'on a toujours sous la main. La majorité (90%) verse la dîme. On y vit le baptême de l’Esprit et une louange vibrante. La paroisse Saint-Boniface est fondée sur l'expérience charismatique. Mais ce n'est pas la chose la plus importante, dit-il, l'important c'est le renouvellement paroissial que les cellules apportent.

Les orientations de base de la paroisse sont les suivantes :

·       Les pasteurs de Saint-Boniface ont choisi l'évangélisation comme premier but.
·       Ils ont mis sur pied une structure de cellules de maison.
·       Ils ont mis l’accent sur la maison, le foyer, l'atmosphère.
·       Ils ont élaboré un système pouvant gérer la multiplication des cellules.

Don Pigi a compris qu’il devait prêter une plus grande attention à ceux qui étaient étrangers, éloignés, indifférents à l’église paroissiale. Le moment était venu pour lui de poser son regard pastoral sur ceux qui étaient en dehors de l’Église. Tant d’années il avait concentré toutes ses énergies et ses efforts sur les mêmes « habitués », toujours fidèles, toujours plus « choyés » et toujours plus réduits en nombre. Sa vision n'allait pas plus loin, elle ne percevait pas ceux qui n’étaient pas là! Pourtant, c'est précisément dans ceux qui sont loin, dans ceux que l’on considère perdus, difficiles à rejoindre, indifférents que réside le potentiel de croissance d’une communauté chrétienne. Communiquer sa foi, annoncer Jésus, proclamer la Bonne Nouvelle, voilà les fruits de l’église paroissiale, la clé de sa croissance et de son avenir!

Mais Don Pigi s’est également rendu compte que ses seules forces ne suffiraient pas. En tant que prêtre, il lui était impossible de rejoindre tout le monde et il lui était surtout difficile de rejoindre les personnes là où elles vivent, au travail, à l'école, en famille ou dans les maisons. Il devait compter sur une église moins cléricale, se fier à l'œuvre de l'Esprit Saint et compter, comme dans la communauté de Floride, sur les dons de tous les chrétiens. Il avait besoin de les encourager et de les motiver afin d'en faire des évangélisateurs, que ce soit au travail, à la maison, entre amis ou dans leurs immeubles. C'est là l'intuition de base des cellules de maison qu’il appelle cellules paroissiales d’évangélisation. On y invite les membres à témoigner dans leur propre milieu de vie (Oïkos).

Quand Don Pigi est revenu dans sa paroisse, il a présenté à sa communauté l’expérience de Saint-Boniface et proposé dans son église paroissiale une formation à partir d'Evangelii nuntiandi[2]. Puis il a choisi des laïcs et leur a proposé une formation de responsables de cellule paroissiales d’évangélisation. Cette formation dura six semaines. Petit à petit, ils sont passés de quatre cellules provisoires à quatorze et leur nombre a progressivement augmenté. Mais, précise-t-il, la communauté n’est pas seulement « cellulaire », elle est aussi eucharistique, tous sont invités à vivre la célébration de la Messe.

Comme dans l’église du pasteur Cho, les cellules sont composées de dix à quinze personnes qui se réunissent chaque semaine dans une maison privée. Jésus y est présenté comme Seigneur, c’est-à-dire qu’il est appelé à devenir la personne la plus importante de notre vie, le maître de notre existence, qui devrait être servi d’esprit, de cœur, dans sa famille et dans son travail, dans ses vacances et dans ses temps libres. Durant la rencontre, un temps est réservé pour l’enseignement hebdomadaire du curé qui est diffusé dans toutes les cellules sous formes de notes ou de cassettes. Ainsi, chaque cellule écoute le même enseignement, suit le même cheminement et se nourrit de la même Parole.

Les membres apprennent à prier en s’ouvrant à l'action de l'Esprit Saint. Ils cherchent à reconnaître la présence de Jésus dans leur vie en devenant attentifs aux signes concrets de son amour. Ils apprennent à écouter leurs frères, à faire silence en eux-mêmes pour l'accueillir. Ils font l'expérience de l'amour fraternel, ils partagent leurs difficultés, ils se soutiennent pour surmonter leurs doutes. Pour de nombreux frères et sœurs, une cellule est une première expérience de vie communautaire qui les prépare à s'insérer pleinement dans la communauté paroissiale. Les responsables des cellules sont choisis avec soin par le curé et formés afin de bien remplir leur tâche. Les différentes étapes des rencontres de cellules sont les suivantes : Prières spontanées de louange, échange informel sur ce qui a été vécu dans la semaine, enseignement, réactions des participants, informations sur la vie paroissiale, prières d’intercessions et prières de guérison par imposition des mains.

De la connaissance personnelle du Christ vivant surgit, chez les membres de la cellule, le désir de partager et de proclamer leur expérience aux personnes qui leur sont les plus proches, à celles qu'ils rencontrent habituellement et qui, d'une manière bien concrète, font partie de leur vie. C’est pourquoi les cellules grandissent, leurs membres sont « pêcheurs », au sens évangélique. Ils parlent de Jésus dans leur milieu de vie, ils témoignent de lui par un changement de leurs goûts et de leurs priorités, ils partagent l'expérience de l'amour gratuit, fidèle, miséricordieux, personnel, de Dieu. Ils témoignent dans la famille, au travail ou à l'école, aux amis, à leurs voisins, en un mot : dans leur oïkos, le milieu dans lequel se déroule leur vie quotidienne. De cette façon, l'autre n'est plus appelé à rester un étranger : des vies se rencontrent et de nouveaux liens s'établissent.

Les cellules sont profondément insérées dans le contexte paroissial et en lien avec le pasteur. Elles coexistent avec toutes les autres réalités présentes dans la paroisse qui continuent à fonctionner, même si, indubitablement, ces dernières ont trouvé de nouvelles bases, de nouvelles énergies et un nouvel enthousiasme. À travers une structure précise : leaders de cellule, leaders de section, leaders territoriaux, cellule exécutive, le curé est capable de connaître ce qui arrive dans chacune des rencontres de cellules. Il est au courant des principaux problèmes qui peuvent surgir, de l'arrivée de nouvelles personnes, des merveilles que le Seigneur accomplit, de l'orientation et du cheminement des membres, de sorte que, même s'il n'est pas physiquement présent, il peut suivre le déroulement de l’évangélisation.

Grâce aux cellules, dit-il, sa paroisse est devenue une vraie famille, une maison fraternelle et accueillante où chacun trouve sa place. Sa communauté chrétienne est devenue un lieu où tous peuvent faire l'expérience de l'amour et se rendre compte combien ils sont capables de donner et de recevoir. On peut y partager ses joies, ses souffrances, ses doutes et ses découvertes, dans l’assurance d'y trouver de la compréhension, un accueil et même des réponses. Elle est devenue le lieu de la rencontre avec Dieu où l’on apprend à prier, à louer et à communiquer son expérience de Jésus. Le Seigneur y accomplit des merveilles, et il renouvelle continuellement son alliance avec son peuple.

Même s’il met beaucoup l’emphase sur les cellules pour l’œuvre de l’évangélisation, ce prêtre italien, parle aussi de l’importance de former les chrétiens de sa communauté. Les former d’abord à la prière; une prière ardente, qui ne soit pas formaliste, mais qui prenne vie dans la parole de Dieu, la liturgie et la contemplation : Nous exhortons les évangélisateurs quels qu'ils soient à prier sans cesse l'Esprit Saint avec foi et ferveur et à se laisser prudemment guider par lui comme l'inspirateur décisif de leurs plans, de leurs initiatives, de leur activité évangélisatrice[3].

Il explique à ses paroissiens qu’on ne peut assurer une transmission authentique de la foi que si on en fait l’expérience personnelle. La foi doit être accueillie comme une réalité vécue qui soit transformante. Il souhaite faire naître dans le cœur des chrétiens le désir de grandir dans une relation personnelle avec Dieu dans la prière, l'écoute personnelle de la Parole, la participation aux sacrements, l'accompagnement spirituel, la catéchèse et l’implication communautaire : Dieu donnera certainement le don de la foi à qui le cherche de tout son cœur : de ce don reçu le croyant pourra et saura en témoigner[4].

Don Pigi souhaite aussi donner aux membres de sa communauté le souci de ceux qui ne sont pas là, le désir de se faire proches, de créer des liens et de rendre service. Avant d'être une annonce dans l'Esprit, une manifestation de puissance, le mystère du salut annoncé aux êtres humains a été amour et service : Celui qui pratique le service au nom de Jésus doit rechercher les exigences et les problèmes du frère que le Seigneur appelle à évangéliser. « Cherche la plaie et soulage-la ! » est une devise qui semble bien exprimer cette méthode[5]. Voir les blessures intérieures, les attentes et les aspirations de notre prochain et essayer d’y répondre. Créer des liens, entrer en relation, donner de son temps, de son sommeil, de sa tranquillité, et parfois même de son argent, afin que celui qui reçoit se rende compte à quel point on est prêt à s'engager pour lui et ceci d’une manière gratuite et désintéressée. Il sera alors profondément interpellé et disposé à écouter notre témoignage et à y croire.





[1] G. Macchioni, Évangéliser en paroisse : L’expérience des Cellules Paroissiales d’Évangélisation, 2e édition, Nouan-le-Fuselier, Editions Pneumathèque, 1996, p. 8.
[2] Evangelii Nuntiandi est l’exhortation apostolique L’évangélisation dans le monde moderne de Paul VI (1975).
[3] Paul VI, Evangelii Nuntiandi (exhortation apostolique, l’évangélisation dans le monde moderne), Coll. L’Église aux quatre vents, Montréal, Fides, 1975, § 75.
[4] G. Macchioni, op. cit. p. 78.
[5] Ibid., p. 84.

vendredi 5 juillet 2013

La croissance de l’Église “Crossroads”

Auteur: Pierre-Alain Giffard

De 1987 à 2005, Mark Fuller a été le pasteur de l’Église évangélique Crossroads Church (l’Église Croisée des chemins) qui est passée de 300 membres à plus de 1300 en 18 ans. Sa croissance a été constante et n’a jamais stagné.

Mark Fuller explique ainsi sa croissance[1] :

· un leadership visionnaire;

· une bonne compréhension du combat spirituel (spiritual authority);

· une communauté chrétienne prête à suivre son leader;

· une communauté chrétienne qui accepte de changer et de faire les sacrifices nécessaires et;

· une vision pour les perdus, c'est-à-dire une priorité pastorale pour rejoindre et incorporer au Corps du Christ des personnes qui ne connaissent pas Jésus ou qui ne le suivent pas.

Un jour Mark Fuller posa une question à John Maxwell[2], un expert mondial en leadership : « quelle est la clé pour faire croître une église de 500 membres ? » Ce dernier pointa son doigt vers lui et lui dit : « vous ». Réalisant que pour développer sa communauté chrétienne et il lui fallait aussi permette à Dieu de le faire grandir, il se mit à genoux, pria et médita la Bible. C’est alors qu’un passage du livre de l'Exode le toucha profondément, celui dans lequel Jéthro donne des conseils à Moïse (Exode 18,13-27).

En relisant ces versets, il comprit à quel point le ministère de Moïse était prophétique et cela l’encouragea à mettre plus d’emphase sur son propre ministère de prédication. Il remarqua aussi combien Moïse était visionnaire: il allait donc adopter un style de leadership visionnaire en passant désormais une bonne partie de son temps à communiquer une vision pour son Église. Finalement, il lut comment Moïse délégua l’œuvre de son ministère. Il décida donc de passer aussi une grande partie de son temps à former des leaders.

Ces trois éléments sont devenus les piliers de sa vie et de son ministère : prêcher, projeter une vision et développer des leaders. Il lui fallut plusieurs années pour les intégrer dans son pastorat, mais aujourd'hui il y consacre 95 pour cent de son temps. Ce fut à la fois difficile et libérateur, mais il considère que John Maxwell avait bien raison de dire qu’une communauté chrétienne ne peut pas grandir si le pasteur ne grandit pas lui-même.

Au cours de ses 18 années à la tête de l’Église Crossroads, Mark Fuller, il vit beaucoup de nouveautés dans la manière dont les Églises s’organisent et célèbrent, y compris l’émergence des petits groupes (cellules d’évangélisation et autres petites communautés de base). Pour lui, un des changements les plus importants et les plus bénéfiques pour son Église fut au niveau de la gouvernance.

Pour assurer la croissance, il fit passer sa communauté d’une Église dirigée par un conseil de bénévoles à une Église dirigée par du personnel professionnel rémunéré. Cette transition ne fut pas facile, mais Mark Fuller estime qu’il ne faut pas chercher à engager des personnes simplement pour remplir des fonctions pastorales; il faut plutôt chercher à engager des personnes qui ont un réel sens du leadership. Si on met en place les bonnes personnes, explique-t-il, alors le reste suit : la vision, la direction et les activités pastorales (programmes) pertinentes. Pour qu’une Église dépasse les 500 membres, il est, d’après lui, nécessaire de faire cette transition[3].

Un autre changement important qu’il opéra fut d’adopter un style de musique contemporaine pour les célébrations. Comme dans la plupart des communautés chrétiennes qui font ce choix, cela engendra des tensions, mais il eut la sagesse d’introduire ces changements en douceur. Cela fait partie, dit-il, des talents d’un leader : savoir quand mette un peu de pression pour faire avancer les choses et savoir quand donner du mou pour insister ailleurs. Mark Fuller souhaite que le style de musique de son Église soit en constante mouvance, car si celui-ci se fige, estime-t-il, il est très difficile de changer par la suite.

Pour ce pasteur, la louange et l’adoration ne sont pas tant une question de style qu’une question de cœur. Il s’agit avant tout de créer une atmosphère qui permette aux personnes présentes de communier avec Dieu et d’être réceptifs à la parole de Dieu. Les animateurs et les musiciens ne sont pas des vedettes, mais des signes qui pointent vers Dieu[4].

Dans son Église, ce sont les célébrations des weekends, et non pas les grands événements extérieurs, qui constituent les portes d’entrée, qui attirent des nouvelles personnes. Les gens viennent à l'Église parce que leur cœur est vide; ils ont des problèmes financiers, de couple ou avec leurs enfants, et tout ceci provoque une faim de Dieu.

Mark Fuller est convaincu que pour faire croitre une Église, il faut s’occuper en priorité des personnes qui ne sont pas là ainsi que des personnes qui ne viennent pas régulièrement aux célébrations afin de les rejoindre et de les incorporer à la communauté chrétienne[5]. Tout ce que l'Église fait, elle devait le faire pour amener au Christ les personnes qui ne le connaissent pas. Il n’a toutefois pas de public cible : une génération, un groupe d'âge ou une culture particulière. Il fait tout pour créer, durant les célébrations, une atmosphère  qui permette aux personnes qui ont soif de Dieu de le rencontrer personnellement.

Son style de prédication est « conversationnel ». Il prêche, en s’imaginant assis autour d'un café avec l’auditoire et vise à répondre aux questions que des non-chrétiens peuvent se poser face à la Parole annoncée. L’auditoire est toujours libre de réagir et de répondre à son message.

Mark Fuller est enfin un fervent partisan des petits groupes. Il y en a trois sortes dans son Église: des petits groupes d’évangélisation, des groupes qui se réunissent autour d’une pastorale (ministère) particulière et des groupes d’enseignements. Ils sont tous de différentes tailles et appelés des groupes de connexion. La moitié des membres de son Église actuelle en font partie. Leur point commun? Vivre la sollicitude fraternelle, l’apprentissage et le service[6].


[1] Cf. Nees, Tom. Best Practices of Growing Churches: Profiles and Conversations with Ministry Leaders. Kansas City: Beacon Hill Press, 2006, p.143-144.

[2] John Maxwell est depuis plus de vingt ans un leader et un communicateur efficace et passionné. Il est le fondateur d'INJOY, une organisation qui se consacre à aider les gens à développer leur potentiel personnel et leur potentiel de leadership. Il est l'auteur de « Les 21 lois irréfutables du leadership », « les 17 lois infaillibles du travail en équipe » et « Devenez ce que vous devriez être », entre autres. (Source : goo.gl/LBwLw).

[3] Cf. Nees, Tom. Best Practices of Growing Churches: Profiles and Conversations with Ministry Leaders. Kansas City: Beacon Hill Press, 2006, p.144-145.

[4] Cf. Nees, Tom. Best Practices of Growing Churches: Profiles and Conversations with Ministry Leaders. Kansas City: Beacon Hill Press, 2006, p.145-146.

[5] Cf. Nees, Tom. Best Practices of Growing Churches: Profiles and Conversations with Ministry Leaders. Kansas City: Beacon Hill Press, 2006, p.146-147.

[6] Cf. Nees, Tom. Best Practices of Growing Churches: Profiles and Conversations with Ministry Leaders. Kansas City: Beacon Hill Press, 2006, p.148.

mardi 20 novembre 2012

La croissance de l’église et le travail en équipe

En tant que responsables en Église, la tentation est grande de vouloir tout faire soi-même. Cela peut remplir ses journées et donner l’impression que l’on fait de son mieux pour accomplir la volonté de Dieu. Le pasteur David Yonggi Cho, en Corée du Sud, en est un bon exemple. Animé d’un fort désir missionnaire, il commença une Église à partir d’un petit groupe de chrétien et réussit à multiplier leur nombre jusqu’à 800 000. Au début, il faisait tout lui-même… il était partout et rien ne se faisait sans lui. Mais avec le temps, il finit par appeler cette attitude, cette façon de faire, la clé du désastre. En effet, à force de vouloir tout faire, il tomba gravement malade et s’épuisa. Il fit ce qu’on appelle communément un burnout, c’est-à-dire un épuisement professionnel. Il mit dix ans à s’en remettre.

Dans les souffrances de sa fatigue et le désir de continuer à développer son Église, il en arriva à déléguer la tâche de l’annonce missionnaire aux laïcs. Il changea radicalement sa façon de faire en prenant le temps de former des responsables et en leur confiant des responsabilités. C’est en grande partie grâce à ce travail d’équipe, à cette collaboration avec les laïcs, que sa communauté chrétienne se développa de façon exponentielle.

Mais le travail d’équipe n’est pas simple. Il peut être source d’unité et d’épanouissement ou source de division et de souffrance. Voici quelques pistes afin que celui-ci contribue tant à la croissance de l’Église qu’à la croissance des membres.

1. Laisser les membres de l’équipe prendre part au processus de planification

Les responsables devraient définir les objectifs avec les autres membres de l’équipe et ne pas leur imposer des moyens pour les atteindre. En effet, les membres d’une équipe pastorale débordent souvent de créativité et d’idées qui peuvent considérablement enrichir un projet ou un événement. Comme Pierre et Jean qui coururent tous les deux ensemble (Jn 20:4) vers le tombeau vide, les membres d’une équipe devraient se former et travailler ensemble pour saisir une vision nouvelle et des moyens nouveaux pour réaliser leurs projets.

2. Donner suffisamment d’autonomie

Le rôle des responsables d’équipe est surtout de rappeler la mission et la vision de l’équipe ainsi que les objectifs définis. Ils devraient ensuite, autant que possible, laisser les membres atteindre ces objectifs par eux-mêmes, selon leur expérience propre et leurs compétences particulières. Donner suffisamment d’autonomie aux membres pour atteindre les objectifs fixés leur permet de travailler en fonction de leurs dons, de leurs inspirations et de trouver joie et épanouissement dans leur travail à cause de la confiance qui leur est accordée. Comme l’explique saint Paul dans l’épître aux Romains (12:5), nous ne formons qu'un seul corps dans le Christ, mais nous sommes pourvus de dons différents selon la grâce qui nous a été donnée.

3. Assurer un suivi

Ceci est important, les membres de l’équipe ne sauront pas s’ils sont sur le bon chemin à moins que cela leur soit dit clairement par l’ensemble du groupe. Il est donc nécessaire de réunir l’équipe à intervalles réguliers afin de discuter des progrès accomplis. Les membres peuvent ainsi recevoir des suggestions d’améliorations de la part des autres membres de l’équipe.

4. Encourager les membres

Chaque membre de l’équipe a droit à une reconnaissance sincère, personnelle et publique de la part du responsable. Une fois l’évaluation achevée, tout n’est généralement pas parfait, mais il faut avant tout relever ce qui a été fait de bien afin d’encourager et d’enhardir les membres pour leurs futures implications. Encouragez-vous mutuellement chaque jour, nous exhorte saint Paul (He 3:13)! Mettre trop d’emphase sur les points négatifs peut facilement blesser et décourager les membres dans leur engagement généreux à la suite du Christ.

Conclusion

Le travail en équipe peut réellement être une source d’unité et de fraternité lorsque le responsable aide à bâtir une vision commune, fait confiance, accompagne, motive et laisse chaque membre agir selon ses dons et ses inspirations. Une telle culture d’équipe relève de la maturité spirituelle et démontre le respect que l’on doit à chaque membre du Corps du Christ, appelé à sa manière à participer à la mission de l’Église.

Auteur : Pierre-Alain Giffard

 

NOTE: Certaines idées présentées sont inspirées de l’article « Secrets to Developing a Productive Team » de Juan Cruz.

http://www.churchleaders.com/pastors/pastor-articles/162984-secrets-to-developing-productive-team.html

vendredi 15 juin 2012

La croissance de l’Église du pasteur Rick Warren

Auteur: Pierre-Alain Giffard

Rick Warren est le pasteur fondateur de l'Église évangélique Saddleback Valley Community Church en Californie. Il est né à San José en Californie et a obtenu une maîtrise au Southwestern Theological Seminary et un doctorat au Fuller Theological Seminary. Son aptitude à faire croître son Église, lui valut le surnom d' « inventeur du renouveau perpétuel »[1]. Son livre le plus connu, The Purpose Driven Church (L'église: une vision, une passion), a été traduit en plus de trente langues et a été vendu à plus d'un million d'exemplaires.


C’est avec son épouse, Kay, qu’il a commencé à évangéliser en rassemblant quelques personnes dans leur maison. C’était en 1979, ils sont maintenant vingt mille à célébrer tous les weekends. Son assemblée chrétienne est la huitième plus grande des États-Unis. En 1995, l’Église de Saddleback a été officiellement reconnue comme l’Église baptiste ayant eu le taux de croissance le plus rapide de toute l'histoire américaine. Cette même année, après quinze ans de réunions dans des écoles, des clubs, des entrepôts, et même dans une tente, la communauté a fait construire une église sur un campus de soixante-dix-neuf hectares.

Comme Dale Galloway, Warren explique que Dieu veut la croissance des Églises et que les brebis égarées doivent être retrouvées. D’après lui, la Bible, particulièrement dans les paraboles du Royaume, affirme une vérité essentielle : Dieu s’attend à ce que les chrétiens s'activent pour faire croître leurs Églises. La croissance n’est pas optionnelle et nous avons le devoir de la poursuivre. Pour grandir, dit-il, ça prend plus que la bonne volonté, la consécration ou la piété; ça prend de la compétence. Il ne s’agit pas tant de travailler plus durement que de travailler plus intelligemment. La croissance est le fruit d’une coopération entre Dieu et les êtres humains. Les méthodes et la planification sont incontournables: c’est la grâce de Dieu qui, passant par nos efforts et notre intelligence, produit la croissance.

Rick Warren estime qu’il n’y a pas de stratégie unique pour assurer la croissance. Après avoir étudié de nombreuses Églises en croissance, il a constaté que plusieurs d'entre elles utilisent des stratégies parfois fort différentes. Ce serait simpliste et inapproprié, dit-il, de penser qu’il n’y a qu’une formule pour assurer la croissance d’une Église. Il y a plusieurs moyens pour croître : les écoles du dimanche, les cellules de maison, l’utilisation de la musique contemporaine ou de la musique traditionnelle, les visites à domicile, etc. On ne retrouve pas tous ces facteurs dans chacune des Églises en croissance; les stratégies, les structures et les styles varient, mais il existe des points communs entre ces différentes communautés et il faut savoir en extraire les principes généraux et les appliquer à son milieu.

Rick Warren a remarqué qu’un des éléments communs aux Églises en croissance est une caractéristique particulière des responsables. Les pasteurs s’attendent à ce que leurs assemblées grandissent, ils croient en l’action de Dieu et en ses promesses. C’est un des secrets de leur réussite, ils s’attendent à voir des miracles et ils se rendent disponibles pour que Dieu les utilise à travers leur foi.
Les communautés en croissance ont aussi une identité claire et précise. Elles savent pourquoi elles existent et quels sont leurs buts. Elles savent précisément à quoi Dieu les appelle. Elles se consacrent à faire des disciples, à faire aimer Dieu et le prochain!

Rick Warren a adopté un style de leadership qui partage pouvoir et responsabilités. Il s’organise et travaille avec les membres non ordonnés en les formant et en leur confiant des responsabilités. Il puise dans les talents, les ressources, l’énergie et la créativité des membres de sa communauté. Dans sa façon de diriger, il essaye d’éviter deux extrêmes : l’un est d’assumer toute la responsabilité pour l’évangélisation et l’autre est de s’en décharger complètement. Il explique que l’équilibre se réalise lorsque le pasteur et les laïcs ne confondent pas leurs rôles : les laïcs n’ont pas à s’approprier le leadership de la communauté et les pasteurs n’ont pas à se donner l’exclusivité des ministères.
Définir la mission, la mettre par écrit, la communiquer par une vision claire et des rêves est, dit-il, le point de départ de l’action du dirigeant. Mais, pour définir ses objectifs, il doit bien connaître les besoins du milieu et rester ouvert aux changements de l’environnement ; lui-même n’a pas hésité à faire un sondage dans son quartier pour découvrir les griefs que les gens avaient contre l’Église en général.

Un autre élément important pour assurer la croissance est la longueur du mandat pastoral. En effet, si un long mandat pastoral ne garantit pas la croissance, un changement fréquent du premier responsable de l'Église empêche la croissance : Une Église qui change de pasteur régulièrement ne connaîtra pas de réelle croissance[2] écrit-il.

L’Église Saddleback a concentré ses efforts d'évangélisation seulement sur une partie de la population. Elle a visé les personnes qui avaient le plus de chance de s’identifier aux autres membres de la communauté. Rick Warren explique qu’il faut aller en priorité vers les personnes qui n’habitent pas trop loin de l'église, celles que l’on comprend, avec qui l’on est déjà en lien, avec qui l’on a des points communs et que l’on peut aider. Pour permettre la croissance, la communauté ne devrait pas chercher à être ce qu’elle n’est pas et atteindre des personnes qui lui sont trop différentes. Il vaut mieux aussi concentrer ses efforts pour rejoindre les personnes réceptives : Les Églises en croissance visent à rejoindre les personnes réceptives, les Églises qui stagnent cherchent à réintégrer les personnes qui les ont quittées[3].

Comme les Églises des pasteurs Cho et Galloway, l’Église de Rick Warren fonctionne avec une structure de groupes de maison. Les membres de sa communauté cherchent à offrir à ceux qui viennent une atmosphère d’accueil et d’amour : Les communautés qui grandissent aiment et les communautés qui aiment grandissent[4]. Ils sont spécialement ouverts et sympathiques aux personnes qui viennent pour la première fois. Warren a cherché à mettre en place un processus d’intégration des nouveaux qui permet à la fois de les fidéliser et de les impliquer dans la mission. Il le fait en offrant une formation sous forme de parcours qui amènent les nouveaux à comprendre l’importance de leur implication dans l’Église. D’autres parcours ont pour but de faire découvrir leurs talents à l’ensemble des membres afin qu’ils les mettent au service du Christ et de son Église. Ce processus est un élément central qui a contribué à sa croissance. Il explique son succès en trois mots : faire des disciples.

L’Église de Rick Warren se fixe comme but de fortifier la communauté en accueillant des nouveaux, en leur proposant de suivre des parcours qui les fidélisent et qui les forment au fur et à mesure; un peu comme un arbre qui fortifie ses propres branches au fur et à mesure qu’il grandit. Les Églises qui se donnent comme priorité d’intégrer les nouveaux et qui planifient leurs activités en fonction de cette nécessité, réussissent le mieux dit-il. Celles qui ne se préoccupent pas des nouvelles personnes ou qui ne se soucient pas de les intégrer à la communauté ne grandissent pas.

Comme Dale Galloway, Rick Warren organise aussi sa communauté afin qu’elle soit toujours plus chaleureuse et réponde aux besoins des personnes du milieu. Pour lui, une communauté ne peut pas grandir au-delà de sa capacité à répondre aux besoins des gens. C’est dans cette optique que son Église accorde une attention toute particulière au style de musique utilisé dans les célébrations. La musique est un des éléments importants qui favorise la croissance. Le genre de musique doit correspondre aux goûts des personnes qu’on cherche à rejoindre. Après le sondage qu’il effectua pour mieux connaître les personnes de son milieu, Warren a changé radicalement son style de chants et de musique. Grâce à cela, explique-t-il, en un an, leur communauté a connut une croissance exceptionnelle.

Mais il ne s’agit pas de viser seulement la croissance numérique : La vérité, dit-il, c’est que vous n’arriverez pas à croître si c’est cela votre seule préoccupation[5]. On n’a pas à s’inquiéter excessivement de la croissance, mais plutôt d’accueillir avec amour les personnes que Dieu nous envoie. Dieu fera croître la communauté au rythme qu’il voudra et aux dimensions qu’il voudra. Warren se soucie plus des personnes que des chiffres. Il est convaincu que la croissance est le résultat d’une organisation saine; si l’organisation est saine, elle va croître. Et la santé d’une organisation est une question d’équilibre.

Dans sa poursuite d'équilibre, Rick Warren développe sa communauté à cinq niveaux : 1. La communion fraternelle (fellowship); 2. La formation des disciples (DISCIPLESHIP)[6]; 3. Les célébrations liturgiques (WORSHIP); 4. Les ministères laïcs (MINISTRIES); 5. L’évangélisation[7] (ÉVANGELISM). Une stratégie est élaborée pour développer chacun de ces niveaux, la structure de l’Église est adaptée et le tout est évalué en fonction de l’excellence.

Cet article se trouve dans le livre : La croissance de l’Église : outils et réflexions pour dynamiser nos paroisses, Nouan-le-Fuselier, Éditions des Béatitudes, 2012.


[1] C’est Peter Drucker, auteur de réputation mondiale en gestion, qui lui a attribué ce surnom.
[2] R. WARREN, The Purpose Driven Church : Growth without compromising your message and mission, Grand Rapids, Michigan, Zondervan Publishing House, 1995, p. 31 (notre traduction).
[3] Ibid., p. 183 (notre traduction).
[4] Ibid., p. 210 (notre traduction).
[5] Ibid., p. 48 (notre traduction).
[6] La formation des disciples se fait à travers des parcours successifs
[7] Il s’agit ici de l’annonce de l’Évangile aux personnes qui ne croient pas au Christ ou qui ne font pas partie d’une communauté chrétienne.

mercredi 30 décembre 2009

Processus d’évangélisation et de formation des disciples

Auteur : Pierre-Alain Giffard


 La plupart des églises en croissance ont conçu des parcours d’évangélisation et de croissance destinés à faire accepter Jésus comme Sauveur et Seigneur, à faire croître spirituellement les membres de la communauté chrétienne, à les impliquer dans la mission et à former des leaders.  Il s’agit d’un processus de formation en plusieurs étapes. À titre d’exemple, nous en avons schématisé un à la page suivante.

Ce processus de formation peut être commencé et animé par une seule personne ou un petit groupe dans la mesure où ses membres sont formés et dotés d'un esprit missionnaire. 



Dans une première étape, la personne responsable du petit groupe forme quelques membres à l’évangélisation auprès des non-chrétiens et des non-pratiquants (voir le huitième chapitre de la quatrième partie : Aider les membres de son église à évangéliser de personne à personne).

Les personnes ainsi évangélisées sont invitées dans un premier parcours. Celui-ci consiste en une (petite) série d'enseignements dans lequel est proclamé le kérygme; à savoir 1) L'amour de Dieu; 2) Les conséquences du péché; 3) Le salut en Jésus-Christ, mort et ressuscité; 4) L'appel à la conversion et au baptême; 5) L'accueil du Saint Esprit; 6) Le cheminement en église.

Le but de ce premier parcours est de faire faire un acte de foi aux personnes présentes. Il y est aussi proposé une discipline de base pour croître spirituellement (lecture quotidienne de la Bible, prières, association avec d'autres chrétiens, persévérance dans les parcours de formation proposés par la communauté chrétienne). Il peut aussi être demandé aux membres de participer en groupe à des activités de renouvellement spirituel ainsi qu’à des activités pour aider les démunis et les malades. Ce parcours incitera aussi les participants à recevoir le baptême et/ou d'autres sacrements selon les pratiques particulières des églises.

Le deuxième parcours présente différentes approches d'évangélisation des sans-églises. À la fin de celui-ci, les participants s'engagent à évangéliser et à mieux témoigner du Christ par toute leur vie.

Le troisième parcours permet aux participants d’approfondir leur foi car ils y reçoivent un enseignement systématique et approfondi des différents aspects de la foi et de la vie chrétienne.  Pour les églises à caractère charismatique, il peut y avoir un enseignement sur la pratique des dons spirituels.

Le quatrième parcours vise à aider les participants à découvrir leurs dons, leurs intérêts et leurs disponibilités afin de pouvoir éventuellement s'engager dans l’une ou l’autre des activités de la communauté chrétienne. À la fin de ce parcours, il est proposé aux membres de s'engager pour un an dans une ou l’autre des activités de l’église.

Le cinquième parcours est plus pratique que théorique car les personnes s’impliquent dans une des activités missionnaires.  Ils y sont  formés dans l’action.  Son but est de faire faire l’expérience de Dieu dans l’engagement, de porter du fruit et d’évangéliser à travers une des activités de la communauté chrétienne.

Le sixième parcours vise à former au leadership des personnes qui semblent en avoir l'aptitude. Le contenu de ce parcours peut être à la fois théorique et pratique. Ceux qui l'on suivi avec succès peuvent s'engager durant un an comme leaders dans une des activités de l’église.

Les activités inscrites sur le schéma ne sont pas exhaustives, mais il est important qu’elles se diversifient selon les quatre grandes fonctions de l'église:
  1. La fonction  cultuelle: Activités de célébrations et de prières  qui correspondent à la figure et à la mission du Christ Prêtre dans l'Évangile.
  2. La fonction prophétique: Activités d’évangélisation et d’enseignements qui correspondent à la figure et à la mission du Christ Prophète.
  3. La fonction  hodégétique: Activités de direction et de leadership dans la communauté chrétienne qui correspondent à la figure et à la mission du Christ Roi.
  4. La fonction  socioculturelle: Activités d’entre-aide et de solidarité envers les pauvres, de visite et de guérison des malades, qui correspondent à la figure et à la mission du Christ Sauveur.
L’équilibre et la diversification des activités de l’église autour de ces quatre pôles permettent de ne pas tronquer la mission d'une de ses composantes essentielles.

Toutes les activités de la communauté chrétienne devraient voir un but  missionnaire, c'est-à-dire que ceux et celles qui les réalisent devraient viser à évangéliser et à faire croître l'église à travers leur engagement particulier. Si par exemple des personnes se sont engagées à servir Dieu dans le ministère de la musique ou de la chorale, celles-ci devraient essayer de toucher les cœurs et d'amener au salut les personnes qui les écoutent. Il en est de même pour celles qui pourraient s’occuper de l’accueil, de l’aide auprès des pauvres, etc.

La personne qui démarre le processus de formation devra être capable d’animer et de coordonner l’ensemble des parcours. Ce n’est que dans un deuxième temps qu’elle pourra déléguer à d’autres l’animation des parcours après avoir découvert et formé des leaders/animateurs.

Cet article se trouve dans le livre : GIFFARD, Pierre-Alain, La croissance de l’Église : outils et réflexions pour dynamiser nos paroisses, Nouan-le-Fuselier, Éditions des Béatitudes, 2012.

mardi 29 septembre 2009

19 orientations pastorales favorisant la croissance des paroisses

Dans les paraboles du semeur et de la graine, du blé et de l'ivraie, et de la graine de moutarde qui est semée et devient ensuite une grande plante, Jésus nous parle de la croissance de son Royaume. Sur terre, le royaume de Dieu est son Église et la mission de ses membres est de faire des disciples. Selon la volonté divine, le royaume de Dieu sur terre continuera de croître grâce aux efforts apostoliques de ses membres et à la puissance de l'Esprit Saint.

Cet article décrit 19 orientations pastorales qui, selon les théologiens et les pasteurs en lien avec le Mouvement pour la croissance de l'Église, contribuent au développement des églises. Ces orientations se veulent utiles aux pasteurs et leaders laïcs alors qu’ils cherchent à évangéliser et à renouveler leurs communautés chrétiennes.

1. Donner la priorité à l’annonce auprès des sans-églises

Les communautés chrétiennes qui se développent considèrent que leur mission est de "chercher la brebis perdue". (Luc 15:1-7) McGavran, le fondateur du Mouvement pour la croissance de l'Église, définit la mission de l'Église comme suit : Proclamer Jésus-Christ comme Dieu et Sauveur et encourager les hommes et les femmes à devenir ses disciples et des membres responsables de son Église. Les activités des églises qui se développent sont déterminées par cette mission. Elles se donnent comme but d’inviter des personnes qui ne font pas partie d’une communauté chrétienne et de les y intégrer. Bien qu'ils aient des responsabilités administratives, leurs pasteurs consacrent du temps à s'occuper du développement de la communauté chrétienne.

2. Prier et favoriser le renouveau spirituel des membres

Dans les églises qui se développent, la prière et le renouvellement spirituel jouent un rôle essentiel. Les prières d'intercession pour que les hommes et les femmes soient gagnés au Christ précèdent et accompagnent les efforts missionnaires. Les membres de la communauté chrétienne recherchent un renouveau spirituel continu (revival). En conséquence, ils se préoccupent du salut des autres et sont des témoins efficaces du Christ.

3. Développer une vision et un processus missionnaire

Les communautés chrétiennes qui se développent non seulement s’engagent dans l’évangélisation mais elles ont développé un processus pastoral. Ce processus représente leur vision pour faire des disciples. Elles formulent leur vision dans un énoncé simple et compréhensible et motivent leurs paroissiens à la réaliser. Cette vision pousse la communauté chrétienne au-delà du statu quo, invite à des innovations missionnaires et est réaliste afin que les membres puissent y croire et la suivre.

4. Planifier

Les églises qui se développent définissent les étapes qu'elles suivront pour réaliser leur vision et mettre en œuvre leur processus d’évangélisation et de formation de disciples. Par leurs efforts de planification, ces communautés chrétiennes ne se perdent pas dans une vision qui peut être belle, mais qui relève plutôt du rêve que de la réalité. Selon McGavran, la croissance de la communauté chrétienne aurait rarement eu lieu sans un effort de planification.

5. Développer le potentiel des laïcs

Les dirigeants des communautés chrétiennes qui se développent ne font pas tout eux-mêmes ; au contraire, ils délèguent leurs responsabilités et leur autorité. Ils ne renoncent pas à leur leadership, mais permettent aux membres de la communauté chrétienne de s'engager dans des ministères laïcs et de travailler avec eux pour réaliser la vision de la communauté chrétienne. Ensemble, ils définissent et planifient les activités de la communauté chrétienne et stimulent les membres à s’engager. Grâce au leadership et à l'implication des laïcs, la communauté chrétienne est capable de fournir davantage de services aux paroissiens et au milieu environnant.

6. Former les leaders laïcs

Les membres de la communauté chrétienne sont soutenus, accompagnés et formés de manière à remplir efficacement leurs responsabilités. La formation les amène à devenir relationnels, chaleureux et attentifs aux besoins des autres : c'est ce que Dieu veut de son Église et ce qui attirera les gens vers la communauté chrétienne. Les pasteurs développent un système pour identifier et recruter des bénévoles et des leaders parmi les paroissiens

7. Servir les besoins de la communauté

Proclamer la Bonne Nouvelle, c'est montrer l'amour de Dieu en paroles et en actes (proclamer l’Évangile par toute sa vie). Ainsi les communautés chrétiennes doivent développer des activités qui répondent aux besoins de leur milieu (interne et externe). Ce faisant, une bonne connaissance de leur environnement les aide à choisir des activités et à planifier des actions dans le temps. Plus une communauté  chrétienne connaît son environnement (culture, pauvreté, souffrance, etc.), plus elle est en mesure de montrer la compassion de Dieu au monde.

8. Fixer des buts mesurables

Les plus beaux rêves s’incarnent dans des buts mesurables. Par conséquent, les communautés chrétiennes missionnaires élaborent une liste d’objectifs et établissent des priorités en fonction de ce qui est le plus important et le plus urgent. Les objectifs aident les dirigeants et les membres à se concentrer sur l’objectif missionnaire de la communauté chrétienne, à clarifier la vision et à mesurer les progrès. Les objectifs servent également à motiver les membres de la communauté chrétienne à s’impliquer dans la mission de l’Église. Enfin, les objectifs contribuent à créer un sentiment de communauté et de communion fraternelle, car c’est tous ensemble que les membres s’efforcent de faire des disciples.

9. Créer une structure de petits groupes

Les communautés chrétiennes qui se développent mettent en place une structure de petits groupes. Cependant, ces groupes ne sont pas des comités. Leur objectif est (1) d'évangéliser ceux et celles qui n'ont pas encore eu l'occasion de rencontrer Jésus-Christ ou qui se sont éloignés de leur foi et de l'Église., (2) de répondre aux besoins de la communauté environante, (3) de répondre au désir d'appartenance et de socialisation des membres de la communauté, et (4) de les aider à atteindre la maturité spirituelle.

10. Impliquer les membres selon leurs dons et leurs talents

Les membres de la communauté chrétienne sont invités à s'impliquer dans les activités et les pastorales de la communauté chrétienne en fonction de leurs talents, de leurs dons spirituels, de leur formation, de leurs intérêts et de leur disponibilité. Malheureusement, dans de nombreuses communautés chrétiennes, les responsables décident de ce que les membres doivent faire sans leur demander quels sont leurs intérêts et leurs talents. Les responsables paroissiaux doivent aider les membres à découvrir leurs dons et à les impliquer en conséquence.

11. Mobiliser et former les membres de la communauté chrétienne à évangéliser

Les communautés chrétiennes qui se développent se sentent responsables de ceux et celles qui ne connaissent pas le Christ ou qui ne vont pas à l'église. Chaque chrétien est appelé à évangéliser d'une manière ou d'une autre en initiant de nouvelles relations et en invitant ces nouvelles personnes à la communauté chrétienne pour entendre l'Évangile. Les dirigeants rappellent aux paroissiens la mission de l'Église de faire des disciples et leurs fournissent des programmes d’évangélisation pour atteindre les ceux et celles qui n'ont pas encore eu l'occasion de rencontrer Jésus-Christ ou qui se sont éloignés de leur foi et de l'Église.

12. Inviter les chrétiens à témoigner auprès de leurs proches

La proclamation de l'Évangile est plus efficace lorsque les chrétiens témoignent à leurs proches et à ceux et celles qu'ils connaissent déjà. Des études montrent que la majorité des personnes qui sont devenues chrétiennes ou qui sont retournées à l'Église l'ont fait à la suite du témoignage d'une personne qu'elles connaissaient.

13. Se concentrer sur les personnes réceptives

Les communautés chrétiennes qui se développent cherchent dans leur environnement des personnes qui peuvent être plus réceptives à l'Évangile. Des études montrent qu’il y a, entre autres, celles qui visitent la communauté chrétienne pour la deuxième fois, celles qui viennent d'emménager dans un quartier, celles qui veulent se libérer d'une dépendance (alcool, drogue, pornographie, jeu, etc.), ainsi que les parents de nouveaux convertis et les nouveaux parents. Les personnes réceptives sont aussi souvent celles qui vivent les épreuves suivantes :

(a) un divorce ;
b) le chômage ;
c) des problèmes financiers ;
d) de problèmes conjugaux ou familiaux;
e) de la solitude;
f) du ressentiment ;
g) de la culpabilité;
h) un deuil.

Les communautés chrétiennes en croissance élaborent des activités pour aider ces personnes et leur annoncer comment Dieu peut les aider dans leur situation.

14. Concevoir des célébrations dynamiques

Les églises qui se développent ont des célébrations dynamiques. Un équilibre est trouvé entre l'exultation et l’adoration intérieure. Une équipe de laïcs et de ministres ordonnés prépare ces célébrations avec grand soin. Les célébrations sont vécues comme des expériences édifiantes qui apportent joie, allégresse et une compréhension plus profonde de la Parole.

15. Mettre sur pied des célébrations et des groupes d’accueil pour les personnes en recherche

Les célébrations de la fin de semaine et les groupes d'accueil sont spécialement conçus pour accueillir les visiteurs et les personnes en recherche. Cela motive les chrétiens à inviter des personnes nouvelles à la communauté chrétienne, car ils savent que les visiteurs seront bien accueillis et seront plus intéressés par les célébrations. Les pasteurs expliquent comment accepter Jésus comme Seigneur et Sauveur et amènent les personnes nouvelles à poser un acte de foi. Des prières sont offertes pour la guérison des malades.

16. Augmenter la capacité d’accueil des membres de la communauté chrétienne

Les communautés chrétiennes qui se développent forment leurs membres à accueillir les nouveaux venus à bras ouverts. Leur accueil chaleureux est au moins aussi plus éloquent qu’une bonne homélie. Les paroissiens sont particulièrement attentifs envers ceux et celles qui visitent leur église pour la première fois. Pour "retenir" les nouveaux venus, les pasteurs les invitent à faire partie d’un petit groupe et à découvrir les autres activités de la communauté chrétienne.

17. Accroître l'enthousiasme et la ferveur des membres

Des chrétiens passionnés et dynamiques attirent les autres à l'église. En vivant leur foi, non pas comme un code moral à suivre, mais comme une grâce unique de connaître et aimer Jésus, les chrétiens rayonnent d'amour et la communauté chrétienne se développe.

18. Adapter le bâtiment de la communauté chrétienne

Il est préférable pour une église d'être aussi visible et accessible que possible (par exemple, près des autoroutes ou des voies rapides) et de disposer d'un grand stationnement (parking). Afin de bien communiquer et de prêcher efficacement, les communautés chrétiennes qui grandissent utilisent les nouvelles technologies. Elles projettent parfois leurs célébrations simultanément dans différents lieux de culte à l'aide de systèmes multimédias modernes.

19. Diriger d'une manière efficace et engageante

Pour favoriser l’implication des paroissiens il est nécessaire d’exercer un leadership efficace et engageant. Dans les communautés chrétiennes qui se développent, le pasteur habilite et équipe les laïcs pour le travail d'évangélisation, de formation de disciples, d'éducation, etc. Son rôle est avant tout celui d'un formateur et d'un coach (Éphésiens 4:13). Les dirigeants recherchent une certaine “efficacité pastorale” et visent le développement de la communauté chrétienne. Ils considèrent chaque paroissien comme un missionnaire et les aident à trouver et à développer leurs dons pour la mission de faire des disciples.

Conclusion

Le renouveau et le développement d'une paroisse ne sont ni simples ni faciles et doivent être enracinés dans l'amour. Les pasteurs et les responsables laïcs trouveront utile de visiter d'autres communautés chrétiennes qui ont grandi au fil du temps, quelles que soient leur confessions.

Enfin, nous devons nous rappeler que le mandat du pasteur doit être suffisamment long. Les communautés chrétiennes qui ont connu la croissance et qui ont changé de pasteur après seulement quelques années ont eu tendance à stagner ou à perdre des membres.

Notre espoir est que les orientations pastorales présentées dans cet article seront utiles pour les pasteurs et les conseils pastoraux afin de renouveler et de faire grandir leur communautés chrétiennes !

Auteur : Pierre-Alain Giffard
 

 

LA CROISSANCE DE L'ÉGLISE